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Choses vues entendues sues
1 avril 2017

Le charme de la philosophie

Cette alliance de mots peut paraître incroyable, étant donné l'image qui "colle à la peau" de cette branche du savoir ou plutôt de la réflexion: difficile, abstraite, inutile, verbeuse. Il n'empêche...

Pour ma part, j'ai déjà conté la (re)découverte "foudroyante" de cette matière en classe de Terminale, il est vrai servie par une enseignant vivant, passionné, ouvert. Petit de taille, il était la risée de quelques élèves. Triste...Pour moi ce cours fut une révélation et une révolution. C'était la première fois qu'on parlait des grandes questions, celles que l'on se pose toute la vie; ces grandes questions, je me les suis posées très tôt dans ma vie car chez moi tout faisait problème (et fait encore problème) et j'étais travaillé sourdement par le rapport à l'autre sexe, la vie avec les autres, ma différence d'autant plus douloureuse que non exprimée clairement, mon absence de confident; tout ce que j'avais appris jusque-là pouvait être intéressant ou ennuyeux ou un peu distrayant. La philosophie ouvrait toutes grandes les portes de la sensibilité et de l intelligence de l'existence.

J'eus comme il fallait s'y attendre de bons résultats; enfin on me demandait de penser, de manipuler des jugements, de confronter des conceptions de la vie, d entendre les grands penseurs; ce n'était pas pour moi la pensée qui était sollicitée à l'orée d'une vie d'adulte mais le sentiment (je n'oublie pas les larmes qui me montaient aux yeux à la lecture d un texte de Descartes). Je n ai rien éprouvé de tel en classe de français (en revanche j'ai été saisi par la lecture seul de tel roman; "les misérables" de Victor Hugo et "le lys dans la vallée" de Balzac. Ces romanciers visaient le point sensible et éveillaient ma compassion; on ne dira jamais assez la fonction "humanisante" des études littéraires...Plus que jamais en cette époque de triomphe de la technique desséchante, l homme se perdrait à ne cultiver que son "étage" intellectuel. 

En hypokhâgne, de nouveau j étais en tête de classe malgré un enseignant mou, narcissique et terriblement ennuyeux et pédant (il en est de la philo comme de tout autre matière: l enseignant doit maîtriser son domaine et surtout être un entraîneur d hommes); je bifurquai par la suite vers la psychologie par "facilité".

La philosophie, je continue à la cultiver avec mes moyens en l'enseignant à des élèves en cours particulier (hélas c'est moins demandé que le français) ou en écoutant des cours de Midal ou Lavis ou ceux d une enseignante retraitée sur Sartre. En cette occasion, je peux observer qu il y a mille et une manières d enseigner. Midal et Lavis parviennent à "traduire" des penseurs difficiles sur des thèmes difficiles: Husserl, Lévinas, Heidegger. D'autres se contentent d'évacuer la difficulté en schématisant ou en la contournant. Rien n est simple si on se donne les moyens de creuser ce qui existe et ce pour quoi et comment ça existe

Curieuse cette sensation au sortir d un cours de philo (cette matière, je parviens à la glisser en cours de français aussi pour faire comprendre les mouvements littéraires notamment). Je me sens stimulé, réveillé, sensible au "sérieux" de l'existence. 

Un sentiment de dignité s empare de moi, une confiance nouvelle en mes capacités de comprendre; un évènement important venait de se produire.

Loin du rabâchage scolaire, des contenus répétés et des informations qu internet délivre en permanence...

Il ne s'agit plus de jouer, de se distraire, de se rempir la tête mais de se poser, de regarder, de voir le réel autrement, de regarder la vie, toute la vie dans l'étrangeté de son être.

Je ne connais pas de matières qui à ce degré font penser en même temps qu'être...

On peut vivre sans philosophie mais que cette vie serait terne, lourde, décevante, mécanique.

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