Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Choses vues entendues sues
20 novembre 2020

La déréalisation du monde

Le corona nous est tombé sur nos têtes comme la foudre; et dire que deux ou trois jours après les premières mesures je devais faire un petit voyage à Londres, moi qui ne suis pas sorti de l'hexagone depuis des années!
C'est un phénomène sans précédent dans l'Histoire humaine; oui il ya eu la grippe espagnole mais jamais toute la planète n'a été atteinte de la sorte...
Et je m'interroge sur ses effets à terme sur nous. Je crois que seule une guerre mondiale peut lui être comparée par l'ampleur de la dévastation. 
Je m'interroge sur ce qui se passe dans nos têtes en ces moments douloureux où nous paraissons punis dans tout ce qui donne valeur à la vie: les relations, la culture, les échanges, le droit de circuler, de voyager, de rencontrer les êtres chers.
Je m'interroge sur ce que sera ou serait notre capacité de "résilience".
Je ne puis que donner mon témoignage; à chacun le sien; l'expérience de traverser une ville quasiment déserte, vidée, murée, silencieuse est en soi un vécu unique; on ne peut comparer ce vécu qu'à un rêve, bon ou mauvais c'est selon; chez moi - ô paradoxe - c'est souvent apaisant; que de fois me suis-je plaint ici de cette densité de la population; on a souvent la pénible impression d'avoir quelqu'un constamment qui nous colle au cul...
Mais parfois je suis envahi par une sentiment de tristesse comme si un ami toujours gai devenait on ne sait pourquoi triste et morose.
Mais ce qui domine est ce sentiment d'étrangeté que rendraient bien les tableaux de Magritte par exemple et les oeuvres des surréalistes (en ce sens l'Art peut nous aider à apprivoiser l'inédit et l'inconnu).
Cette expérience bouleverse les catégories de prise en charge du Réel, submerge nos capacités de l'assimiler, de le comprendre (cum-prehendere: "prendre avec" en latin).
Mais qu'est-ce qui m'arrive, qu'est-ce qui nous arrive? Il se trouve que j'ai visionné un petit film d'après 1984 de George Orwell; de nouveau l'Art. Un monde bouleversé qui n'a pas de sens, qu'on ne peut nommer, qu'on ne peut décrypter, qui nous glace et nous sidère.
Oui, on est débordés, affects et intelligence mêlés.
Je crois que toute grande catastrophe en ferait autant. Séisme, éruption volcanique, accident d'avion...
Mais je pense que face à ce drame planétaire soit les individus font appel à toutes les ressources de leur équipement psychobiologique, notamment aux situations analogues (?), soit ils attendent de leurs gouvernants de la force, de l'assurance, de la cohérence, de ala volonté et du réalisme.
Churchill, De Gaulle pendant la guerre. On a besoin de croire, de faire confiance; en France la gestion de la crise n'a pas été, je le crains, à la hauteur des enjeux; avec cette circonstance atténuante; nous avons à faire face en plus à l'hydre islamique; N'en jetez plus!
Toujours en ce qui me concrene, comme déjà dit je pense avoir une peu moins souffert que d'autres, étant seul, toujours seul.
Par ailleurs, ayant été déjà confronté à menace de mort, et à ma grande surprise, j'ai pu résister oui, même moi qui ai peur de mon ombre.
Et j'ai pu analyser après coup les moyens dont nous disposons pour faire face. Je me suis "dédoublé" voyant ce que je vivais et me faisant un récit de ce qui m'arriverait en quelque sorte me transformant en reporter de moi-même; j'allais tel un héros faire le récit par la suite de cet "invivable".
Où le Moi sermble pour se "sauver" faire appel à une strate très archaïque de notre cerveau et remonter la chaîne de de l'Evolution quand Homo Sapiens devait affronter dans le dénuement les situations les plus dures. Le cerveau reptilien, l'espace akashique comme disent les occultistes entrent dans la danse.
De plus je peux parler à la thérapeute semaine après semaine, parler; nous sommes des êtres de langage. La métaphysique indienne insiste sur le pouvoir premier du nom et d ela forme.
En outre il y a pour moi cette possibilité de rencontre par la technologie surtout Zoom; comme hier où nous étions quelque 70 membres de l'Ecole de Méditation à écouter un érudit basé à Montréal; çà fait chaud au coeur et çà fait du bien à l'intelligence et çà soude. 
Qui plus est nous devenons stoïciens en  donnant valeur à ce qui n'en a pas ou peu. On est condamné à renoncer à ce qui apparaît a posteriori comme privilèges. On prend conscience de ces privilèges et du même coup de toute la misère du monde. Philosophiquement cette Crise nous a amenés à reconsidérer à nouveaux frais la question du Réel, de sa fabrication, de notre rapport à ce Réel, de notre rapport aux autres et à nous-mêmes.
L'étrangeté du Monde, sa fragilité et sa précarité subjective et objective nous a été assénée. Comme çà. pour rien. Brutalement. Gratuitement.

Rien ne va de soi et l'étonnement est à la racine de l'interrogation sur notre être.


Publicité
Publicité
Commentaires
Choses vues entendues sues
Publicité
Archives
Derniers commentaires
Visiteurs
Depuis la création 20 255
Publicité