Le monde que j'ai connu
Aujourd'hui, un air de tristesse m'envahit je ne sais pourquoi...Et d'ailleurs, soyons honnêtes sait-on toujours et vraiment pourquoi on est triste; les temporalités se conjuguent et fusionnent; c est souvent un écho du passé qui ouvre à un passé plus lointain qui lui-même nous emmène vers un temps plus reculé etc.
Je puis déjà dire deux choses que je sais à peu près: outre cette période de forte solitude dans la solitude, il se trouve que j'ai visionné un documentaire terrifiant, je dis bien un documentaire, point un film d'horreur, un reportage sur la respectable chaîne Arte qui a toujours eu mes faveurs car à la qualité de l'image se conjoint celle du professionnalisme de l'information.
Voici: un documentaire sur l'épidémie de consommation d'un médicament à base d'opium, un anti-douleur aux USA, l Oxycontin; cette épidémie dont les spécialistes ne savent plus que faire pour l'enrayer; une toxicomanie dure qui s'ajoute à d'autres plus "conventionnelles". Je pense au trafic d une autre substance moins "violente" la marijuana venue du Mexique voisin.
Je passe sur les détails...
Ce pays que j'ai tant aimé, que j'ai visité trois fois, qui m'a fasciné dès les premières années de ma vie avec sa formidable culture populaire véhiculée par Hollywood, les comics, Coca-Cola (du balcon de chez moi, sur la droite une fresque géante du groom Coca-Cola tout souriant; cela m'a tant marqué que dans mon ouvrage de nouvelles j en parle); les cousins d'amérique n'ont pas manqué. Je l ai eu déjà, dit dans ce blog: des parents éloignés tenaient un restaurant à La Brea, grande artère de Los Angeles, "Un coin de Paris" avec au menu de tel jour...un couscous tunisien! On dit que les stars y venaient régulièrement. Cette Amérique-là a littéralement façonné mon imaginaire et ce signifiant portait pour moi, l'enfant taciturne et triste que j'ai été, toutes les visions d un ailleurs où les rêve devenait réalité.
Mais le documentaire d'hier sur la Virginie Occidentale est venue fracasser l'image des mes rêves, celle qui m'a aidé à vivre et sans doute empêché aussi de me laisser mourir pour rejoindre la tante qui m'aimait dans sa tombe.
Je me doutais que les USA n'allaient pas bien, ayant déjà visionné des documentaires mais à ce point de déchéance non ;je ne pensais pas qu on en était là chez l Oncle Sam.
Imaginez des villes moyennes et de petites ville typiques avec ses feux suspendus à un fil, ses pavillons et ses immeubles de bureau; jusque là rien de nouveau mais ce qui frappe c est la population hagarde, dépenaillée, souvent obèse (l'obésité est devenue dans cette triste époque un marqueur de la pauvreté), titubant plus que marchant, vieillie prématurément, les voitures de police et les ambulances sillonnant les rues à moitié désertes. Mais en plus ces roulottes (?), ces taudis, ces meubles dont personne ne voudrait ici, éparpillés sur des terrains vagues...
C est çà l Amérique de Trump et sans doute d'un peu avant. Un pays du Tiers Monde...
Tout celà me fend le coeur, m'insupporte, me donne envie de crier. A quoi bon? Ce pays va mal et continue à aller mal et sa population bascule dans la précarité: les indicateurs du bien-être chutent vertigineusement: motalité, morbidité, scolarisation etc
Bien entendu, et les chiffres sont accablants: les inégalités socio-économiques sont là-bas vertigineuses. Je suppose qu une héritière du New Hampshire aligne les zéros de sa fortune; tel de ses concitoyens du Wyoming cherche sa nourriture dans les poubelles en attendant d'être retrouvé mort dans sa voiture victime d un arrêt cardiaque du à la prise de l Oxycontin, l anti-douleur qui tue: 200.000 morts/an.
Comment en est-on arrivé là?
Le capitalisme mondialisé, la féroce guerre économique actuelle, les délocalisation obligées, la cupidité, l explosion des familles, la montée de l indifférence couplée à l égoïsme sans précédent que nous vivons partout jouent leur partition mortifère. Dans l'exemple précis de l Oxycontin (et d'autres molécules tueuses) les puissants groupes pharmaceutiques experts en lobbying ont leur responsabilité.
Mais c est bien ce système qui met au dessus de tout le profit rapide qui dicte sa loi.
Face noire du libéralisme; l Amérique des années de gloire que j ai connue avec l euphorie consommatrice des années 50, les Cadillac, les frigos (mon enthousiasme à l achat d un General Electric à la place de la vieille glacière), les magazines de mode sur papier glacé, les gratte-ciel qui me faisaient monter au ciel. (Il y a toujours des gratte-ciel mais plus que jamais des sièges de firmes géantes qui empoisonnent le monde ou l emprisonnnent (réseaux sociaux prédateurs de notre intimité)
Certes je n'ignore pas, avant, les années terribles de la Crise de 29....Mais Roosevelt a pu ranimer le pays moribond et la guerre a contribué paradoxalement à sauver le pays. Mais je sais aussi cette vieille règle de ce système: avancer toujours et accroître la profitabilié. L humain sera bientôt inutile...
Mais aujourd'hui nous avons sous les yeux la lente chute de l Empire (cf les films du canadien Arcand).
Mais aujourd'hui la France et tout l Occident s enfoncent dans les abysses.
Il n y a pas de morale dans le capitalisme de toujours et donc encore plus de celui du 21 me siècle: profit d'abord.
Et l image du manège infernal revient me hanter, un manège lancé à grande vitesse et à vitesse grandissante.
Soit tu peux suivre et tu restes dans le manège soit tu ne peux pas et bye!
C