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Choses vues entendues sues
3 septembre 2020

La rentrée (suite). De quelques élèves marquants

Il me plait aujourd'hui de me remémorer quelques-uns de mes élèves suivis dans le cadre du soutien scolaire (cela fait 16 ans en continu que j'accomplis cette tâche) qui m'est un plaisir plus qu'un peine avec les difficultés que je ne dois pas esquiver (rien n'est facile en ce bas monde)..

Et ce matin au lever je repensais à mes deux élèves russes: l'un habitait tout près de la grande mosquée de Paris; la famille habitait un appartement exigu et le garçon partageait avec sa grande soeur une pièce aux lits-gogognes.

Garçon gentil, très grand pour son âge et praiquant la lutte gréco-romaine; il aimait me montrer des livres illustrés sur l'orthodoxie et le genre "heroic fantasy"; dans l'appartement il était le seul mâle; sa mère était journaliste-correspondante d'un magazine féminin à Moscou à moins que ce ne fut l'inverse; enfin une babouchka complétait le groupe.
Mon second élève russe, lui logeant dans les beaux quartiers, dans un immeuble jouxtant le groupe immobilier où officiait mon ancien analyste jungien, avait un nom célèbre; il descendait d'un des animateurs de la Révolution de 17 (j'ai vérifié: c'est exact). Garçon intelligent qui avait sur son bureau un gros ouvrage de mathématiques financières. J'oubliai: une babouchka mais aidée dans sa marche par un appareillage mobile.

D'autres élèves: un des tout premiers, résidant dans un petit immeuble entouré d'un jardin dans le très vivant quartier de la Butte aux Cailles, le long d'une allée et j'avais l'impression de me trouver quelque part dans le midi. Ce petit 5ème, fils d'un grand criminologue qui a eu la gentillesse de me dédicacer un de ses ouvrages, était un original; il passait son temps à des jeux vidéo et je devais faire en sorte de le faire trvailler en simultané. Un jour, pour me faire peur, il tira avec un revolver à blanc; une autre fois, il me montra une plante carnivore en action; et un jour, j'eus droit à un scarabée qu'il venait de "perdre" avec douleur; par la suite il le conserva dans un petit mausolée en matière plastique transparente...
J'eus droit aussi à une démonstration d'arts martiaux avec sa petite soeur; le papa lui occupait un logement tout en haut de l'allée sur rue, d'où il pouvait observer l'emplacement de la maison.

La mère me dit un jour que son fils, tout bébé, voyageait déjà en avion dans le cadre d'une mission de son père dans un pays du golfe; d'autres voyages devaient suivre.

Autres souvenirs: un jeune homme, fils de militaire (j'eus un autre fils de militaire) habitant non loin de chez moi fut un de mes élèves les plus doués; je ne suis pas près d'oublier sa superbe prestation: une analyse très fine d'un poème de Baudelaire, digne d'un agrgatif; mais le hic c'était que les cours avaient lieu dans la salle commune avec les désagréments y afférant; ainsi le jeune frère tenait à assister de l'autre bout de la salle aux cours, glissant des commentaires; c'était crispant et pour moi et pour mon élève (visiblement ce n'était pas l'entente cordiale entre les deux). Bref, je parvins enfin à évincer cet auditeur de trop.

Je terminerai par un autre garçon, immense, africain, inquiétant dans son fauteuil roulant; il rasidait en foyer spécialisé et sa chambre était munie d'une porte blindée!
Tout tatoué, avec sa voix de stentor, le soir, mon imagination me rappelait le célèbre Lecter du "silence des agneaux".


J'avoue que je n'étais pas tranquille...

Enfin, un jeune homme, gentil mais hélas très "en retard" que je devais aider, en deux périodes différentes; je me souviens encore de ses immenses difficultés à imprimer une page, quant à rédiger...
La maman était volubile, expansive avec un accent chantant du sud-ouest; et, phénomène classique que je comprends; elle faisait un déni de réalité; à l'entendre, son rejeton était comme les autres et on comprend son attitude. Son fils qui me touchait beaucoup avait de l'humour (un jour alors que je ne retrouvais pas la porte d'entrée, il me désigna le placard à balais) et se destinait à devenir ouvrier dans la fabrication de chaussures orthopédiques.

Je n'oublie pas les jeunes filles: eh bien, je confirme, elles sont plus motivées, plus travilleuses, plus accorcheuses que les garçons, pas nécessairement géniales non plus. 
Trois filles surnagent: une adolescente sympathique dans son bel appartement du 7ème arrt, avec sa "ménagerie": un chien, un chat, un cochon d'Inde et un lapin, je crois me souvenir.
Cette élève m'a beaucoup touché, un jour. Je sonnai à la porte et attendis un moment; je m'apprêtais à repartir lorsqu'elle m'ouvrit enfin la porte en s'excusant; elle faisait la sieste et se dit désolée mais pour autant le cours eut lieu; elle venait d'être vaccinée. Je me sentais à l'aise avec elle; un jour, elle accepta de bon gré que je lise le célèbre monologue d'Hamlet" tout en marchant, comme un acteur...

Une élève de l'an dernier, très féministe à un point un peu agaçant mais abonnée aux 17 (oui, c'était très bon mais je trouvais ses copies surnotées; je me demande si ne jouait pas une complicité entre sa prof et elle).
Et pour la fin, le plus éclatant: une adolescente à la mémoire photographique, elle aussi très ouverte, bien dans sa peau: elle avait ce don, très rare: lire un texte mentalement à grande vitesse, au point que me trouvant au début, elle en était dèjà à la fin.
La maman sympathique travillait à domicile: trois ordianteurs sur le bureau et son domaine: le marché de l'art. La fille en connaissait un rayon dans ce domaine.


Pat la suite, je me promets d'esquisser une "typologie" des élèves pour prendre un peu de recul: 150 élèves quand même! Il y a de quoi...

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