Une époque sans joie

Ce qui me frappe en cette époque depuis 8-10 ans ici en France, à Paris, au delà de la crise du sens (et du reste, n'est-ce pas lié?) c'est la disparition de la joie de vivre...Partout des visages sombres ou (ce qui est pire, joyeux ur commande). Je ne vais pas reprendre la litanie de ce qui ne va plus...Petite parenthèse étrange: le Dalaï Lama, personnage que je respecte disait récemment (de même que le "gourou medium" japonais Okawa que avec Trump, le milliardaire admirateur de Poutine (!) le monde allait entrer dans une nouvelle ère de bonheur(!!). Est-ce de l'autosuggestion? de l'anticipation autoréalisatrice? Ah! s'ils pouvaient dire vrai...

Hier je me suis rendu à un cours d'une qualité exceptionnelle sur le bouddhisme (le conférencier lui très calme) a beaucoup insisté sur la pathologie de notre temps; il a donné l'exemple des mariages express, exprimant l'impossibilité actuelle à s'engager; on sait combien cela me fait souffrir car je m'attache aux êtres que ça indiffère/ Or justement la doctrine de "l'éveillé" proclame avec force 1) l'importance cardinale de cette souffrance (c'est même la constatation de son universalité qui a bouleversé le Prince Siddharta et lui a donné l'impulsion qui devait aboutir à 2) une doctrine qui a traversé les siècles, son objet étant de mettre fin à cette souffrance en...l'acceptant. Le Bouddhisme est cractérisé par ces paradoxes et ces oxymores qui en font toute la profondeur et l'intelligence de la vie.

L'absence de joie actuelle vient de deux choses: d'une part une incontestable misère multidimensionnelle et facilement répérable et de cette déshumanisation qui fait (mon exemple favori: un portable porte les gens aujpourd'hui...No comment.) Exemple symbolique de ce que fait de nous l'alliance contre nature du capitalisme déchaîné et de la techno-science sans conscience) et d'autre part le culte de l'égo. On croit se protéger mais on se vulnérabilise. On pense être mieux à l'écart des autres mais on s'appauvrit. L Homme actuel se referme à double tour (sur son égo rabougri de la fuite des autres): d'une part il se coupe du monde extérieur et d'autre part du monde intérieur. Cela donne, au choix, des tueurs en série, des mégalomanes (politiques), des pervers narcissiques dont les effectifs montent en flêche et surtout des êtres anesthésiés. Sans vie véritable.
Le philosophe Spinoza pensait que la joie devait illuminer nos vies car elle était le signe même de l'accomplissemnt de notre nature.
Comment s'accomplir au sein de la dictature molle (parfois dure) qui nous submerge d'injonctions impossibles car contradictoires (double bind) ou écrasantes. Il faut être le meilleur comme partenaire dans un couple, élève à l'école, employé sur son leiu d etravail et consommateur addictif? Performance, rentabilité, dépassement des quotas. Et que ça tourne...Qu'importent les dégâts du moment que le fric rentre...

Publicité omniprésente, médias-propagande, politique anxiogène, changements incessants, non fiabilité des êtres et des choses tout cela nous donne des êtres soucieux, tendus, méfiants, malheureux, et de ce fait méchants.