Lea animaux et moi

Je crois en avoir déjà parlé; j'ai depuis quelque temps une sensibilité nouvelle à l'égard des animaux, de ce monde étranger et très proche de nous, les humains; cependant les choses ne sont pas si simples comme souvent avec moi...

D'une part, est-ce que cette sensibilité est vraiment nouvelle; dans mon enfance j'aimais contempler les "minauderies" de la chatte de mon oncle qui avait une belle villa dans les environs immédiats de Tunis, ville qui me manque malgré les durs évènements que j y ai traversés.
En outre, j'aimais beaucoup observer, fasciné, les déplacements des tortues; les processions des fourmis m intriguaient. Enfin - souvenir cuisant - je fus pris de panique en montant sur un âne qui devait passer sous un pont; il faut vraiment être froussard; je n ai pas changé, sur ce plan, on le voit. En revanche, cafards (lls étaient souvent impressionnants là-bas) et moustiques me révulsaient.

D'autre part, il semble que dans cette sensibilité nouvelle, entre la formidable caisse de résonance des réseaux dits "sociaux"; je crains d en subir l impact comme les autres, je crains de ma laisser influencer comme...un animal conditionné. Ainsi j ai signé à tour de bras sur Twitter les messages en faveur des animaux.

Quoi qu il en soit une donnée objective intervient: tout a changé dans ce monde et en particulier l industrialisation-rentabilisation en oeuvre dans les abattoirs (curieux comme ce mot avant neutres est chargé d une charge sémantique très négative), les armes de chasseurs, de plus en plus efficaces. Un dernier élément est venu renforcer mon opinion: l'affligeant départ de ce symbole de l écologie active, Nicolas Hulot, en partie suite à l intervention d un personnage peu avenant, "lobbyist" des chasseurs.

Mais à la fin des fins (effet de la méditation? de la conception indienne de notre affinité profonde avec le monde animal?) j ai "réalisé" combien nos amies les bêtes pouvaient nous apporter souvent sans qu on en ait conscience; regardez un chat; il passe son temps à se lécher sans faire attention à vous; il vous regarde de ses yeux magnétiques avec un air d intérêt et d indifférence mêlés. Mais curieusement, moi qui suis si sensible à l indifférence des gens dans une grande ville, je suis heureux de retrouver le beau chat roux des voisins, de temps à autre dans l allée longeant les immeubles de la petite "cité" où je loge.

Mias je crois que les choses ont une portée plus ample, plus philosophique; à une époque où l hyperindividulaisme cloître les humains, où la technologie fait de nous des auxiliaires de la machine, la vue des animaux nous rappelle que justement nous ne sommes pas des machines...performantes ni des robots ni des ordinateurs mais des animaux "dénaturés" comme disait si bien Vercors; contempler nos amies les bêtes c est faire l épreuve de ce voisinage souvent oublié dans "la jungle de béton et d acier. C est admirer la supériorité de ces amies sur plus d un plan; c est se souvenir que nous faisons aussi de ce Tout, la nature que l on déteste aujoud'hui...Et la déteste,r cette nature, c est aussi nous détester; observer un animal c est peut-être aussi essayer de nous faire pardonner le massacre auquel nous, nuisibles parmi les nuisibles, nous nous livrons à l'égard de notre Mère Nature et donc de nous mêmes...