Nicolas Hulot, la souffrance, la nature

Je ne suis pas près d'oublier le visage de Nicolas Hulot, annonçant au bord des larmes sa démission prise en son âme et conscience, presque en temps réel. Encore un coup dur pour un gouvernement qui croyait changer le monde mais qui, loin de le changer vertueusement, ajoute encore et encore de la souffrance à la souffrance...J y reviendrai...

Donc, l écolo-vedette des français, le combattant pour une cause juste, forte, indiscutable, celle de notre survie...tout simplement a comme on dit claqué la porte; il s est laissé, comme d'autres, séduire par ce qu'on appelle "l intelligence" de Macron (?). Mais déjà le pauvre Hulot a du avaler bien des couleuvres face à la puissance des grands groupes aveugles et sourds à la menace qui pèse sur toute l humanité; la goutte d'eau, ce fut la présence d un lobbyiste non attendu; j'imagine le drame d un homme passionné qui apprend que les chasseurs l'ont emporté contre les défenseurs de l'environnement, qu on est en train d achever et nous avec.

J ai déjà dit ici que je n ai jamais été sensible à ce point au sort des bêtes ("ce n'est pas dans ma culture"); j ai changé radicalement; il m est insupportable de voir ce qu on fait aux animaux. Je comprends maintenant ce que TOUTES les espèces nous apportent dans l économie (au sens neutre) de notre planète, objet de notre haine et à travers elle, de nous-mêmes en définitive.

Trop, c est trop: Californie en feu, maladies nouvelles, chaleurs extrêmes au nord de l Europe, surpopulation impossible à endiguer, et ce sort injuste réservé aux bêtes... (on sait que les biologistes ont adopté un autre schéma des espèces en lieu et place de l arbre traditionnel où trône tout en haut sa majesté l Homme dit "Homo sapiens"; ce schéma est une sorte de buisson qui place l Homme au milieu des autres espèces; car si nous sommes plus doués dans certains domaines nous le sommes moins dans d'autres...)

Je mange de moins en moins de viande et de poisson (et peut-être passerai-je au vegan); je suis dans l émerveillement du spectacle que m offre l activité de tout ce petit monde sans lequel il me serait impossible de vivre; j'ai déjà conté ici même ce que je devais à...une simple araignée qui avait pris refuge dans mes wc; j étais si heureux de retrouver mon amie l araignée avec son petit manège: sortir en "promenade de son coin, explorer les alentours puis rentrer "chez elle".

Mais foin d anecdotes; Descartes ne fonctionne plus avec son mot d ordre selon lequel l homme est maître et possesseur de la nature. Il n est même pas maître de lui-même et la terre ne lui appartient pas!

Moins que jamais! 

Je préfère à cette vision égocentrique, impérialiste et "enfremée" (comme son cogito qui sépare) celle des jaïns de l Inde (j ai visité un temple où les prêtres portaient un masque pour éviter d avaler par mégarde un insecte) ou celle du Bouddhisme qui a compris combien nous sommes, les humains, éléments d un Tout qui nous nourrit, nous donne la possibilité de vivre et de développer notre intelligence ( l intelligence, ce qui met en rapport, ce qui relie): à l opposé de cette non-civilisation égoïste qui écrase, méprise, TUE.

Je titrais sur la souffrance; ce qui caractérise ce nouveau gouvernement au delà des sourires sur papier glacé et de la langue de bois technocratique et des embrassades hypocrites, c est la souffrance toujours renforcée d un peuple dans sa majorité sans compter les animaux qu on méprise avec le même cynisme, à l oeuvre dans les hautes sphères du pouvoir et de la politique. 

La sagesse de l Inde ancienne me va qui a désigné chaque posture du yoga millénaire (yoga= lien) par un nom d animal dans une forte intuition de la réalité humaine; nous participons de l ensemble mais sommes aussi tous les animaux...

Ce peuple a compris; nous sommes dans la nature, avec elle, et la nature même.

On est en train de l oublier dans une sorte de comportement suicidaire; je préfère être du côté de la Vie ainsi que Freud, reprenant Platon l avait compris.

Eros est le dieu du lien social. Nicolas Hulot en démissionnant avec fracas l'a senti dans sa chair et son affectivité à fleur de peau me le rend plus humain...

Chapeau M. Hulot!