La vie est-elle absurde?

Ce qui me donne et un sujet et un titre à ce billet, c'est ce qui s'est passé dans mon (tout) petit monde hier. Voici: j'apprends par Whatsapp que deux membres de la loge fêtent leur anniversaire; selon l'usage, sympathique surtout pour l'être solitaire que je suis malgré moi, les membres de tout le groupe souhaitent par le même Whatsapp  où nous avons formé un groupe d'échanges une bonne fête à ces deux-là, avec force icônes sympathiques.
L'un, quarantenaire dynamique, a fondé une petite banque de prêt aux locataires  est basé depuis peu sur Mulhouse; or on sait que Mulhouse est classé zone "à risque" par le Ministère de la Santé suite à la pandémie de Coronavirus, assez redoutable tant qu'on n'a pas de traitement. Bien, il se trouve que ce garçon intelligent et créatif a tous les symptômes d'un état grippal; le médecin traitant l'a mis par précaution en quarantaine; il a porté le diagnostic de "porteur sain". Pas de chance pour un homme jeune, marié et papa d'un petit enfant né hélas (très) prématuré (ah! la vie!).
Second cas: un homme de cinquante ans environ, diplômé d'économie mais, faute de mieux, il a trouvé un job, sûrement difficile et fatigant, chauffeur de VTC (ou voiture de transport de personnes avec conducteur professionnel).

Précisons que cet homme, philippin, plus à l'aise dans la langue anglaise qu'en français, ne se plaint pas sauf à m'avouer une fois l'indiscipline des français. Je peux supposer la difficulté de circuler dans une ville comprenant 6.000 rues environ et 300.000 immeubles (Paris intra muros seulement; laissons de côté la banlieue qui atteint plus de 10 millions d'habitants et plus et qui prolifère à toute allure), sans compter les changements incessants des sens de circulation, les restrictions, l'étranglement voulu par la mairesse des artères, suite à la création de pistes cyclables, une terreur pour les piétons âgés, handicapés les mères d'enfants, etc. Double sens sans beaucoup de signalisation et encombrements plus intenses que jamais en plus. Plus la pollution: un vrai bouillon de culture: gaz, nanoparticules en suspension, et végétalisation presque nulle. Et avec çà, cerise sur le gâteau, la traditionnelle "rouspétance" du parisien. Dur.

Eh bien, le jour même de son anniversaire, ce Monsieur qui connaît le grand maître de la plus importante obédience des Philippines ainsi que la seconde personnalité militaire de son pays aux 7.000 îles nous apprend le même jour  en temps réel la perte de sa mère!

Décidément, en quelques mois, trois mamans parmi nous ont disparu...Je pense que le choc le plus dur fut pour moi...

J'en viens à l'absurdité de la vie.

Pourquoi? Pourquoi? Ces deux personnes que je connais bien qui ont une grande valeur humaine voient-ils ce jour de fête devenu un jour d'angoisse ou de peine?

Hélas, l'absurdité de la vie, j'en ai fait connaissance très, trop tôt dans ma vie même: un mariage somptueux dans un de plus beaux hôtels de ma ville natale, Tunis se terminant de manière effroyable, par la mort peu après des deux jeunes époux dans un accident de voiture, rare à l'époque.
Autre exemple: une voisine meurt assez jeune d'une tumeur au cerveau malgré son déplacement à Paris et une intervention opérée par les plus grands spécialistes qui a été un échec. Son mari meurt un  an après, laissant deux orphelins, agressé par une "fantôme des couloirs", un indépendantiste caché au fond du couloir de l'entrée de son immeuble. A cette époque, tous les pères de famille étaient très inquiets (mon père avait trouvé la parade; il se mettait à siffler pour que nous autres puissions nous assurer que la voie était "libre".

L'absurdité, si bien analysée par Albert Camus, un pied noir (il avait compris le tragique de la condition humaine qu'il appréhendait sur fond de ciel pur, de mer et de soleil méditeranéen): rencontre entre notre désir fou de sens et l'absence de sens en réponse; la mort d'un petit enfant scandalisait Dostoïevski. Pourquoi? Pourquoi? Sans compter la Folie absolue du nazisme; pour Hitler le projet était clair: éliminer de toute la surface de la terre le peuple maudit. il faillit bien y parvenir.

Pourquoi?

Je crois que de deux choses l'une, soit l'on est croyant et l'on accepte les "décrets" de Dieu dont, disent les théologiens catholiques les voies sont impénétrables. Ouais! allez dire çà à une mère qui vient d eperdre son petit enfant!

Chez les Juifs, la terreur nazie (jusqu'à 70 membres d'une même famille partis en fumée), a fait que certains ont abandonné la religion; d'autres comme Elie Wiesel somme Dieu de s'expliquer, reprenant l'antique plainte de Job et continuant une vieille tradition, celle de s'adresser directement à ce Dieu insensible; la "théologie" juive considère que ce Dieu est lui aussi fragile et regarde sa créature comme un collaborateur de la Création...

Bien...Philosophiquement, çà reste insoutenable...
Chaque jour meurent ici des petits enfants, d'un cancer; j'ai connu  une adorable petite fille atteinte d'une maladie orpheline: la maladie de la lune; elle ne pouvait supporter d'être exposée  au soleil? Gentille fillette qui m'embrassait lors de mon arrivée pour lui donner un cours.
Insupportable!

Pourquoi?

Je pense devant tous ces faits que la demande des humains est déraisonnable; le monde n'est pas fait pour eux mais est fait "pour lui".

Ma mère est morte et la Terre continue de tourner, oui. Et l'Univers continue inlassablement à "obéir" aux lois de la Physique.

Pareil chez tous ceux qui ont perdu un être cher.

Pourquoi?

Se pose une question très difficile; Leibniz, un des plus grands esprits qui aient jamais existé avait une vision finaliste; tout a un sens dévoilé par le calcul et sa conception de l'harmonie préétablie qu'a fustigé Voltaire dans son "Candide"; nous ne comprenons rien à cet Univers parce que nous sommes "trop faibles" pour le comprendre.

Cela me laisse rêveur. Pas vous?

Je pense deux choses contradictoires concernant notre place dans cet univers; d'une part il est prodigieux que nous puissions le comprendre; les équations d'Einstein sont une clé toujours valide: les ondes gravitationnelles conjecturées par le natif d'Ulm existent bel et bien (entre autres).

C'est déjà un épais mystère, comme si nous étions "construits" pour être aptes à comprendre, comme si nous avions reçu avec l'Univers son "mode d'emploi".
D'autre part, il reste l'énigme de ce non-sens permanent, la mort d'êtres cherset jeunes de plus.

Une tierce solution: celle d'Okawa, le super-médium japonais; il n'y a pas lieu de  se lamenter, la mort n'est qu'un passage et les morts sont quelque part, dans une autre dimension; nous les retrouverons plus tard...

Sans compter les messages de l'au delà reçus par les kardecistes et admis par la parapsychologie.

Il n'en demeure pas moins ceci: pourquoi cette souffrance d'enfants innocents et surtout pourquoi cette injustice universelle?

C'est cela que je ne comprends pas, au delà ou pas.

La condition humaine est tout sauf une sinécure, hein, Schopenhauer?

Elle nous met face à ce désespoir d'être né. Cf Cioran.

Mais le Bouddha, quant à lui et toute l'immense culture indienne admetttent que naître sous forme humaine est une chance inouïe. Ah...