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Choses vues entendues sues
10 mai 2019

Exotisme, quand tu nous tiens...

Une surprise ce matin m'attendait: le nombre record de vues de ce blog, du dernier post, qui n'est pas particulièrement réjouissant...


Sinon, je ne voyais pas trop ce que je pouvais dire ce matin sionon les banalités du quotidien, le trivial de l existence: consultation chez la spécialiste qui de plus en plus me dit des choses que je savais déjà mais opère alors d une part l autorité du médecin tant il est vrai qu'un énoncé n'acquiert sa valeur et son efficacité qu'à la mesure de la qualité ou de la qualification de l'énonciateur. Mais aussi, le regard du tiers est fondamental; on ne peut se voir soi-même, sans les multiples biais de ce regard. Il y faut une attestation extérieure, un ou une confirmation ou un démenti alors à discuter.

Repas chez le petit vietnamien Sen, branché sans tralala; cuisine exotique, "genuine", sobre et digeste pour moi. Le patron me fait un sourire; je suis "reconnu" quelque part. Et surtout, ce restaurant du "nouveau Viet Nam" met en branle tout un imaginaire subliminal, celui de cette France disparue à jamais, engloutie corps et bien, celle du second grand empire colonial disparu; étant enfant, la couleur violette de la présence française était répartie sur l'Afrique, l Asie, l Amérique. Non que je sois un colonialiste; que l on me comprenne bien. Non, une fois de plus la fibre nostalgique est touchée et un monde disparu revit, réel et fantasmes mêlés.
Indochine des cartes postales de mon père...fumeries d opium, ruelles encombrées de l'antique Saïgon, soupes avalées en plien air, "indigènes" accroupis: j ai remarqué qu il y a ainsi à travers toute l Asie une gestuelle homogène: on salue en rapprochant la paumes des mains et en les recourbant vers l avant; noblesse de ce salut; manière spécifique de se tenir accroupi mais, à la réflexion en Tunisie dans le bled il en était ainsi; mon étudiant chinois qui faisait mon ménage se tenait ainsi pendant la pause sans fatigue...Je finis par croire qu il y a dans cette gestuelle un fondement rationnel; de fait c est paraît-il reposant et bon pour le système digestif,je le crois. Pas très élégant du moins pour un regard occidental.

Saïgon, son quartier chinois de Cholon, ses femmes graciles au pantalon flottant noir et à la longue tunique soyeuse; vieillards calmes; enfants en grappe se chamaillant gentiment...

Quartier européen aux belles artères bordées des riche villas européennes, cathédrale blanche à la française et le Mékong là-bas, en majesté...

Je reste un orientaliste après l'heure et mon imaginaire se nourrit encore de cet Orient de pacotille...

Le Viet Nam a beaucoup changé et 'est peuplé; quelques vieilles personnes se souviennent. La guerre, le Viet Minh, le moine-soldat Thierry d'Argenlieu, la terrible défaite française de Dien Bien Phu, cette cuvette devenue enfer. Mais les "petits asiatiques" se sont battus comme des lions. Et enfant j ai suivi les derniers moments du camp retranché et ce gros titre: "Dien Bien Phu" est tombé dans tous les journaux?. C était un moment historique qui devait donner le signal de la fin  dune époque.

Marguerite, la grande Marguerite, la Duras devait évoquer dans "l'amant" sa propre enfance malheureuse sur cette belle terre d'Asie, avec son écriture nerveuse, sèche, tendue, parcourue par une sorte d électricité...

C est un peu tout çà que je mange en allant chez Sen.

Asie, tu m auras fait rêver et tu continues à le faire ici, à Paris au 21ème siècle avec cette nouvelle vague d immigrants de l ancienne Indo-Chine.

Un ami vietnamien me faisait observer non sans fierté que son petit peuple avait vaincu Chine, Japon, France par sa seule ingéniosité  au milieu de tueries épouvantables, mais cet homme maître ès arts martiaux et un peu thaumaturge avait dans ses intonations, avec l accent de son pays,  la gouaille d un titi parisien.

Et évoquant un voyage dans son pays d origine il s amusait en me faisant observer qu il se trouvait très rouspéteur parmi ses "frères de couleur" de là-bas, comme les français...

Il reste plus qu on ne croit de la France dans les ex-colonies; je suis très ému de constater sur le site Linkedln entre autres que la langue et la culture française restent celles des élites locales dans la Maghreb.

Je crois percevoir même chez les jeunes générations une admiration non exempte de rancoeur pour l ancienne puissance.

Tuer le Père a un prix, le remords et la culpabilité. 

 

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Commentaires
M
Vous avez bien fait de décompresser dans ce restaurant japonnais. L'histoire des Cambodgiens je la connais bien. Notre ami Bun en a beaucoup souffert et nous a montré les trâces de chaines à ses jambes. Il nous a raconté tout ce qu'il a subi, c'est justement à mon voyage au Cambodge, il était mon guide, j'ai sympathisé avec lui car il m'avait beaucoup touché par ses tristes histoires, qui me rappelaient les récits de mon GP avec la guerre de 14. Je lui ai suggéré, de collectionner les adresses des français avec lesquels il avait sympaihisé et d'organiser un périple en France de famille en famille. Il a mis 13 ans pour venir et depuis il a fait deux fois le tour de la France et de la Suisse en suivant mon conseil. Nous correspondons avec lui, son épouse est génycologue là bas. Un couple très sympathique, j'avais fait pareil avec un guide Turc avec lequel j'échange toujours après 20 ans. Vous voyez je suis très fidèle en amitié. Bonne soirée et à bientôt Edith
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M
Bonjour Jean Louis,<br /> <br /> Nous avons décidément beaucoup de points communs. L’asie a toujours été l’un de mes rêves. Enfant, j’en rêvais. Surtout le VN . Le Cambodge aussi. Devant une émission télévisée dans les années soixante je me suis jurée d’y aller et j’y suis allée : Thaïlande, Vietnam Cambodge, chine. J’y ai gardé des amis là bas. Le VN m’a attiré encore plus, souvenirs d’amis de mes grands parents. Ensuite un beau père officier la bas. Les beaux films vus dans les années 1980, le livre de Duras et surtout dans mon enfance les visites à l’atelier de mon grand père de la famille d,Argenlieu qui nous parlait de leur fils . Cette culture m’a toujours fascinée . Jusqu’au point de vivre quelques mois avec un vietnamien très instruit, aux conversations passionnantes , nos chemins se sont séparées car nos cultures étaient trop différentes mais nous sommes restés grands amis. Alors oui le V N me parle et je l’aime. Je reçois toujours une amie de ma fille Annabelle qui est venue faire plusieurs stages dans les hôpitaux français Ha, est maintenant médecin cardiologue dans son pays et chef de service. Elle nous considère comme sa famille française. Alors merci d’avoir parlé aujourd’hui de ce pays. À bientôt jean Louis. Edith
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