Fatigue, stress, tension du monde post-moderne

Ce matin, à la radio, on interviewait un sociologue, Georges Vigarello, sur la fatigue qui envahit nos contemporains; ici, il ne s'agit pas de la "saine fatigue" du sport ou d'une marche en forêt qui fait que l'on sendort sans problème mais de cette fatigue due par exemple à...l'informatique; prenons mon cas personnel, voulez-vous?
Dans mon courriel, un avis d'EDF me proposant de consulter mes données sur le site dédié; ok, on y va, mais une cascade de problèmes m'attendait: mot de passe non reconnu, d'où demande par moi d'envoi d'un code par sms ou par courriel; j'ai fait 5 essais sans résultat; j'appelle EDF mais dans l'arbre des choix, rien ne concerne mon problème, qui doit être assez courant; du coup je choisis une option ne correspondant pas à mon problème et je tombe sur une dame qui commence en disant: ne stressez pas.
Merci Madame; cette personne a reconnu toutefois qu'un bug était possible (c'est rare qu'un organisme reconnaisse ses torts; en général, c'est le client qui ne sait pas faire); cette dame me recommande de recommencer plus tard. du coup, je me dis qu'il vaut mieux laisser tomber; de toutes façons j'ai idée de ce que je vais devoir payer; la facture EDF a de toutes façons fortement augmenté ces derniers temps.

Mais qu'on ne s'imagine pas que je sois décidément réfractaire à cette informatique qui, je le trépète, est cause d'une grande partie de mes ennuis et de pertes de temps quotidiennes.
Je reviens à la fatigue contemporaine; c'est une fatigue due à la surchrage de notre cerveau qui ne semble pas "construit" pour faire face à ce nouveau type de fatigue. Il y a un empilement de problèmes souvent inattendus (les rituels sont des repères économisant cette surcharge mentale). Je connais un informaticien près de chez moi, un jeune, qui se plaignait devant moi de fatigue. Je plains sincèrement cet homme. Informatique, numérisation, big data, c'est le monde mécanique qui est le nôtre...

Je sens une tension dans l'air en cette rentrée; en témoigne la fureur de cette mère d'élève qui a annulé un 1er cours avant même de me laisser m'expliquer.

Le stress actuel est multifactoriel certainement: conditions de travail dévalorisantes, perte du lien social, bombardement de vilaines informations, et pour couronner le tout, ce corona, le bien nommé qui déjoue tous les pronostics et fait peur par son instabilité, sa mutabilité; un symbole de ce temps fortement instable...

Carpe diem...Oui mais comment cueillir la fleur du jour si les fleurs sont artificielles?