Est-ce une chance d'être né?

J'échangeais il y a peu avec Mathieu, un jeune ami qui déprime fort; il a la passion du cinéma et ne trouve aucun job sauf à effectuer des "prestations" indignes en échange ou des tâches que les anglo-saxons qualifient de bullshit jobs.

De plus, il souffre d'inhibition sociale et de manque de mémoire. Pauvre garçon qui m'a tant aidé par le passé et continue à le faire par ses messages du soir; sinon je n'ai en pratique plus de famille: frère indifférent et "nièce" et "belle-soeur" qui m'ont abandonné depuis...2013 pour des motifs qui m'échappent toujours.
Ce jeune homme se plaignait "d'être si pauvre, pas vrai, pas grand". J'esayais de le réconforter en lui disant qu'il pouvait compter sur moi. C'est tel que je le considère un jeune homme intelligent, sensible, agréable et surtout humain; rare de nos jours; je le dis constamment dans cette "tribune".
Cet exemple me conduit à ce titre: est-ce (vraiment) une chance d'être né?

Il se trouve que j'ai regardé dimanche comme je le fais régulièrement une très belle émission consacrée au Bouddhisme.
Une nonne ou supérieure bouddhiste française, crâne rasé, docteur en tibétain et en japonais (excusez du peu) nous entretenait avec une érudition et une assurance remarquables des deux mondes que considére le bouddhisme: le relatif ou conventionnel et l'autre l'absolu fait de "vide".
J'avoue humblement ne pas encore bien comprendre ce fameux vide qui revient constamment dans la doctrine. Un "éveillé" tel le Bouddha a par définition atteint ce "vide, le nirvana opposé au samsara, monde des apparences. Un peu l'équivalent ou plutôt l'analogue du monde des "Idées" de Platon.
Pour moi ce ne sont que des mots tant que je n'aurais pas vécu ces états exceptionnels...

Je reviens au titre; la vie est tellement dure per se et tout particulièrement en cet âge noir: en France nous avons cette chance, nous cumulons: présidence néfaste et interminable, capitale noyée par la pollution, trop dense et douloureusement atteinte par de sanglants attentats, province désertfiée, population vieillie, révoltes sociales, jeunesse sacrifiée, culte de l'argent, paupérisation des classes moyennes, chômage de masse, et maintenant comme si çà ne suffisait pas le coronavirus, délicieuse antiphrase, corona, la couronne!

Tellement dure que je en comprends pas ce que nous dit la doctrine bouddhiste: c'est une chance d'être né, d'être né dans une incarnation humaine.
Ah?! Difficile pour moi à avaler.
Surtout que le paradoxe est évident: le Prince Siddharta a ouvert les yeux sur la souffrance universelle de la naissance à la mort.

Et c'est une chance d'être né!

Moi je ne comprends pas sauf...à considérer cette vallée de larmes comme un éden ou entendre la voix de Dieu et encore, si on considère les prophètes de l'Ancien testament; je pense à Job qui apostrophe avec hargne le Créateur.

L'hindouïsme à sa manière rejoint le bouddhisme puisque dès ce monde on peut devenirt jivan mukhta, soit libéré vivant, la condition de l'être qui ne vivra plus de réincarnations (ce qui, si j'ai bien compris, correspond à ne plus être!).
Arnaud Desjardins a rencontré de ces êtres exceptionnels lors de ses reportages; il a été frappé par leur sérénité et cette aura qui émane d'eux.
Mon frère m'a entretenu d'un octogénaire qui a rencontré un de ces hommes charismatiques; il a changé brusquement et n'a plus peur de la mort; de plus il est devenu artiste de qualité; je possède un livre que mon frère m'a offert (rare!) avec une couverture blanche émaillée de taches noires, des sortes d'éclaboussures à la Soulages, né en 1919 (comme m mère, elle décédée l'an dernier) l'homme qui fait chanter le noir. Cet octogénaire expose et a du succès.
Tant mieux pour lui!
Moi je recherche toujours cette paix de l'âme.
Et cette soudaine créativité m'a convaincu de la réalité de ce type de rencontre; le darshan des indiens: voir de tels "saints" suffirait.
L'espérance est une vertu; j'ai très tôt désespéré de la vie et en cet âge crépusculaire je me vois difficilement changer à moins que...