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Choses vues entendues sues
26 décembre 2019

Empathie, sympathie, compassion

C'est en méditant hier soir et même avant que j'ai pris conscience que, in fine, nous ne nous connaissons pas vraiment les uns les autres; on a vite fait de juger, critiquer, rejeter (ou acontrario rejeter, haïr, détester) parce que les autres, tous les autres y compris les proches nous sont étrangers (thème rebattu: ces vieux couples qui demeurent de étrangers en dépit de la familiarité, de la fréquentation quotidienne, de l'observation des petites manies et grands défauts.
D'abord retour sur les mots (on parle sans que les mots "nous parlent"): compassion que les bouddhistes emploient fréquemment est composé du préfixe "cum" avec et de "passio", le fait de "pati", souffrir (cf la Passion du Christ); compatir c'est donc souffrir avec les autres; par exemple, nous sommes touchés par le spectacle de gens qui ont tout perdu dans une tempête. Mais cela reste superficie et éphémère, superficiel et voyeuriste"; nous reconnaissons dans leur malheur le nôtre propre, passé ou présent, réel ou potentiel. Il nous est possible de nous identifier à ces gens.

Sympathie est formé cette fois du préfixe grec "sud" avec et "pathos" dans lequel nous reconnaissons le latin "passio"; après tout les grec comme le latin sont deux langues indo-européennes dont le sanscrit ou vieil indien est la matrice. La sympathie me semble traduire une proximité affective plus grande; par exemple, on dira à une personne endeuillée toute sa sympathie; nous signifions que nous partageons avec intensité sa douleur.

Enfin "empathie" est le terme le plus fort car c'est le "degré" le plus élevé de notre reconnaissance de la psychologie de l'autre, de son essentielle "altérité".
Ce mot est construit à partir de "em" dans et "pathos" souffrance, affection au sens de"être affecté".
Prenons un exemple concret; un voisin était de mauvaise humeur parce qu'un de mes jeunes (et rares) visiteurs s'était, je ne sais pourquoi introduit dans l'immeuble en empruntant le niveau souterrain de l'immeuble, celui des caves et du parking. Je ne sais pourquoi du reste: facétie ou défi à soi-même?

Bref, le voisin a très mal pris la chose mais sans excès, je le reconnais. Eh bien, moi aussi lorsque je me rends à la cave, ce que je fais non sans réticence, je crains, je l'avoue de tomber sur un(e) inconnu(e).
Du coup, moi qui jugeait ce voisin "chichiteux", excessif, colérique, etc je pris conscience que, après tout, moi aussi j'agis de la même manière.
Inutile de multiplier les exemples; on est très prompt à juger, moins à comprendre. J'observe que, de manière générale, on "ignore" les gens, on les méconnait, on les juge, on passe à côté (dans les deux sens, propre et figuré) et cela n'est pas lié aux grandes villes mais a une portée très générale (cf de nouveau les couples).
L'empathie est très rare parce que c'est un sentiment difficile; en fait cela implique d'"entrer" littéralement "dans" l'autre (le "em") avec l'humilité que çà suppose; un autre exemple, un peu anecdotique; je mes souviens d'un dermato qui m'a fait attendre trop longtemps; je le lui ai fait remarquer et il l'avait très mal pris ("je ne suis pas la sncf"; à l'époque la sncf fonctionnait!); du coup je me suis promis de ne plus retourner chez cet homme (ou j'ai ou j'avais un "sale caractère") sans doute aux prises avec un diagnostic difficile à poser.
Imaginons que moi aussi j'aurais été comme lui, médecin, l'aurais-je mal pris , ce retard?
Mais cela passe l'anecdote et a des conséquences autrement plus lourdes.

Nous partageons avec les autres humains de nombreux caractères que l'anthropologie a bien précisés.
Mais l'empathie nous donne cette grâce: pouvoir pénétrer l'univers mental de l'autre, qui n'est pas le nôtre, souvent pas du tout le nôtre...
Les meillieurs biographes s'efforcent d'atteindre à l'intime de l'intime pour reprendre St Augustin sans donner le même sens à cette locution car "l'intime de l'intime" selon ce garnd philsophe chrétien c'est Dieu en soi, immanent. Je rappelle le célèbre "sonder les reins et les coeurs" qui serait le privilège de Dieu; c'est dire...

Cela étant quid de l'amour dont on a tendance à se gargariser; eh bien justement l'amour est le plus souvent l'amour de soi dans l'autre, devenu miroir de notre égo ou écran commode de toutes les projections.

Qui aime vraiment?
Je terminerai, très provisoirement par cette très belle illustration de  ce qu'est l'amour vrai.
Imaginez que vous aimez telle personne. Mais cette personne a un accident et perd un bras puis une jambe puis deux, etc l'aimeriez-vous toujours?

L'empathie est une faculté sublime que seules les personnes saintes ou dans un contexte laïc les médiums, les mentalistes, les très grands psychilogues et psychiatres comme on dit aujourd'hui possèdent. A titre personnel, j'aurais deux exemples: un cadre de l'ex-APEC ou agence d erecrutement des cadres: cet homme en peu de temps m'avait "radiographié" sans a voir besoin de test. Je suis sorti de son vabinet très "remué" et perplexe. Hypothèse: s'est-il reconnu en moi? Mais je ne fais que déplacer le curseur...
Etre empathique implique a minima de bien  se connaître (et s'aimer pour bien se connaître) avec ses limites surtout pour ne pas (se) confondre avec l'autre et reconnaître en lui ses limites à lui; reconnaître son unicité dans tout l'univers et dans la longue suite des siècles comme nous avons  reconnu notre propre singularité à nous, unique à jamais...

Pour la petite histoire si la science se reconnaît à la reproductibilité des phénomènes qu'elle étudie, ce qui  a pour conséquence de pouvoir dégager les "lois" de l'Univers, la Physique reconnaît une seule grande singularité, le Big Bang, qui du reste fait problème...

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