Pourquoi je suis superstitieux

La difficulté de vivre constante chez moi (c est en gros le fil noir qui parcourt ce blog et sa raison d'être) avec ce pic qui n en finit pas depuis deux ans et demi environ malgré toutes mes tentatives...Ainsi j ai essayé de reprendre timidement le contact avec Mathieu, ce jeune homme qui m'avait bien aidé lors de mon déménagement; j'a tenté de renouer avec lui à l'occasion des voeux. Mais hélas ce fut peine perdue; certes gentil, il me fait comprendre qu'il désire s'éloigner, s'isoler, et son discours répétitif de besoin de solitude est douloureuxà entendre. J ai essayé de l'apprivoiser (il a un côté touchant de "petit prince" en lui proposant de l'aider (il cherche du travailn et c'est difficile pour un garçon qui n a aucun diplôme et qui rêve de cinéma; il rêve trop dans une société qui étouffe de réalité). Mais j'ai du mal à cerner sa psychologie; il est d'une forte ambivalence; comme si une main reprenait ce que l'autre donnait. Beaucoup de douceur, d'affect etc mais il semble très rancunier, ne retenant des deux voyages payés par moi que les périodes de tension. J'ai l'impression qu'un masochisme puissant le ligote. Pourquoi alors continuer à s'attacher à lui? Je me le dis à moi-même. pour mon malheur je m'attache beaucoup et longuement à certains êtres...Mais il me touche; il semble si candide, si pur, si vulnérable. Je ferais n importe quoi pour l'aider et il rejette mon aide (!). Je pense me retrouver en lui ...

Que me réserve l'avenir, le présent étant si noir si sombre, si violent? 

Le Dalaï Lama que j'admire beaucoup disait ne pas avoir d'attentes mais se fier aux synchronicités, soit aux signes du destin...Curieux chez ce sage incontestable ce mélange détonnant entre un penchant pour la science et ces croyances "d'un autre âge"...
Eh bien moi aussi, j'ai mes superstitions, mais avouons-le: qui n en a pas? Freud lui-même, rationaliste dur évitait le chiffre 13.
Nous étions un vendredi 13 hier mais rien ne s'est produit d'auspicieux ou de néfaste. Non. J'ai simplement invité à déjeuner un membre important de la société de pensée de laquelle j'ai démissionné (je pense rejoindre une autre car ces moments de chaleur au seine de ces fraternités me font du bien (l'époque est sinistre) car je suis morose et un peu las; j'aime la jeunesse parce qu'elle me fait oublier mon âge; mais je sais bien que la vie n'est pas facile pour elle; ma jeunesse ne fut pas aisée non plus mais cette époque est redoutable pour ces jeunes...mais ils sont jeunes voilà).

Mon invité était un septuagénaire italo-français, ancien homme d'affaires qui m'aime bien, je crois. Il me regrette beaucoup et a eu l'amabilité de me recommander auprès des "ex" de la société où je me sentais à l'aise qui en ont rejoint une autre plus , importante en effectifs, suite à une grave conflit. Ces "anciens", consultés, seraient tout-à-fait favorables à ma réintégration. Pourquoi pas? Il y a des gens honorables chez eux et je vais en retrouver un certain nombre, avec avantage suppélementaire: ils sont basés à Paris.

J'ai pas mal échangé avec cet homme qui s'est confié à moi; il a évoqué un problème familial très grave; son fils a une affection incurable semble-t-il; il est soigné à l'Hôpital Georges Pompidou. M. m'a confié non sans complication d'expression qu il se rendrait à Lourdes, en bon catholique, en dernière extrémité. Pourquoi pas? Je me garderais d'en rire; je souhaite vraiment que son fils s'en sorte... M. m'a parlé de ses soucis de ménage alors moi de laisser entendre la dureté de ma condition de solitaire depuis toujours, sans famille partiquement, avec tous ces gens livrés aux écrans, au net et aux portables qui les portent (oui c est une obsession chez moi, mais suis-je dans l'erreur?) dans une ville glaciale (il fait de plus très froid en ce moment...).

Une fois encore la parole du Bouddha "tout est douleur" (dukkha) est vraie, chacun sa croix la mienne est très lourde cf aussi dans la Bible "la vie est une vallée de larmes". J'observe qu une bonne partie de nos maux viennent de nos pairs; ainsi du jeune homme: quelques paroles d'encouragement me redonnent rapidement le moral; c est si facile de répandre un peu de joie..Eh non...La réalité n est pas le rêve. A propos du bouddhisme, je vais être honnête, si je souscris pleinement avec " l'éveillé" ; en revanceh le remède tarde à donner ses fruits ....çà se saurait, çà se sentirait dans ce blog qui lui m'aide ne serait-ce qu'à la marge.

Pourquoi tant d'égoïsme partout? Le retraité italien m'a conté qu'il savait se montrer généreux et que par deux fois il a trouvé un" sauveur" alors qu il était au plus bas; moi aussi avec le jeune homme mais voilà cela n'a pas duré ...

La superstition, les croyances, les petits rites que l'on observe dans toutes les cultures, ont toujours trouvé accueil chez moi. Parce que la mort absurde, spectaculaire, théatralisée,est entrée avec fracas dans ma vie trop tôt. En ce temps-là la mort était exposée de manière...Obscéne; aujourd'hui le pensule est allé loin dans l'autre sens; elle est escamotée; on emporte les corps à toute allure et quelques rares personnes se déplacent pour assister à l'inhumation; les rites sont expédiés...

J'ai même cru étant adolescent, en pleine crise dépressive en la résurrection de cette tante; morte de fièvre typhoïde (cru sans le croire vraiment!). Je ne suis décidément pa sorti des griffes de l'épouvantail; tel un cauchemar sans fin...

Chaque fois que je passe devant un édifice religieux je suis un peu remué comme si j'attendais quelque chose.... J ai de petits gris gris dans ma poche.
La superstition est l'arme des faibles, le recours à ce quelque chose qui dépasse la réalité ordinaire. En Tunisie ma grand-mère maternelle, illettrée, lorsque j étais malade, prenait une poignée de sel et marmonnait je ne sais quoi faisant tourner son poing au dessus de ma tête. En Tunisie on croyait aux jnoun, aux esprits malfaisants, dont on parle dans le Coran. Je respecte ces croyances parce que moi-même...et la condition humaine étant si dure à vivre, pourquoi pas? Cela réconforte, au moins.

Je reviens au point de départ. On comprend pourquoi la notion de "synchronicité" développée par C.G. Jung, a rencontré mon adhésion...Cette notion désigne toutes ces coïncidences étranges qui font croire en un monde parallèle; Jung en a parlé avec le physicien Wolfgang Pauli, qui a apporté sa caution. Ces signes seraient des émergences rares de cet englobant l Inconscient collectif qui relie l ensemble des êtres et des choses. L'Autre Réalité est la nôtre mais nous ne la percevons pas, sauf dans des moments d'exception. On remarque ces phénomènes dans les moments de crise grave, collectives ou individuelles. 
On est dans un domaine que la raison ignore superbement qu'étudie la parapsychologie ( aux usa comme en Russie, des laboratoires se consacrent à ces recheches difficiles car ces phénomènes sont rares et la science, avec sa méthodologie des grands nombres répugne à examiner les singularités, le non répétable.

La superstition (ou plus noblement le paranormal) arrive lorsque ni la science ni la religion ne parviennent à nous sauver du désastre.

Y aura-t-il un signe ce jour pour vous, rare visiteur, pour moi, qui en ai tant besoin, pour M. ce brave homme philanthrope et chaleureux, un italien courageux et extraverti, comme je les aime?