Besoin de chaleur, besoin de beauté

Hier soir, retrouvant ma plus vieille amie, la solitude après avoir partagé des crêpes avec le mexicain qui fait mon ménage quand il le veut bien, je me pelotonnai sur mon lit.

J'observai en moi une sorte de "froideur" affective face au mexicain plutôt expansif; je m'interrogeai d autant plus que j ai ressenti la même froideur lors du retour du franco-belge aussi après pourtant de longues semaines d absence.

Pourquoi cette brusque "fermeture" en moi?Dessechement du à  l âge, rassasiement, frustrations répétées, ressentiment à  l égard de l ingratitude de M. à qui j ai tant donné sans calcul aucun?

Comme toujours la simple raison trouve ses limites de même que le logos à se confronter à un monde qui lui est incommensurable, celui du coeur...et du reste pourquoi la littérature depuis des siècles et partout de par le monde sinon pour tenter cet impossible: dire en dépit des limites du langage.

J étais donc triste, déçu, vaguement inquiet de ma propre froideur...

J'a vais à portée de main le smartphone qui maintenant fait usage  d'internet puisque le dysfonctionnement du réseau est toujours là après 15 jours...

Faut-il encore s en étonner alors que ce pays est conduit sûrement dans la voie du sous-développement par l incompétence, l orgueil et le mensonge au plus haut niveau?

Je réinstallai la Wi-Fi moi-même après  l avoir fait désinstallé (le mexicain l avait dans un premier temps installée: parfaite incarnation de ce temps ce jeune homme: la bougeotte inlassable, l aisance dans le maniement de la technique, le culte de l image).

Et un besoin intérieur très fort me poussa à regarder et écouter You Tube; au moins il y aurait pour moi un moment de beauté avant le sommeil...

Et de manière désordonnée je choisis un impromptu de Schubert par Horowitz. Les portes du Ciel s ouvraient devant moi...

Puis j'accueillais ces voix noires dont je ne me lasse pas dans des hits, gospel et soul ...puis "New York New York par Sinatra puis Minelli.

Cette dernière me parut au meilleur dans ce tube archi connu...

Je termine par le grand Charles (Aznavour) dans une chanson de sa jeunesse "et pourtant..."

Je pensai que certains ne devraient pas mourir, ces artistes immenses toujours partis trop tôt. 

Mais il nous reste ces traces.

Et si justement alors que je constatai ce brusque dessechement du coeur ils ne m'apportaient pas la démonstration que je n étais pas encore mort et que la vie en moi avait des exigences que le plus grand Art comblait..

En creux pouvaient se lire le malheur du temps, la froideur des êtres, la laideur et le mensonge.

Justement un maître soufi était interviewé ce matin.

Parlant de son enseignement il insistait sur la beauté qui pour les croyants est le sceau de Dieu sur notre terre infortunée..