Parenthèse

Petite parenthèse dans cette vie ...Déchargé du ménage cette fois par le retour inopiné du jeune mexicain, j ai apprécié ce soulagement et, du coup, je l ai invité à une brasserie un peu branchée du quartier; un burger pour lui, une salade pour moi; chacun selon les goûts de sa génération...

Moment volé mais ne boudons pas notre plaisir; échanger devient une denrée rare; à mon retour chez moi de la lecture (je poursuis mon vagabondage à travers le dictionnaire Heidegger avec cette irritante question: était-il antisémite ou non? Une chose me frappe; il condamne très vite le nazisme mais à ma connaissance, jamais il ne mentionne le "judéocide"; pourquoi ne pas appeler les choses par leur nom. Mais ce penseur si difficile reste incontournable et a inspiré tant de philosophes jusqu'à aujourd'hui et je souscris pleinement à son analyse de notre terrible aliénation...

Regardé un replay d'Arte (c est le plus souvent passionnant) sur la culture gay, à la fois documenté et subtil. Il est montré comment dans les années 50 les réalisateurs de cinéma américains devaient faire preuve de pas mal d astuces pour faire passer un sous-texte à travers gestes, mimiques, sous-entendus. Interviews très éclairantes de spécialistes (c est hallucinant le nombre de spécialistes de nos jours: à quan une spécialité sur les spécialités?); la culture dite gay est restée longtemps clandestine ou discrète mais n y a-t-il pas un charme de la clandestinité aussi que les parades exubérantes actuelles écrasent; la visibilité triomphaliste que je comprends affadit et banalise; tout se paye...

Comme par hasard on a redonné Brokeback mountain; le film m avit touché au moment de sa projection il y a déjà 12 ans (le temps passe si vite). Beauté sublime de la nature canadienne et mélancolie qui se dégage de ce récit où l impossibilité pour ces deux beaux cow-boys de vivre pleinement leur amour se heurte aux conventions. Fin justement répondant à la "normalité" rassurante: chacun d eux se marie...

Je ne peux m empêcher de céder en cette occasion à mon pessimisme habituel. Le bonheur n est pas de ce monde et les happy end sont là pour nous faire rêver; oui certes mais que deviendrions nous sans cette part de rêve?