La nature aujourd'hui

Le temps du confinement nous aura appris bien des choses, la valeur du temps, qui n'est pas qu'un cadre vide mais un espace ouvert qui nous aide à sentir notre liberté avec une sorte de vertige tel celui de l'écrivain devant sa page blanche ou celui du

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peintre devant la toile vierge ou du compositeur devant des lignes à couvrir de notes; le temps n'est pas une ennemi à combattre ni à dominer mais un allié qui aide à nous connaître et à comprendre cet être des lointains (Heidegger) qui est le moi, cet inconnu.
Aux prises avec ce soudain vide, nous le regardions avec un regard neuf et désencombré; l'enfant ne s'ennuie pas ou s'il s'ennuie il s'endort.
Nous, une fois adultes, désapprenons le respect de ce temps qui nous surplombe et plutôt nous tarverse, nous fait être et devenir, nous régit silencieusement car notre corps est une gigantesque machinerie obéissant à la loi du temps; chaque processus met un temps donné pour se produire, chaque réaction chimique a besoin de temps sauf à l'accélérer artificiellement avec les dégâts qui s'ensuivraient.
Mais avec le temps nouveau qui s'est offert à nous, c'est la nature que nous avons réappris à regarder telle qu'elle est "naturellement". Nous avons compris ne serait-ce que momentanément que nous étions des êtres de nature au même titre que des êtres habités par le temps (l'ouvrage principal de Heidegger ne s'intitule-t-il pas "Etre et Temps"?).
Nous avons pris conscience dans le calfeutrement obligé combien nous étions sevrés de la nature et de ses bienfaits; nous vivions séparés d'elle par tous ces artefacts dont nous somme si fiers; mais nous étions aliénés (alien= étranger).
Nous sommes des êtres hybrides, forcément hybrides. 
Le chat, le chien, la tortue, nos animaux domestiques, de "domus" la maison, sont certes déjà le produit d'un très long apprivoisment; il sont un peu "civilisés" par nos "soins".
Il n'empêche; c'est merveille de vois un chat s'étirer et nous regarder fixement, un chien s'élancer vers l'objet que nous lançons à grande allure, un cheval "comprendre" très vite que son cavalier est bien froussard, etc

Les arbres, les herbes, les fleurs sont devenus des amis et mystérieusement nous parlent le langage de nos origines communes.
St François d'Assise, il y a bien longtemps savait parlet à ses frères et à ses soeurs, le soleil, la lune, l'animal, la fleur.
La moderne écologie, certes infiltrée de science nous rappelle à nos devoirs envers cette nature que l'on maltraite avec toute la violence dont l'homme est capable. Il avait oublié combien il dépendait de cette nature et combien elle pouvait lui être fatale; elle existe et parfois se rappelle à nous avec violence et brutalité; ainsi du virus meurtrier qui continue à dévaster en retour la planète entière.

Le sentiment de la nature est revenu avec cet enfermement dans nos appartements devenus prisons pour certains; mais c'est un sentiment qui n'est plus celui des romantiques et des préromantiques.
La nature au 21ème siècle est devenue objet de science, ressource à exploiter ou - pire - enfermée dans des bulles géantes ou recréée pour les besoins de l'industrie touristique. La nature , celle d'avant, nous en avons tout à coup reconnu que nous en avions la nostalgie.
L'innocence est perdue et, avec elle, un sentiment de crainte devant sa puissance, aujoud'hui domestiquée et soumise au calcul des ingénieurs et des spécialistes de tout bord.
Près de chez moi, il y a un square et j'ai retrouvé avec satisfaction les grands arbres qui l'agrémentent.
J'ai ressenti confusément cette sorte de régénération et de pureté qui nous fait dire d'une personne qu'elle est "nature".
Et ce mot est porteur de la vérité dont cette personne est capable mais aussi de sa capacité à nous surprendre et parfois à nous blesser.
Un peu comme l'enfant dont on dit bien que la vérité sort de la bouche.