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Choses vues entendues sues
18 octobre 2020

L'incommunication de ce temps

Quelque chose me frappe dans cette époque et ce n'est pas sans lien avec l'ignoble boucherie récemment commise dans cette jolie coomune de la banlieue parisienne, Conflans Ste Honorine (il y en a heureusement).
Ce sont les dysfonctionnements de la communication; je sais bien, Ionesco en traite avec un humour décapant dans ses pièces et les auteurs du théatre de l'absurde au siècle dernier.
Mais on a "progressé" depuis.
Ce qui me donne l'occasion de parler de cette grave crise de la communication, c'est le feuilleton décidément "interminable" de la saillie antisémite qui s'est produite cet été au "temple" de l'obédience que je fréquente depuis des années.

Je rappelle que le grave incident s'est produit alors qu'une dizaine de membres de la loge était réunie de manière informelle et, cet après-midi-là un visiteur qui fut aussi l'élève très admiratif de mon frère en philosophie , brusquement, à froid, sans que nul ne s'y attende dit: "je suis antisémite".
On mesurera je l'espère la gravité de ces propos dans le climat pesant qui règne en France (simple rappel: croix gammées taggées ces derniers temps, graffiti, gestes, propos antisémites à l'époque des gilets jaunes, morts en série en quelques années, etc) et du fait que c'est un franc-maçon qui les profère, c à d un homme qui par définition respecte les valeurs républicaines.
Certes l'homme était connu pour ses propos provocateurs un peu immatures et aussi des préjugés anti-islamiques ou un jour, une stupéfiante déclaration selon laquelle la franc-maçonnerie serait d'essence chrétienne.

N'importe quoi: elle a vu son acte de naissance officiel à Londres en 1717 et ce sont deux pasteurs  qui ont créé cette noble institution qui a vu passer des hommes et des femmes célèbres, dont des Juifs, surreprésentés, on comprendra pourquoi (ils y trouvent une sorte de refuge et un lieu où se cultive une fraternité universaliste et une possibiité de rencontres unique avec des gens de toute profession, de toute conviction, de toute origine).

Enfin, ce soir-là cet homme avait bu plus que de coutume, ce qui est déjà un manquement important à la correction élémentaire.
Puis tout s'est emballé; je n'ai pas réagi sur le coup comme assommé et les autres non plus; deux personnes ont réagi le soir même en m'appelant. Je m'attendais à ce qu'un "responsable" organise un face à face avec l'antisémite sous son égide comme il aurait été logique et nécessaire pour crever l'abcès.
Rien de tel ne s'est produit; je fis un pas en accordant mon pardon à cet homme qui dans le fond me faisait presque pitié, une telle charge ne peut qu'être alimentée par la souffrance!
Des jours après enfin, message Whatsapp sec à moi adressé: je m'excuse, j'étais bourré.
Je n'ai pas répondu; pour moi c'était tardif, léger, point du tout à la mesure de ce qui avait été dit.
Mes ces propos ont ouvert une brêche et les rumeurs de se répandre sur mon compte, toujours infondées, toujours sans jamais les vérifier ou me rencontrer pour mettre les choses sur la table.
Mais cet incident, je l'analysai comme un révélateur des failles de ce collectif, comme un symptôme d'une pathologie de groupe que justement une bonne communication, une rencontre auraient pu ou du désamorcer; in fine, le visiteur fut déclaré persona non grata et le président comprit ma blessure de même qu'un autre responsable qui me réconforta comme il put et me dit que j'avais toute ma place dans la loge.
Bien, mais voilà, il y eut une réunion jeudi dernier et je prononçai un petit discours qui suscita pas mal de questions, signe positif en soi. Mais j'ai senti un climat pesant: froideur de certains à mon endroit, ou sourires contraints notamment, mais le responsable fut  - ô surprise! - très chaleureux à mon endroit alors qu il m avait incendié peu avant par téléphone de manière vile, vulgaire, allant jusqu'à évoquer ma sexualité et mon âge.
Convenez qu'il y avait de quoi et s'étonner et se fâcher.
J'en arrive à ce problème de communication: ce qui provoqua la fureur de cet homme fut un mail que je lui adressai en demandant des explications sur le surcroît de  discipline que j'observai depuis quelque temps. Il lui était toujours possible de répondre quitte à me remettre à ma place: "tu n'as pas à le savoir ou c'est très important", etc et je l'aurais accepté. 
J'en arrive aux derniers développements; ledit "responsable" après m'avoir fait les yeux doux (?) jeudi dernier comme pour "réparer" ses propos grossiers, venimeux, excessifs tels que jamais au cours de ma vie je n'en essuyai de tels, envoie à toute la loge sa décision de démissionner (?) et l'information selon laquelle une convocation de tous devant une juridiction interne était programmée, avec des exclusions à la clé(?!)
Le prétexte: à l'invitation du Président de parler éventuellement de "l'incident" de cet été jeudi dernier, personne ne prit la parole; en fait je pense que j'en avais assez de cette affaire que j'estimais soldée et je ne voulais plus de ce rôle de "vedette" ou de bouc émissaire possible des tensions de ce groupe; je m'alignai aussi sur le silence d'un cinéaste cinghalais qui m'a fortement soutenu et qui avait fait une analyse très fine de la situation; je pense comme lui: la loge est à présent contaminée par la droitisation du pays (du coup ce n'est plus une loge); certains membres sont soupçonnés d'antisémitisme larvé, voire de connivences avec le RN (??) et réunion ou pas çà n'aurait servi à rien; on ne peut rien contre les préjugés.
Mon angélisme habituel en a pris un coup.
Je pense comme mon ami cinghalais que j'enverrai aussi ma démission; je sais que je perds au change; pour moi qui vis seul cette loge qui fut douillette, vivante, chaleureuse a changé très vite; "on" a regretté le départ du provocateur, notamment un jeune franco-italien resté silencieux comme d'autres lors de l'attaque dont je fus la cible (je le soupçonne d'antisémitisme; eh oui, les italiens aussi! j'en ai rencontré à Paris même)
Ainsi je n'irais pas à ce "procès" dont je ne vois pas ce que j'irais faire. 
D'après ce que j'ai compris, je risque au pire, avec un ou deux autres, l'exclusion de toutes les obédiences. (sic: pourquoi? je ne sais pas!)
J'ai besoin de me sentir accepté ou compris sinon aimé (n'en demandons pas trop) dans quelque collectif que ce soit.
Je suis seul de toutes façons et j'ai mon lot de problèmes; un peu plus un peu moins...
Le covid a du encore précipiter les choses (et son dernier avatar: le couvre-feu qui anéantit nos réunions vespérales) et aiguiser les tensions comme dans la société globale; il est triste qu'une loge maçonnique, lieu unique de la fraternité en acte soit devenue je pense la chambre d 'écho d'une société en très forte crise.
Et comme on dit chez les bouddhistes et d'autres, tout a un début tout a une fin.


Et peut-être assiste-t-on au naufrage d'une très noble et très ancienne institution; pour certains, elle remonterait même au 15ème siècle et au Moyen-Age: les constructeurs de cathédrales avaient aussi des secrets à partager...


Elle sombre telle un Titanic monstrueux à l'image de la planète qu'on détruit méthodiquement...


Le monde ancien  continue de s'effondrer....

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