La surinformation

Cette époque prodigieuse (je ne la louerai jamais assez) place le citoyen moyen dans une perplexité permanente et, chez certains, nourrit et stimule une anxiété déjà présente; faire un listing des motifs de cette perplexité et de cette anxiété prendrait plusieurs pages grand format; ainsi parmi d'autres motifs la surinformation. On pourrait penser au premier abord: quel progrès: maintenant le même citoyen moyen en sait beaucoup plus que le même il y a 10-15 ans tant les choses vont vite (la rapidité du renouvellement de ces informations est elle-même anxiogène), a fortiori que le même il y a 50 ans. J'ai " vécu" à cheval sur trois siècles: 19ème car j ai connu mes quatre grand-parents, 20ème en partie et débuts.de cet âge d'or, le 21ème siècle qui cumule tous les délices possibles.

Revenons donc à cette surinformation; de récentes études ont montré que 60.000 messages entraient dans nos têtes chaque jour: 60.000 messages à enregistrer consciemment ou non, traiter et élaborer ou assimiler, dit grossièrement.
 Super! Nous devenons de petits savants mais..voilà; quel intérêt de se farcir de toutes ces informations:(la plupart ne nous aident pas à vivre, à aimer, à nous sentir mieux dans notre corps et dans notre âme. Deuxio: ils encombrent notre cerveau déjà prêt à exploser sous l impact des soucis d'ordre privé. Tertio et c'est grave: non seulement ils encombrent (on circule mal et on s'énerve dans une rue encombrée) mais en plus ils se contredisent allègrement. Un seul exemple qui ne manque pas d'inquiéter; les informationsd'ordre médical et destinées au grand public (je ne suis pas médecin ni biologiste et je ne suis pas en mesure de refaire des milliers d'expériences); eh bien, elles se contredisent de même que les "experts" (ère des experts en ceci et en cela...). Je vous donne quelques exemples: je suis abonné à un site très sérieux de vulgarisation médicale une newsletter que je reçois chaque jour. Ce matin j'apprends que le chocolat est nuisible pour la santé; ah bon...On a toujours dit que c était bon; l'eau du robinet et certains vaccins contiendraient d el aluminium, dangereux; le pain industriel est à proscrire, etc, etc.

Alors qui croire? Et pour combien de temps. J ajoute que j ai appris récemment que le vin est à proscrire alors que j ai toujours cru  un peu de vin avait un effet protecteur.

Bien sûr je reste vague dans ce "rapport" mais c est fait exprès; c et ce que la plupart d entre nous sans formation technique particulière retiendront. Sans compter les autres domaines mais j ai choisi celui de la santé car il nous concerne au premier chef; premier es biens dit-on). 

Que conclure?

L'information peut être contre-productive et paradoxalement obscurantiste: cf la polémique sur les bienfaits des vaccins...
Plus largement pensant aux réponses des personnes très âgées sur leurs petits secrets, on remarquera la diversité des réponses: je mange du miel tous les jours, moi de la confiture d'abricots, moi je bois mon petit verre de vin rouge chaque matin, etc, etc.

Que conclure plus avant? Deux choses à mon avis: la nature est toujours plus complexe et imprévisible que ce que l on apprend d elle; je suppose que tout un système derétroactions, decompensations et un nombre inouï de variables agissent, interagissent et rétroagissent. D'où les limites de la spécialisation. Un tel spécialiste de telle branche de la chimie ignore les résultats d un autre domaine de sa science etc. sans compter les problèmes de l'échantillon à partir duquel l étude a été conduite. Un exemple parmi d autres: 25 personnes étudiées est-ce que cela suffit? Sans compter l impact intéressé des puissantes firmes pharmaceutiques et des différents lobbies. sans compter la recherche du sensationnel: il faut se distinguer de la concurrence te il faut se vendre...

Deuxième chose: la vertu d'une certaine ignorance porteuse d insouciance. L homme posmoderne est encombré à l extérieur: surpopulation, files d attente, embouteillages, densité urbaine explosive de par le monde et à l intérieur: il y tant d informations-déchets dans la tête. Nous vivons avec des montagnes de déchets, produits de l activité humaine s entend, déchets en nous et autour de nous; je laisse de côté les déchets produits du fonctionnement de notre corps.

Faudrait-il de ce fait vivre dans les Himalayas sans doute encombrées aussi (à quand les feux tricolores au sommet du Mont Blanc?) en ermite?
Je n'ai pas de réponse. Ici aussi le seuil d alerte est dépassé. C en est trop. Il est impossible de traiter ces informations; notre cerveau est dépassé; l évolution n pas "prévu" de déluge de données. L informatique n est pas une aide ici comme ailleurs mais une fausse solution et un vrai problème.

Je terminerai par cette idée qui m est chère: quoi que vous fassiez informé ou pas il faudra compter avec un irrationnel j en suis désolé, la "chance". Oui c est vrai que nous naissons chacun avec un jeu; dans ce jeu il y a une carte maîtresse, la "chance".

Allez! faisons encore culturel. Socrate avant de mourir a sacrifié un coq au dieu Asclepios...Jules César n pas tenu compte de plusieurs signes ( un haruspice lui avait pourtant demandé de se méfier des ides de Mars): il fut assassine par plusieurs conjurés dont son fils adoptif au Sénat.

"Il y plus dechoses dans le ciel, Horatio, et sur la terre que dans toute notre philosophie" Shakespeare.
Philosophie au sens de savoir ...

Comments

[shoshin]

Information n'est pas nécessaire savoir ... savoir n'est pas nécessaire sagesse