Le prétendu retour des religions

Ce que je pensais moi-même mais, n'étant pas spécialiste, n'osais exprimer, s'avèrait juste. Dans des articles, des numéros spéciaux de revues de haute tenue, dans les médias a fortiori, on parlait bruyamment de retour du religieux et à part moi je pensais que, loin de la réalité de cette époque c'était plutôt à un oubli du religieux qu'on assistait. Je le sentais derrière les apparences spectaculaires.

Marcel Gauchet interviewé ce matin exprimait cette thèse du déclin des religions établies.
Un exemple, celui de l'Islam radical: il s'agit plutôt de personnes mal intégrées et qui ont trouvé ce moyen d'endosser une identité mise à mal par les difficultés économiques, un racisme sournois ou affiché...
Quant aux autres religions majoritaires ou anciennes en Franc le christianisme ne fait plus recette, témoin la chute des vocations, pas seulement liées à la fermeture au ministère des femmes; le judaïsme est aussi en phase de déclin malgré toujours (quelques) apparences.
Ce qui se passe à mon avis: c'est la poursuite sur la longue durée de la déjà ancienne sécularisation que vient renforcer l'impact du consumérisme qui impose une sorte de dictature sur les esprits, l'instrumentalisation du religieux par des régimes très conservateurs, témoin le cas de l'Inde que je ne reconnais plus...

En revanche je crois que ce sont les franges les plus dures, littéralistes, fondamentalistes, voire agressives des mêmes religions qui font la une des médias. Un peu comme un choc en retour.
Je suis en train de lire les études très riches de Corbin sur le shiisme iranien; ce savant observe le désarroi il y a plusieurs années de l'islam face à une modernité qui ébranle beucoup de croyants.
Corbin montre en terre d'Islam aussi cette sécularisation à l'oeuvre; pour lui, une minorité de croyants, résiduelle, continue à croire mais c'est alors le courant shiite "mystique" qui dominerait, à savoir celui qui se réféère à une métahistoire; l'histoire ne compte pas dans le shiisme duodécimain; dans l'esprit de ces personnes, les choses se déroulent sur deux plans, le plan mondain et le plan supramondain, une sorte d'éternel présent.
En ce qui concerne les pays musulmans, je suis frappé apr la rapidité des changements notamment au plan législatif suiviste par rapport aux mouvements populaires. La place de la femme dans la société notamment est bouleversée dans un monde traditionaliste.

Le spécialistes des religions notent avec la disparition progressive des croyances la montée, ici aussi, de l'individualisme; sur le modèle des comportements politiques, chacun bricole "sa petite" religion...
A mon avis, je pense que l'être humain même très fortement impacté par une modernité fortement déstabilisante se construit des kits mêlant superstition, occultisme, emprunts, dans une sorte de petite religion personnelle "à la carte".
Mon propre cas est en soi révélateur; je suivais un peu certains préceptes et respectait Kippour pour assurer une certaine fidélité à moi-même. J'ai été tellement échaudé par la stupidité d'un rabbin lors des prières en mémoire de mon père que je décidai d'en finir avec ce suivisme. Et comment suivre des préceptes qui impliquent a minima la participation des familles dans cette société atomisée?
En revanche, je suis devenu bouddhiste l'année dernière tout en en ne reniant pas mes origines et en suivant épisodiquement les activités "néo-bouddhistes" de Me Okawa, un japonais médium.
Je m'intéresse fortement au religieux et ai été initié à la franc-maçonnerie à la fin des années 90.
Quant à l'athéisme et à l'agnosticisme que je vois progresser fortement dans les jeunes générations, je compte en parler par la suite.

Le problème de l'existence de Dieu me donne à penser, je l'avoue; je suis très partagé car si j'essaye d'exrecer mon esprit critique je reste en revanche ouvert aux phénomènes que la raison seule ne parvient pas à appréhender, ce qui relève de la parapsychologie. Il ya encore bien des phénomènes certes rares qui échappent à la simple raison, je pense.