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Choses vues entendues sues
7 décembre 2020

La résilience

Voilà un mot et un concept très à la mode de nos jours; c'est le psychiatre Boris Cyrulnik, lui-même rescapé des camps, qui l'a popularisé.
En gros, c'est la capacité pour un être de rebondir en dépit des inévitables épreuves de la vie. Il y a ceux qui s'en sortent tels Martin Gray, déjà survivant des camps de la mort et qui est sorti indemne d'un terrible incendie dans le midi de la France; il y perdit tout. Femme, enfants, villa.
Il dut "refaire" sa vie. Il y a ceux qui ne peuvent rebondir et dépriment, deviennent dépendants de drogues ou se laissent mourir. Dans ma propre famille, j'ai des exemples de personnes qui se laissent mourir, qui sont las de vivre. Ce que je peux comprendre, hélas...
Ce moment de notre histoire et de l'Histoire humaine est très difficile à vivre, avouons-le et nen particulier pour les personnes déjà fragiles.
Comment supporter et si longtemps une telle épreuve? Plus ou pas de contacts, plus ou pas de voyages, un des plaisirs de la vie, plus ou pas de réalité charnelle, incarnée, vivante mais ces tristes ersatz de Zoom et autres Skype.
Aussi je regrde autour de moi.
J'observe que les personnes dites "résilientes" étaient déjà inscrites dans de puissantes raisons de vivre. Comme dans les camps de la mort. On sait que les personnes habitées par un sens profond, ancien, vivant de la vie avaient plus de chance de survivre à des conditions effroyables, sans précédent dans l'Histoire. Personnes portées à une croyance religieuse solide (Betty Hillesum; voir son magnifique témoignage), ou animées par des idéaux, par une éthique ou une culture enracinée au plus profond; mais pour moi il y a autre chose.
Et les psychologues qui ont travaillé le sujet ont observé l'importance du contact mère-enfant, de cette relation originaire qui nous enracine à du solide, du fiable, de l'authentique, du durable.
Tout se passe comme si on nous transmettait avant même le langage dans notre corps un message: je t'aime, je te fais confiance, j'aime la vie en toi, celle que je t'ai tarnsmis. Je t'aime parce que je m'aime et j'aime la vie en moi, la vie en toi.
J'y ai beaucoup pensé à propos de moi dont on sait que je tiens grâce à une interminable bouée de sauvetage. Et sans? Je ne sais pas. J'ai eu des périodes "sans" mais elles furent de courte durée.
Mais l'équation n'est pas si simple; il ya plus, à mon sens: l'héritage génétique et très tôt la variable "environnement". Elle est neutre, pauvre, riche ou au contraire destructrice, hostile, etc.
Mais ce n'est pas tout, je crois. Il semble que le tout jeune enfant ait déjà "son mot à dire" très tôt car ce n'est pas un clone de ses géniteurs. 
Je terminerai par ce constat que tout un chacun peut faire: un tel a une amladie garve et les médecins ne lui donnent aucune chance; il survit. Un autre contracte une forme bénigne, il fait des complicationset meurt. Pourquoi?
Vous aurez épuisé l'arsenal des explications. 
Reste une profonde énigme que la science ne peut résoudre ni rien ni personne. 
En pays méditerranéen on a un mot pour çà: en Grèce antique l'anangkê, (la nécessité, ce qui ne peut ne pas être) à Rome le fatum, en pays d'Islam le mektoub (c'était écrit), ici le destin.
Si bien traité par Racine dans ses tragédies: le héros chéri des dieux est poursuivi par le malheur, par les terribles Moires, les trois divinités, des femmes (est-ce un hasard?), Clotho, la fileuse, Lachésis la répartitrice et Atropos, l'inflexible. Ce sont les Parques des Romains et les Nornes des mythes nordiques. Toujours trois! Sans doute faut-il y voir une métaphore du travail de la fileuse.
En pays d'islam,  les jnouns ou djinns sont des êtres invisibles tr ès populaires dans tout le maghreb. Une sourate du Coran précise: "Il a créé les djinns de la flamme d'un feu sans fumée" (15)
Le Destin broie les individus, ignore la science, balaye les croyances. 
Ce Destin nous prévient contre l'hybris, la folie de la démesure. L'Homme est fragile et le reste quoi qu'il en soit; il ne peut tout contrôler.
Voilà ce à quoi me font penser mythes et poésie les plus anciennes.
Faisons de notre mieux, mettons toutes les chances de notre côté mais sachons que nous ne pouvons pas tout. 
Le Sage, qu'il soit indien ou grec, sait qu'il ne sait rien au fond; ils a ce mystérieux sourire que je vois encore sur les lèvres de Saddhguru, ce moderne maître indien qui bat tous les records sur You Tube.
Il sourit parce qu'il "sait"...

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