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Choses vues entendues sues
29 septembre 2020

Le problème incessant du Mal

On sait que je m'intéresse à la culture indienne depuis mon adolescence; j'y ai trouvé l'exotisme aigu dont j'avais besoin, les mystère puis la formidable richesse philosophique, métaphysique, religieuse (brahmanisme, bouddhisme, animisme, chamanisme, islam, christianisme, voire athéisme) et sa profondeur temporelle exceptionnelle; hélas, comme un peu partout un régime ultra-nationaliste sévit actuellement dans le sous-continent.

Ce préambule pour contextualiser un souvenir; j'interrogeai un de mes trois maîtres indiens: (tablas, enseignant du Vedanta, système métaphysique adualiste, hindi, l'une des 16 langues officielles). C'est ce dernier que j'interrogeai: pourquoi le Mal, toujours et partout? Il me fit cette réponse, oh certes pas d'une grande complexité ou d'une grande abstraction: parce que sans le Mal le Bien seraut-il?
Simple, trop pour certains mais au fond recevable. Sans avoir vécu dans la misère comment appréceir la richesse? etc

Ma vie; le savent ceux qui me suivent a été "structurée" par le Mal et encore tout récemment; très, très tôt dans ma vie, je fus confronté au Mal sous ses deux visages.
J'ai perdu une "mère", ma tante, soeur de ma mère, elle-même partie il y a tout juste un an pas loin de Kippour, qui a eu lieu hier; un jour, avenue de Paris en plein Tunis, je me promenais avec mes parents, relevant tout juste d'une grave maladie; je tenais un beau ballon mais il échappa de mes mains et roula sur la chaussée; un conducteur de traction avant noire (noire) arrêta sa voiture en descendit et s'empara silencieusement du ballon. Imaginez la stupeur et la peine du petit enfant...
L'extraordinaire violence dont j'ai été l'objet de la part d'un membre de la loge (!) ces derniers temps réactive tous les épisodes où triomphent les forces du Mal.
Au plan collectif, rappelons les totalitarismes du 20ème et les guerres incessantes de par le monde et aujourd'hui l'écocide.
Jérôme Charyn, écrivain new-yorkais était interviewé hier; d'origine juive comme souvent dans la métropole qui me fascine toujours, disait son pessimisme; il le justifiait en évoquant les changements puissants qui affectaient "sa" ville; je savais que la ville est actuellement boboïsée et de plus en plus chère et glamour mais de plus Charyn note le terrible abime qui sépare les riches des pauvres. Et çà c'est déjà de la violence...et du mal.
Je n'ai pas trop envie de spéculer de bon matin et je reprendrai la formule de mon indien; je me souviens de son inaltérable sourire...
Mais je pense être fidèle à la sagesse immémoriale de l'Inde en disant que dans ma vie j'ai vécu un moment sublime; oh je sais j'en parle souvent: collègien je me rendais en classe chargé d'un gros et lourd cartable; les garçons, souvent stupides à cet âge, avaient l'habitude en exerçant une pression avec leur pied de faire tomber le cartable. Stupide, bête, gratuitement méchant.
Mais voilà, ce matin-là, Jean-Claude M. (qu'es-tu devenu?), le surdoué (pourquoi était-il si mélancolique, si solitaire?) précipita son allure et en silence me déchargea de mon fardeau.
J'étais trop jeune pour comprendre clairement mais je sentis que quelque chose de très important venait de se produire.
Il y a sur cette Terre des êtres de lumière, peu, très peu, mais il y en a.


Le Mal est incompréhensible comme le Bien.


Mais tous deux existent comme une constante énigme.
Je repense souvent au Bouddha; il a vécu et le Mal et le Bien et dans ses écrits il questionne les deux ou plutôt il embrasse ces deux volets de l'expérience humaine, il tient les deux bouts de la chaîne.
Et si la sagesse était de ne jamais oublier cette symétrie cet antagonisme foncier, qui trame nos vies.
Hegel a conçu sa dialectique en partant des deux bouts et en les "dépassant" dans une unité souple et dynamique...
Peut-être bien que le Mal est aussi une autre face du Bien et le Bien une autre face du Mal.
Ma terrible épreuve ne m'a-t-elle pas forcé à réexaminer à nouveaux frais la nature des hommes et ma propre nature là où tout se rejoint.


Mozart dans ses oeuvres les plus belles jette sa sonde dans les profondeurs de l'âme où tout est encore indivis, avant la séparation des deux pôles...A écouter on a envie de pleurer mais de tristesse ou de joie?
C'est là le secret de son génie et celui de ce qui gît tout au fond tout au bout de notre être abyssal.

 

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