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Choses vues entendues sues
19 septembre 2019

Du recul

Depuis le blog d'hier il s'est passé des choses et d'abord la rencontre avec la thérapeute qui a eu les mots qu'il fallait, ceux de la réalité. 100 ans, ce n 'est pas rien, quand même ; elle m'avait révélé, preuve d'"amitié" que ses propres parents étaient décédés tôt pour notre temps, autour de 60 ans, ce qui m'a touché; je me demande si cette femme ne s'est pas lancé à corps perdu dans de très longues et brillantes études pour non pas oublier seulement mais se réparer, se distancer du drame...

J'ai donné tous les détails sur ma dernière visite à notre mère et elle m'a fourni les explications d'ordre médical; je lui parlé aussi des divers troubles dont je souffre actuellement, sans doute liés au trauma de ces  dernières visites à l EPADH.
Nous avons évoqué ce problème très difficile, médical, psychologique, éthique, des personnes très âgées; je lui ai demandé si la médecine que je respecte ne fait pas fausse route en prolongeant la vie humaine dans ces conditions-là; elle semblait très à l'écoute.

Au nom de la dignité de la personne humaine, tout simplement; et je sens que deux logiques s'affrontent en gros: celle du corps médical qui tire une certaine "fierté" d'afficher des chiffres de longévité qui, de fait, traduisent les progrès de la médecine: chirurgie, médication et nutriments adaptés aux grands âges, techniques de soin, ergonomie perfectionnée, etc.

Et celle des "patients" et de leur famille qui observent les effets palpables de cetet évolution. Mon frère me disait que in fine peut-être aurait-il été préférable de finir sa vie à peu près bien...

J ajouterai une troisième logique à titre personnel, celle de ces epadh, de plus en plus nombreux en France qui obéissent à des motivations d'ordre...commercial et - tendance lourde - s'efforcent d'afficher des "performances" attractives; on comprendra que je dis çà, non sans amertume...

Il reste plus fondamentalement le problème de la mort.

Il reste, je dis bien. Comme me le disait la thérapeute, nous ne sommes pas des arbres ni des espèces animales, à la vie plus longue.

Nous sommes soumis (encore quoi qu en disent les posthumanistes) des êtres fragiles, éphémères, soumis aux lois de la biologue dans son état actuel et au hasard, ne l'oublions pas (accidents de divers ordres, voire attentats ou agressions, phénomènes naturels...).

La mort est inéluctable mais nous nous l'éludons, moi comme les autres. Comment vivre, tout simplement vivre autrement?

Les sages ici et ailleurs ont beaucoup pensé ce problème des problèmes: l école stoïcienne l'a mieux traité, me semble-t-il; et cette formule résume sa position: ou tu es là et elle n est pas là ou tu n'es plus là et elle est là.

Pour le moment je laisse de côté les croyances religieuses qui gardent leur importance, ne serait-ce que par la ritualisation, propre à chaque religion de cet événement unique comme la naissance.
On doit respect à tout être humain, vivant comme mort, l'horreur des camps de concentration nous a appris ce que l homme pouvait faire à l homme, à le transformer ainsi en matériel informe.
Ce repect passe par un cérémonial, qu il soit laïc ou religieux. Antigone suppliait les ennemis de son frère mort de la laisser enterrer dignement ce frère, tant aimé.

L'Antiquité et, bien en amont, les premiers sites archéologqiues humains témoignent de ce besoin fondamental: le respect qui est du à tous au moment suprême. avec les rituels, les monuments, les façons de traiter le corps: chaque culture a élaboré des procédures qui essayent de répondre à ce besoin.

 

De nos jours parallélement aux "progrès" de la médecine, on assiste à une certaine brutalisation que l on retrouve partout, dans le travail, à l'école, dans la famille....

Hier petit cours avec une élève pour la seconde fois sur Montaigne qui en humaniste étonnamment moderne nous engageait à sortir de notte ethnocentrisme habituel et à considérer les autres cultures comme aussi dignes de respect que la nôtre voire plus. Mais qu en est-il à l heure de l uniformisation généralisée?

La leçon de Montaigne reste valable...

 

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Commentaires
M
Billet sensible mais tellement bien analysé. Quand nous arrivons à notre âge, nous commençons à y penser plus sérieusement, puisque la mort fait parti de la vie. Mais quand un proche est à la fin de sa vie, cela fait remonter tellement de souvenirs bons ou moins bons, mais malheureusement l'heure est arrivée, elle est proche, alors je ne peux vous dire que courage c'est difficile mais les véritables amis sont là, votre frère aussi,je sais que pour vous cette douleur n'a pas la même force que pour certains autres, alors puisez dans notre amitié, je pense beaucoup à vous. Je vous embrasse.
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