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Choses vues entendues sues
31 octobre 2016

Les bienfaits de l'Art

Très peu de sujets de contentement pour moi, en ce moment, on le sait; pas mal de désillusions, de soucis, de tous ordres (comme tout le monde en ces temps d incertitude; je le sais bien, mais il faut ajouter à cela l idée de la mort avec l âge; d'où mon attrait pour les jeunes accru mais rendu plus diffcile par "l'offre démographique": la France vieillit et mon âge est repoussant).

Toutefois, je me suis fait plaisir (oh! c est bien innocent): quelques livres (les livres établissent une continuité alors que tout tend vers les ruptures brutales, me font mévader, ouvrent des fenêtres, me tiennent lieu d'une compagnie, décidément impossible) dont l'un écrit par le Dr Christophe André qui a un énorme succès en France "Méditer jour après jour"; je feuillette longuement un livre avant de l'acquérir et j ai été sésuit par le contenu, les citations, le CD pour pratiquer et surtout les très belles illustrations; autant d oeuvres, de reproductions de toute époque et de tout pays, de Rembrandt à Peter Doig né en 1959 en passant par Hopper que j apprécie beaucoup, malgré sa banalisation actuelle). L'auteur a eu la belle idée (à la manière de Midal: qui a pillé l idée de l autre?) de traiter des aspects de cette pratique, la méditation -dont il souligne les bienfaits, aussi bien pour lui, pratiquant de longue date que pour ses patients- en les illustrant de reproductions donc. Il déploie alors ses connaissances en matière de peinture et sa subtilité d analyste.
Grâce à ce médecin amateur d'art, on apprend à déchiffrer une oeuvre (comme on dit pour une page de musique) qui contient beaucoup plus qu' on croit de prime abord; chaque détail peut faire sens, place des éléments, proportions, couleurs, format, motif, mais au delà, l oeuvre d art témoigne de quelque chose que l artiste a voulu nous transmettre, nous installe dans un climat (de même que la rencontre avec une personne crée un milieu invisible, un petit écosystème subtil ainsi que le psychiatre allemand Tellenbach le suggère), convoque d autres sens, libère des associations mentales, stimule l'imaginaire, appelle des souvenirs.

Sans compter la dimension esthétique. "C est beau" dit-on alors et s'énonce un jugement particulier appartenant à l'ordre de l'esthétique (non à celui de la morale ni à celui de la vérité selon la catégorisation kantienne). La beauté, on ne peut la caractériser ni l'analyser aisément; j ai observé pour ma part que la beauté avait un effet propre sur moi: elle tendait à apaiser les tensions et accorder mon être avec lui-même (tel un instrument de musique toujours à accorder avant le concert). La beauté avait aussi un pouvoir "magique", celui de nous enseigner quelque chose de très secret sur la vie et d'autant plus important qu' indicible. Le Maître en Orient (ou ailleurs) enseigne en ne disant rien, en ne faisant rien, en étant là, présent. Mystère de l invisible rendu visible par les maîtres de la peinture. Je me demande si la méditation ne rend pas sensible à sa manière ce quelque chose, ce "je-ne-sais-quoi" (W.Jankelevitch) que justement la fréquentation assidue des peintres nous dit en silence.

Un théoricien de la psychanalyse parlait de troisième oreille (Theodor Reich je crois) de l analyste (on parle aussi de troisième oeil chez les hindous)...J'ai observé que, au delà des mots et des comportements, entre les lignes, quelque chose de vrai se disait mais tout le monde n'a pas affiné cette perception très partciculière, ce radar de phénomènes non phénoménaux. Seule une longue pratique de l analyse ou de la méditation ou peut-être de l'art pouvait développer ce "sens"(j ai observé que les artistes m apprenaient plus sur la vie que les savants).

J aime lire les scientifiques, leurs ouvrages pour grand public; certes cela peut être passionnant (ainsi ceux de Hallé sur les plantes) et nous instruit sur le monde des phénomènes (ce qui apparait) mais le discours de l 'Art enseigne, et c est de Connaissance qu il s' agit, alors.

Ce discours de l'Art nous fait sentir d'emblée sans passer par les longues chaines du raisonnement (Descartes) une part du mystère de l Etre. La Science informe, accroît notre avoir, nous "comble" mais l Art s'adresse à notre être et nous transforme...nous désemplit.

Une note de musique, on le sait, a des compagnes obligées, les harmoniques; peu de gens les perçoivent et sans doute les percevons-nous tous à un niveau subliminal, ces harmoniques et surtout le silence qui porte les notes.

Alexis Lavis nous disait dans son cours exceptionnel de l an dernier sur le Bouddhisme, que la "communication", ce n était pas seulement une affaire d'ingénieurs (avec le schéma classique de Shannon, émetteur, récepteur, canal), point de vue pratique mais réducteur,mais tout ce qui autorise la communication, qui la fait naître, se déployer, vivre. Cet "écosystème" dont je parlais, ce milieu qui la soutenait, la rendait possible, la rendait à sa dimension humaine, singulière, intersubjective, (voire pourquoi pas? animale)

On n est plus dans le calcul ni dans les mots ni dans les schémas mais dans un autre "ordre", cleui infiniment plus subtil de l'atmosphère, du vide, de ce qui est déjà là,  mais au delà de nous, autour de nous, malgré nous, et sans lequel rien de signifiant ne saurait advenir...

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