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Choses vues entendues sues
29 avril 2019

Comment se reconstruire?

Très belle interview d'une journaliste ce matin sur Culture d'une journaliste quia écrit un ouvrage sur la ville d'Alep en Syrie, ville historique, rêve des orientalistes qui a été rendue méconnaissable par une guerre qui dure depuis tant d'années. 
L'interview a été rondement menée par Tewfik Hakem, voix familière sur cette station (que serai-je moi, dans ma solitude plus forte que jamais, sans cette station?) et la journaliste m'a touché parce qu'elle parlait en femme émue plus qu'en tant que journaliste; son objectif? Faire parler les jeunes habitants de la partie de la ville anéantie. La vibration de cette voix, les interludes de musique orientale, la voix de muezzin d'une star de la chnason de là-bas, l'implication de l auteure m ont fait sentir la cruauté de la vie pour certains; mais les jeunes peuvent se reconstruire à cause de leur âge mais je pense que le trauma restera.
On me permettra d'apporter un témoignage personnel; j ai connu un ancien ambassadeur syrien dans mon ancienne loge. Cet homme souriant (?) évoqua un grand poète de son pays dévasté; je ne connaissais pas, à ma honte...
Cette journaliste qui a laissé parler son coeuur simplement a fait surgir en moi cet Orient éternel chanté par les écrivains Fromentin, Flaubert, et les peintres, surtout l extraordinaire Delacroix. La musique n est pas en reste avec le superbe opéra "Aïda" du Maître italien Giuseppe Verdi (je n oublierai jamais son flamboyant"Requiem").
Mon Orient à moi, celui de mon enfance et de ma jeunesse se réveilla comme une belle endormie. Et moi aussi j'ai éprouvé là-bas cet exotisme et ces sortilèges de l Orient; il n est pas besoin d'être à l extérieur pour ressentir l'étrangeté des lieux et des êtres. Quartier dit "réservé", médina (la ville en arabe), souks labyrinthiques, personnages vétues de djellabas, les marocains, gardiens d'immeubles européens, ces odeurs de grillades avec ce fumet de graisses chaudes, pas celles des Juifs, de pâtisseries tièdes enduites de miel, le coup de canon annonçant Ramadan, les cortèges accompagnant le jeunes garçons pour la circoncision, les corps revêtus de linceuls trarnsportés et accompagnés par des hommes, les cars stoppant devant le domicile de mes grand-parents avant de repartir pour le bled, là-bas très loin...avec ces noms inconnus et compliqués, vers le grand Sud...

 

Il n est pas beoin d être étranger pour l être...

Mais revenons à ces jeunes détruits comme leur ville. Ils devront se reconstruire, forcément.

Et je me suis retrouvé comme parmi eux; moi aussi j ai du me reconstruire mais plusieurs fois dans ma vie chaotique: après ma maladie qui m'a affaiblie au point de ne plus tenir debout, après la mort de ma tante, après le ratage de la "communion" comme on disiat, après le mariage de mon frère qui fut pour moi aussi dévastateur qu un deuil, après mon insatallation chez mes parents à 26 ans (l immense stupidité de revenir habiter chez eux alors que j avais d abord vécu chez mes oncle et tante en m émancipant quelque peu).

Aujoud'hui alors que je vis la ghettoïsation obligée et douloureuse due à mon âge, je me suis identifié aux jeunes syriens établis ailleurs ,loin de leur ville disparue. En Turquie, en Allemagne, en France, en Suède?
Nous sommes tous habitants de lieux et habités par eux...

Mais peut-être pour me consoler me suis-je dit; est-ce que toute la vie n est pas une suite de reconstructions?

Mais qu est-ce que reconstruire?

Je pense à l exemple de ND de Paris.
Notre esprit à nous, les humains est à l'image des sédiments en géologie, d un empilement de mémoires, comme d'un chantier permanent; il nous faut être les architectes de ce chantier parfois en sommeil, parfois plus agité.
La vieillesse est le lieu par excellence de ce procès de destruction-reconstruction; un peu comme chez les ados (et ados prolongés d à présent).
Mais chez les personnes âgées le chantier est lourd, difficile, contraint, aléatoire, borné par le temps; il est plus vaste avec des ressources plus limitées et il est plus douloureux si l on traverse comme moi en ce moment un désert affectif.

Ces jeunes syriens si magnifiquement approchés par cette femme sont un peu mes "cousins" mais un peu seulement.

Ils ont pour eux le dynamisme de la jeunesse et la pulsion de vie, les rêves et les projets de leur âge.

La vie est projet dit Sartre.

Pour qui? Pour qui? 

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Commentaires
M
Bonjour Jean-Louis,<br /> <br /> Je pense très souvent à ces jeunes réfugiés, que certains rejètent systématiquement, sous prétexte qu'ils ont quitté leur pays et pour cause : oui ils y arriveront à se reconstruire mais n'oublieront jamais. <br /> <br /> La vieillesse est très difficile à supporter et à traverser quand on est seul sans affection. Et je comprends, je n'ai plus de famille avant moi, mais j'ai des enfants, j'ai fait le choix d'en avoir, mais ceux qui en ont qui ne viennent plus les voir ou très peu, ceux là vivent la même solitude difficile que vous, ils s'en accommodent , ne disent rien parce que justement ils ont personne pour partager cette peine. Mais vous savez ils sont très nombreux, ce n'est plus la mode de prendre ses parents comme dans les pays asiatiques chez soi. Tous n'ont pas de bons enfants, certains se sont éloignés volontairement ou pas, d'autres leur temps et leur priorité ne sont pas leurs parents et les laissent seuls dans un "coin" . La jeunesse est devant eux, la vieillesse plus devant eux. Alors courage, Jean-Louis, il y a des personnes qui pensent à vous. A bientôt<br /> <br /> Edith
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