Un moment de..grâce

Dans mon état actuel avec toujours ce besoin des autres mais personne pour le combler, je me suis "payé" le restaurant-"usine" panasiatique près de chez moi; en définitive, la nourriture est abondante, variée, le rapport qualité-prix intéressant mais il semble que je sois plus exigeant; le goût des aliments m' a semblé assez "banal".

En sortant, j'ai surmonté mon petit combat intérieur et me suis rendu eu "Divan", la super-librairie du quartier (elle ne vaut pas le Lamartine dans le 16ème près de Janson) et ai emporté trois livres dont un sur l'art (une fois n est pas coutume)...

Il s'agit de "Art et thérapie" d Alain de Botton, auteur que je connaîs déjà et John Armstrong; mon attention avait été attirée par l'éditeur, anglo-saxon, Phaidon et l'exceptionnelle qualité des reproductions, je vitupère constamment cette époque mais reconnaissons la formidable amélioration desdites reproductions. Thème de cet ouvrage salué par "The Times" et..."le quotidien du médecin".

J'ai commencé à lire: la thèse des auteurs est originale: la fréquentation des grands peintres de toute époque et de tout genre nous apporte des bienfaits insoupçonnés. On voit qu'il n e s'agit pas de l'Art instrumentalisé mais des effets insoupçonnés de l'Art sur nos pauvres esprits bombardés par les média, la pub...et les mauvaises nouvelles. Une analyse fine, factuelle, réaliste, un peu sèche à l'anglo-saxonne nous démontre ce que çà fait de regarder avec attention les chef d oeuvre. Pour résumer: telle toile nous apporte ce qui nous manque en matière d'espoir, d'ouverture, de compréhension des mouvements de l'âme.
Un peu ce que nous apporterait un repas avec un ou une bonne amie: encore une fois je citerai l excellent film de Louis Malle. J ai l impression que à se savoir apprécié on s aime mieux. Le dialogue silencieux avec un tableau (ou un livre) nous remue profondément, met à jour des éléments méconnus de nous, interpelle et évoque. L oeuvre d art toute muette qu'elle soit élargit notre vision du monde et de nous-mêmes.

Un moment de grâce est venu en apporter une très imprévisible démonstration; je rentrai chez moi, un peu content de découvrir ces trois nouveaux compagnons. j empruntai donc l itinéraire habituel et quelque chose de merveilleux (sans hyperbole) se découvrit à moi.

Je découvrais (oui pas d autre mot) le paysage urbain comme si une toile de Hopper était là, devant moi, pour moi, déployant sa beauté, sos secret; elle devenait comme aurait dit Midal sa présence forte, irrécusable, à moi seule réservée.
C était si extraordinaire que à mesure que j avançai, je me livrai à une exploration de ces lignes horizontales, verticales, obliques, bien ordonnées avec cette qualité de "présence", de fraîchaur, de nouveauté, de brillance inouïe.

La thèse des deux auteurs se voyait confortée et d une manière inattendue...

Où (thèse classique en philosophie) l Art imitait la nature ou ici le paysage urbain "ordinaire" que je ne vois pas.

L'art descille les yeux et aide à vivre.