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Choses vues entendues sues
4 septembre 2019

Le désenchantement

Repas avec mon frère plus jeune de six ans mais maintenant septuagénaire au restaurant "Via del Gusto" cette fois inexplicablemnt presque vide (pourquoi? je l'ignore).
Je ne vais pas encore me plaindre; mon frère a - formidable effort pour lui - consenti à nous voir " comme çà", gratuitement, à l'occasion d'un repas.

Il était à l'heure et moi aussi à Convention; il ne m'a pas paru très en forme mais de manière subliminale. Il me proposa d'emblée le thaïlandais qui lui avait plu; moi moins. Alors on décida de couper la poire en deux et de nous rendre chez l'italien pour consulter le menu du jour; adjugé!

Mais il préféra la table donnant sur le trafic de la rue de Vaugirard, moi avec mes oreilles (nouveau souci) n'appréciant guère...

Et d'emblée il me parla d une couronne dentaire qui avait explosé; il attendait le retour de son dentiste que je connais, encore en vacances. Puis il se mit à parler, parler (une fois n est pas coutume...); il attaqua sur la Convention de Washington qui jetait les bases de l'économie néo-libérale au début des années 2000 que nous subissons, nous classes moyennes de plein fouet; puis des considérations sur notre présent très amères: précarisation du travail, nationalisme à tout va, néo-protectionnisme, carrières en pointillés; et moi de lui citer deux faits saillants: on n'a jamais autant parler de "souffrance au travail" et sur Linkedln, poster des photos de handicapés ou des photos exaltant la beauté de la Nature qu on est en train de tuer.

Pour ma part, la beauté valorisée nous cache-montre en creux la laideur actuelle: Starbucks, Mc Do, Amazon, et temples de la consommation pleins de vide...

Quant aux handicapés reconstruits par la chirurgie orthopédique, loin d'illustrer les prouesses de la médecine  témoignnnet du puissant malaise de ce temps; c est comme si ces handicapés étaient là pour donner du courage aux esclaves du travail (je rappelle que le code du Travail a été démantelé ici); "eux peuvent, pourquoi pas nous?"

 

Mais j'ai observé de petites choses, significatives; le bonhomme attablé tout contre nous écoutait avec une attention non dissimulée nos propos: se reconnaissait-il dans ces propos désabusés? Je me mis à parler moins fort mais on sentait cette personne intéressée.

Et moi par la suite en quittant le restarurant de commenter: voilà cette époque, on prend, on ne donne pas; moi, moi, moi. Que ne serait-il mêlé à notre conversation, c est cela faire société mais non, la cupidité dirige ce triste monde désarticulé, segmenté, cassé, clivé, fermé, clos sur lui-même... J insiste c est mon interprétation que partagea mon frère; mais ce n est en rien une preuve de la véracité de mon analyse.

Deux, trois fois ,mon frère mit à l'épreuve mes connaissances et deux-trois fois je dis mon ignorance: signe des temps, la recherche imposssible de la totalité et de la perfection; je suis plus riche d ignorance que de connaissances. Et alors? à l'ère de Wikipédia quel intérêt de savoir ci ou çà; plus que jamais c est l'amour de soi ( pas celui des miroirs mais celui du soi comme "relié" aux autres) des autres et du monde qui pourrait sauver ce monde de chaos.

La serveuse, d'habitude si extravertie, se montra plus fermée comme atteinte par le spleen du frère, mais gentiment nous offrit deux petits verres d'une liqueur verte qui ressemblait à de la gentiane.

 

Bref j'avais mal fait d'imposer sans le vouloir vraiment mon italien; de fait le menu certes moins cher ne valait pas la carte.

Malaise donc que ce repas "en famille" (dit-il tristement)..

Je crois que la chute d une dent, la gravité de l état de notre mère, la jalousie a minima entre frères, ce qui était ressenti par mon frère comme un "coup de force" avaient leur part.

Ce demi-fiasco m'a fait turbiner.

Décidément nous sommes différents, lui et moi et assez de cette fiction que je veux maintenir à tout prix, frère ou pas, rien à faire, il est lui et je suis moi; il tient à sa solitude et à sa différence; je dois l'accepter, quoi qu il m en coûte; le temps a passé depuis notre enfance de jeux partagés, de plaisirs simples et innocents.

Je sens mieux qu'il ne veut surtout pas avoir à partager des choses comme avant; il accepte mes propositions: voir ma nièce, rencontrer un de ses élèves devenu membre ami de ma loge, mais rien ne se passe en vrai...

 

Et au dessus de tout çà, j ai senti de l'envie envers moi, fraîchement bouddhiste, maçon, des relations (non pas des amis j y insiste).

Vieille histoire: la fraternité n est pas concevable sans son double négatif, l envie. on n'aime pas ce qui nous ressemble trop (je renvoie au non-rapport  Freud et Zweig, trop proches pour s'apprcéier)

Et surtout plus que jamais ce repas à deux illustre et le climat d une époque narcissique mais de ce narcissisme de mort dont parlent les anlystes et l essentielle solitude des êtres.

On est seul ,plus que jamais: en cette époque (relations d un jour, relations ectoplasmiques des réseaux sociaux qui se défont comme elles se font: quelle tristesse cette familiarité de la première seconde avec un inconnu!), en cet âge de l âge avancé (nous sommes d'accord là-dessus: le vieux c est celui qui est de trop, en trop, qui coûte, pèse, prend de la place, joue les désutilités comme disent les économistes, le vieux c est celui qui ne compred rien au monde post-moderne.

On est seul et nu quand on pousse le premier cri et seul et nu quand on poussera le dernier cri...

 

 

 

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