Histoire

Passionnante interview de Daniel Mayer ce matin sur France Culture datant des années 80; expression aisée, témoignage vrai, rétrospective utile. J ai mesuré l importance de l'Histoire hélàs délaissée semble-t-il dans l'enseignement secondaire. L'Histoire a plusieurs vertus: d'abord c'est aussi une histoire ou des histoires qui captive(nt); de plus l'Histoire est une sorte de laboratoire géant de ce qu'est l'humaine nature, en bien comme en mal, enfin et peut-être surtout elle nous permet de relativiser le présent, de le mettre en perspective, de prendre du recul par rapport à lui. Certains faits paraissant graves ne le sont plus à l'aune du passé; d'autres perdent de leur singularité; d'autres encore sont marqués par le passé qui leur donne leur forme présente. Bien entendu, on ne saurait se satisfaire de l'évocation simple; tout un travail de critique, d'interprétation, de distanciation est nécessaire; le passé est reconstruction et il est nécessaire de confronter les récits. Travail d'historien certes mais aussi de tout amateur conscient de cette nécessité de la mise à distance et de la prise de conscience de ses propres options; in fine le regard "juste" sur le passé passe par la connaissance de soi...
Hier après-midi en partie passé à prendre en note la suite du cours de Lavis sur la phénoménologie du bouddhisme. Toujours ce côté brillant et plein d'humour, ce talent pédaggique exceptionnel et cette faculté de faire de srapprochements inattendus mais écairants entre la pensée du Bouddha et la philosophie antique et contemporaine. Ici, ce n'est plus de passé qu'il s'agit surtout mais de mélange innextricable entre passé et légende, mythe et réalité. Quant à la conception du temps elle se ressent de son origine indienne: temps cyclique indéfiniment réitéré, temps innombrable, dépassant les possibilités de calcul, voulant sans doute donner aux pauvres humains que nous sommes une intuition de l'éternité ou de l'infini,pas si loin du zéro, immense invention de l'Inde...On pense au "zéro et l'infini" de Koestler
Le talent de Lavis, ce qui fait la grande valeur de son enseignement, un enseignement au sens fort, au sens bouddhique d'éveil (petit éveil...), sa capacité à parler à l'imagination, à la curiosité, aux sens et à l'intelligence de son auditoire. Comme une générosité qui fait les authentiques enseignants; comme s'il nous faisait entrer dans son laboratoire intime avec ses interrogations, ses doutes, ses propres intuitions. Le boudhisme comme la philosophie plutôt que matières érudites et ennuyeuses deviennent source de vie et prodiges stimulant le questionnement intrigué...