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Choses vues entendues sues
28 octobre 2016

Le temps qui passe...

Histoire de me changer les idées (curieuse expression du reste; comment peut-on se changer les idées; en allant chez Carrefour; comme on change de chemise?) après la série de chocs qui n arrêtent pas de pleuvoir sur moi, il faisait assez beau mais frais; aussi me suis-je payé un couscous à la brasserie du coin: serveuse agréable et gentille, patron imposant, quelques habitués. Un petit délice, point trop coûteux, qui me rappellera un bon vieux temps avec ses problèmes certes (il y en a toujours, mais maintenant j ai changé d échelle; ainsi de ce matin, ce pic d angoisse au réveil que je ne m'explique pas...). 

 

Puis toujours dans ce même but -le "collègue" resté ami, dans mes âges, me disait qu il s efforçait de toujours changer, un peu par hygiène de vie- collègue de la société de pensée, que j ai quittée la tête haute, après l incroyable injustice (non réparée: la Justice, justement, répare les dommages au plan moral et sociétal, comme la Médecine les corps et les âmes) dont j' ai été la victime inattendue (c est le côté inattendu de la vie qui fait le plus mal) tel un personnage de Kafka (à quoi sert la littérature sinon à vous consoler du destin souvent absurde, à donner sens, ne serait-ce que par une reconstruction culturelle sublimée, des maux de la vie?)...toujours dans ce même but (changer mes idées) je me suii rendu en bus aux Champs Elysées: des chantiers partout, le Virgin Megastore fermé, un cinéma disparu, une librairie envolée...Tout cela me rend triste; voilà pourquoi je préfère souvent rester dans mon coin...

"Ô Temps suspends ton vol" dit le poète; ton vol, pas ta marche; c est plus poétique et plus vrai hélas...

Je me suis trouvé une fois encore confronté à la collision des temporalités et des temps: toutes ces strates de temps, ces sédiments empilés, à l image des fouilles archéologiques; plus on s' enfonce  dans les profondeurs, plus les âges sont anciens et plus les vestiges découverts, sont modifiés par le temps qui use tout et tous, à mesure qu il passe...
Comme en surimpression, les Champs comme on dit maintenant des années 60, 70, 80, 90, etc entraient en collision avec l image actuelle que je n aime guère (çà n étonnera pas ceux qui mes uivent sur ce blog). Disparition, apparition, pérennité...La mémoire est magicienne: elle abrite des revenants pour notre bonheur parfois, mais le plus souvent pour notre tristesse.

Des librairies qui partent, ça compte pour moi. A la place? Bah... boutiques de fringues, mangeoires speedy, cafés branchés c est-à-dire beaucoup plus chers et snobs, boutiques de téléphonie, sociétés de conseil (quel type de conseil d(ailleurs: comment évacuer un employé "ne douceur (?) ou alors vendre de la m... pour un produit-miracle?)

Ai-je bien fait de sortir de mon quartier en définitive? bilan mitigé.

Seule note positive pour moi: la cathédrale russe -et le centre culturel attenant- a été achevée. Et ces cinq bulbes surmontant ces murs clairs, ces bâtiments aux lignes pures mais un peu "dures" m'ont fait rêver de la Russie éternelle, qui m'a toujours fait rêver. J ai dit "éternelle" et ce n est pas un hasard, je pense...Ma mémoire et mon imagination, comme mon expérience de tous ces russes que j ai rencontrés, des artistes et des intellectuels le plus souvent il est vrai, portant les fastes et les prestiges de leur immense pays, que j ai eu la chance de visiter, entre l étonnement, l émerveillment et les réminiscences littéraires, musicales, opératiques. biographiques: dans les derniers temps à Tunis, on avait édifié une adorable petite église russe, toute blanche, devant chez nous au milieu des palmiers...Je me demande aussi dans l'après-coup si au milieu de cet épais matérialisme de cet âge noir, ça ne fait ps du bien à mon âme d admirer cet édifice en bord de Seine symbolisant notre dimension d être (enfin!)

Qui sait les origines lointaines de cette nostalgie de ce qu on n'a pas connu, comme dit excellemment Modiano? Et qui sait si je n' ai pas  été russe dans une vie antérieure, comme j ai été indien ou égyptien ou américain ou italien. 


Plus sérieusement, très tôt, des inscriptions se fixent dans notre esprit comme à une patère, sans doute peu de choses, des micro-sensations, appelant d' autres sensations que le double travail de la mémoire et de l imagination viendrait enrichir, élaborer, pour nous nourrir, nous former, façonner nos goûts, nos dilections, notre être propre, notre identité, le sens que nous pouvons donner à nos pauvres vies, exposées aux outrages de ce temps ennemi, et à ceux inévitables, des hommes et de tout le reste.

 

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