La violence

Je ne sais pas si je fais bien de me remettre à regarder la télé: on s'étripe, personne n'écoute personne ou on montre sur ses ergots (pardon sur son égo) et en définitive il se dégage de tout cela quelque chose de vain, superficiel, un buzz soigneusemnt entretenu où les news sont construites de manière artificielle et hiérarchisées pour répondre à la demande supposée du public et à la concurrence acharnée entre chaînes et souvent pour répondre aux réseaux sociaux qui ont bouleversé le monde journalistique.

Tout cela est perte de temps, comblement de nos vi(d)es et entreprise de décervelage. Mais me dira-t-on: pourquoi persistez-vous; eh bien parce que je dois avoir besoin de "divertissement" (de divertere détourner)..; tant de soucis  m'accablent; je dois faire ces jours l'amère expérience de la solitude totale ou quasiment; il y a encore la thérapeute qui est là pour m'écouter, me conseiller, me consoler, me rassurer; les petites lucarnes, comme dit "le canard enchaîné" qu'aimait lire mon père jusqu'à la fin de sa vie, bruissent de commérages et tendent micros et caméras à ce qui fait vendre soit le plus bas, le plus laid, le plus ignoble.

Du sang à la une!
Justement, qu'en est-il de cette violence dont on nous assure qu'elle gangrène la société; à titre personnel au jour d'aujoud'hui, je ne ressens rien de tel; il y a assez de sujets de préoccupation en France déjà!
En revanche, je constate outre la tension entre acteurs de la vie politique, la haine des manifestants, ainsi des gilets jaunes envers Bigard, la haine.
Cette haine fuse de tous côtés; du côté de la police, des jeunes désoeuvrés des "territoires perdus de la république" (cf les études de sociologues en immersion), etc.
Cependant, je crosi qu'autre chose se joue; le changement de sensibilité rapide de nos jours; ainsi de la violence faite aux femmes.
Et on a le schéma classique: tel fait passait inaperçu il y a peu et maintenant le seuil de tolérance est fortement abaissé, ce qui nous vient une fois de plus des états-unis (dits "unis" de plus en plus).

 Mon frère me rappelait il ya longtemps que dans ce pays les mouvements féministes étaient puissants puisque, me disait-il, un regard un peu appuyé sur une "joile femme" et c'est tout juste si on ne considérait pas ce regard comme un attentat à la pudeur.
Excessif sans doute mais cela donne une idée. La société américaine a changé; on se souviendra de Strauss-Kahn, menotté devant  le monde entier pour avoir abusé d'une femme noire; je ne défends pas S K mais je me souviens de la réaction d'une mère d'élève musulmane, médecin, qui avait trouvé ce spectacle à pleurer.

Il se trouve que, hier, je faisais commenter à un élève un texte de Fénelon sur l'éducation des jeunes filles; pour ce maître de l'éloquence, ce préecpteur des princes, ce théoricien du "pur amour", une des plus belles plumes de toute la littérature, les femmes, plus faibles que les hommes doivent aussi être instruites mais en tenant compte de cette faiblesse naturelle. Il admettait qu'il conviendrait de leur  enseigner tout ce qui concerne la gestion du foyer. Pour lui, les femmes instruites sont une plaie: bavardes, pleines de leur savoir inutile, elles ont déjà une fonction irremplaçable pour la société...
On n'est pas très loin des "précieuses ridicules" et des "femmes savantes"chères à Molière.

Les auteurs du manuel de français avient cru bon d'adjoindre au texte une bd de Claire Brétécher où une adolescente un peu garçonnière riposte à sa mère qui lui reproche de ne pas ranger dans sa chambre qu'elle n en a rien à faire. Autres temps, autres moeurs.
Pour revenir à la violence (un récent sondage révèle qu'une majorité de français rêve d'un retour de...la peine de mort) ce que je crois c'est que ce pays  est pour moi méconnaissable; avec 6 millions de musulmans dont certains radicalisés (en haut lieu on parle de "séparatisme", les mots importent) avec les risques toujours présents d'attentats et des minorités qui ont du mal à s'intégrer sans compter le double choc de la mondialisation destructrice d'emplois et le corona.

lCette anomie et le malaise qui va avec créent ce sentiment d'insécurité qui est déjà de l'insécurité...
Comme je l'entedais récemment pour nuancer mon propos la France est un pays déjà mal "intégré" en soi; j'ai été frappé par l'attachement aux "petites patries", ainsi des Bretons, des Auvergnats, des Savoyards etc.
Qui se sent français à part entière?
Mais n'en est-il pas de même partout. L'Islande peut-être...