Qu'est-ce qui fait un bon élève?
C'est aujourd'hui, jour de rentrée scolaire (mais où sont les rentrées d'antan avec les premières feuilles mortes, un peu de lumière encore, les souvenirs encore frais de la plage et la fébrilité chez notre vieux libraire: quelle hâte à découvrir tous ces livres à l'odeur de neuf...) et je me sens concerné à plus d'un titre!
Ma mère qui lutte contre la mort en ce moment a passé toute sa vie dès l âge de 17 ans dans des établissements scolaires; secrétaire, elle a gravi tous les échelons et a achevé sa carrière comme secrétaire du Lycée Chaptal à Paris avec un Proviseur de grande classe. Toujours excellemment notée, je me souviens du jour où nous devions quitter la Tunisie; un amoncellement de cadeaux et de lettres de remerciements à son intention avec un superbe livre de photos sur Paris, ville qu'elle adorait pour l'avoir visité avec sa petite famille.
Mais on n'a rien sans rien en cette vie; aussi je crois que nous, ses deux enfants, avons été quelque peu négligés ou (les grands mots) "mal aimés".
Ma mère n aura pas été un de ces parents-hélicoptères dont on parle aujourd'hui (les temps ont tellement changé) ni a fortiori mon père en dehors du coup, soit des parents toujours sur le dos de leur progéniture. "Laissez-les vivre" a-t-on envie de dire!
J'ai connu une mère, médecin, qui sacrifiait un jour sa clientèle pour s'occuper de ses deux garçons (et du même coup de moi-même...) les mercredis. Je ne crois pas que les deux ados appréciaient.
Mais revenons à notre sujet.
Question complexe - ô combien! -; il se trouve que j'y réfléchissais hier. Bien sûr les réponses fusent: un milieu cultivé riche en ressources économiques, culturelles, relationnelles, çà aide. Au plan psychologique, il n est pas bon d'avoir des parents écrasants par leur réussite ou à l'inverse ratés; en outre un milieu stable est un facteur favorable (je pense à ces êtres "cassés" dès le départ: hier docu Arte sur l affaire Mansion, le sangunaire bourreau de Sharon Tate, la compagne de Roman Polanski; il est passé de foyers en parents nourriciers; mais en matière humaine rien n 'est mécanique; en témoigne la grande Marilyn, à l'enfance tragique; elle devint une star inoubliable, intelligente, certes excessivement vulnérable mais très portée sur les choses de l'esprit.
En ce qui me concerne je fus un élève moyen, sauf en français et philo; mes études supérieures trop longues furent fastidieuses et laborieuses globalement (j ai pu obtenir pas mal de diplômes quand même mais que ce fut long!).
J ai eu le temps de réfléchir à ce gâchis; je crois que pour réussir à l'école il faut y croire fortement, être convaincu de la nécessité de réussir, avoir un sens des réalités clair, une personanlité bien structurée.
Pour moi, livré à moi-même, je pense que d une part mon cerveau n était pas "disponible", libre de tout souci, trop requis par la rêvasserie quelque peu "thérapeutique (d où en contrepartie une imagination favorable à la rédaction et à l écriture) et le laisser-aller "fataliste" avec une sorte de croyance que ma mère y pourvoira (!)
Je vivais l école en spectateur, en témoin, passif, attendant que çà passe...
L école c était comme le reste, du temps à remplir. Pas de vision, pas d ambition, pas de projet...
Assez isolé des autres, j aimais la compagnie de "plus faibles que moi" et qui me rassuraient....
Déjà l anxiété qui devait "bousiller" toute ma vie. Le premier jour de la rentrée fut vécue comme une Catstrophe cosmique, loin de ma mère; on me retira du petit lyéce pour me mettre dans un collège où travaillait ma mère...
Pour être un bon élève il faut de l amour, amour des parents, amour de soi, amour du savoir.
Comment avoir de l amour si la mort vous hante (avec le "à quoi bon" qui y est attaché?)
Je reviendrai sur ce sujet crucial (il détermine au premier chef la trajectoire de nos vies) et complexe. Je ne suis pas très satisfait de mon analyse mais elle me semble assez valide malgré tout...
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