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Choses vues entendues sues
13 décembre 2019

L'épais malaise de la société française

Enfin pour moi France-Culture émet à nouveau avec certes des émissions en moins.

Hier avec les difficultés que l'on devine: deux taxis, un pour l'aller et un pour le retour, je rencontrai un personnage important habitant la belle ville de St Germain en Laye; j'étais interviewé pendant une heure en vue d'une "promotion" au sein de la loge.
Ce Monsieur, sûrement très diplômé (je le devine par recoupements de ses propos) a commencé à beaucoup parler sans grande cohérence à mon avis puis m'a posé des questions d'ordre sociétal et philosophique; je crois avoir correctement réagi et ce blog a joué aussi son rôle...

J'observe deux choses pour commencer: chaque personne prise individuellement fait part sans difficulté du mal-être de notre société en mentionnant pêle-mêle la rapidité des changements, le "flicage généralisé", la dictature douce que nous subissons, le mensonge d'Etat, le très fort impact de la technologie (hier on m'a posé une question sur l'intelligence artificielle, c'est comme la langue d Esope; que fera-t-on de cette invention de grande puissance; pensons à l'énergie nucléaire; elle guérit et elle tue à grande échelle), la fragilité des contacts humains, l'imprévisibilité extrême des situations de la vie, des mutations très graves à mon avis qui mettent en cause les fondements de notre civilisation; une seule chose: quid de la culture chez les politiques? Chiffres, statistiques, abstractions, discours "fabriqués", désaffectés, voilà de nos jours ce qui prévaut.

Seconde chose: nous sommes tous victimes et coupables en même temps et moi avec les autres; par exmple, je pilonne sans cesse cette informatique qui incite à la délation aux fake news et à la robotisation des âmes et pourtant moi aussi je suis un "addict" comme le monsieur d'hier qui vilipendait cette "société" (le mot ne signifie plus rien à l'ére du smartphone qui rend autiste) avait à son poignet une montre connectée avec un petit écran comme cadran!

Je pense qu'une anecdote vaut mille discours.
Boulogne donc où j'avais rendez-vous dans un restaurant assez chic pour le café, banlieue assez cossue, ancienne zone de l'industrie automobile maintenant fortement embourgeoisée mais pas totalement, in fine plus hétérogène qu'on croit.

Ce qui m'a frappé alors qu'il pleuvait à verse et bien entendu je n'avais pas de parapluie puisque il pleut sans crier gare maintenant) c'est le formidable changement del'urbanisme, qui inscrit dans la pierre l'esprit d'une société; au temps jadis vous aviez des portes cochères, des auvents, des recoins pour vous abriter; aujourd'hui grilles, portes avec code(s), caméras partout (vous trouvez tout çà euphorisant?).

Un article du journal "le monde" de mardi dernier, signé par un sociologue montrait aussi que le mobilier urbain exprimait l'idéologie de cette "société" d'atomes juxtaposés: dans les stations du métro parisien, plus de bancs mais des sièges métalliques, des barres horizontales pour s'y appuyer, sans compter les deux lignes automatisées qui elles ont toujours fonctionné (suivez mon regard: c est ce qui nous attend: plus d humains et "débrouille-toi").
Encore une fois inscription dans le concret des "valeurs" actuelles: chasse aux "pauvres", auc désoeuvrés, aux marginaux (au fait qui les fabrique, ces gens? 3500 sdf comptabilisés à Paris intra muros; le record de l'année;  autre chiffre (hélas): la délinquance a explosé sur le 15ème malgré caméras et vigik.

J'aimerais teminer par la révolte des salariés de la sncf: au delà de la réforme des régimes de retraite et de la fin programmée des régimes spéciaux, c est tout une culture sncf qui est visée, avec sa dignité, sa noblesse, ses traditions qu'on méprise en haut lieu, ses gens du rail, fiers de leur "métier"qui réunit les régions de France; je crains qu'il faille en parler au passé dans un futur proche. 

A la place plane l'ombre des machines, de l'homogénéisation de tous (on remarquera que les chiffres à quoi on réduit les humains, on les retrouve partout: je rappelle qu à la mort de ma mère, alors que nous nous rendions pour constater le décès, l'"hôtesse" nous dit en guise de mots de compassion "chambre 103 (ou 203)" peu importe; ma mère n'était plus un être humain dans la bouche de cette femme (tu aimerais que l'on traite ta mère ainsi toi? Eh bien et j'ai des frissons quand je dis çà: peut-être que tu n'en aurais rien à cirer; mais ma mère pour ces "gens" était une unité comptable; ce qui "comptait" c'atait le manque à gagner et le dégonflement du "taux de remplissage" de cet établissement, source de profits géants. 

Pour comparer, que l'on pense à une scéne déchirante d'Homère il y a trois millénaires où Achille pleure son ami Patrocle. Progrès évident de l'humanité.
Ce , je le rappelle, n'a aucune prétention autre que de dire ce que je ressens en particulier de ce que j'ai sous les yeux; j'observe que la crise existentielle de la France s'inscrit dans la crise de l'Europe et de l'Occident (cf la victoire tapageuse  de Boris Johnson qui va briser l'unité du Royaume dit "uni" et generer une crise profonde de son économie ), dans la crise de la planète.

Les causes vont bien au delà de ce gouvernement honni qui passera comme les autres, ma seule consolation; il y a à notre crise systémique plusieurs motifs qui se compénètrent et se renforcent les uns les autres.

La technologie toute-puissante, la recherche effrénée du profit, les égoïsmes individuels et collectifs (que ce gouvernement clivant attise: "diviser pour régner" pour le coup, c est vieux comme le monde"; parlez-moi du "nouveau monde"), la paranoïa engendrée par la peur et la faiblesse du Moi sous des apparences de force, la haine de la différence, le saccage des valeurs s'entremêlent dans un écheveau étouffant.

Au fait qu'est devenue la noble devise de la République, socle de ce pays qui fut à l'avant-garde autrefois du progrès social et moral.

Liberté: non, nous pensons nous exprimer mais nos propos sont des échos dans notre petite chambre d'enregistrement de la Voix anonyme.

Egalité: non, quand d'aucuns sont fiers de se classer au firmament des plus grosses fortunes et quand un enfant du 93 n'aura aucune chance d'avoir un emploi.

Fraternité: non, puisque la délation est encouragée, que les femmes sont souvent réduites au rang d'objet à la merci de pervers narcissiques ou autres, que les classes sociales se barricadent et se livrent à une course folle dans la compétition économique.

La guerre de tous contre tous, disait Hobbes.

Le socle républicain n existe plus et j ai peur pour les générations futures; déjà l'espérance de vie stagne en France, ce pays qui fut à l'avant-garde de la médecine autrefois.


Allez! Joyeux Noël!

 

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