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Choses vues entendues sues
26 juin 2018

Ivresse de la technique

Je suis toujours à râler ici de la technique envahissante et sans cesse en mouvement qui nous contraint de nous y faire constamment.
Un exemple, un seul: lors de mon stage de méditation d une semaine dans le Jura (cela m a fait du bien cette escapade malgré de petits stress dus à ma distraction) parmi quelque 150 participants environ venus de toute la France, de tout âge, de toute profession, seules 17 personnes ont levé le doigt à la question: qui n a pas internet?
Une participante alors d'ironiser: " des sauvages, pas encore Internet!". Cette remarque manquant pour le moins de charité surtout dans le cadre d un stage de méditation inspiré du bouddhisme a chagriné une participante qui a fait observer ce manque de "compassion". L ironiste pour le moins dédaigneuse de rétorquer: mais je plaisantais. Ah! mais une plaisanterie est plu signifiante encore que les remarques "sérieuses".

Cet épisode m a fait beaucoup réfléchir et j en arrive au titre de ce blog du jour.

Ivresse; le mot m est venu à l esprit. Il se trouve que, éveillé trop tôt, j ai parcouru diverses propositions d installation d applications ( j ai un nouveau smartphone parce que l autre devenait vraiment obsolète, presque inutilisable). Et d installer fébrilement Périscope stootie et autres applications censées vous faciliter la vie (voir!)
J étais emballé de parcourir le monde in situ comme j avis été enthousiasmé par les webcams il y a déjà longtemps: New York, la ville que j adore, comme vue depuis ma fenêtre! La magie pure! Comment est-ce possible?

J étais emballé au tout début du net avec le moteur Alta Vista (oui un "ancien" d internet).

Mais voilà j observe deux choses: toutes ces innovations ne changent rien de fondamental quant à l essence de notre condition humaine; deuxio, l enthousiasme s éteint très vite comme chez un enfant trop gâté délaisse un robot perfectionné que ses riches parents lui ont offert; tertio, un point commun de toutes ces "nouveautés": leur côté superficiel et non fiable qui va avec la dérégulation généralisée de ce monde. Penser seulement à Uber et à la vaste dévastation du marché des taxis. Une concurrence échevelée met en péril des secteurs entiers de l économie et des emplois sûrs: encore un exemple: j ai un coiffeur, un vrai professionnel qui me connait et que je connais; certes les prix sont un peu plus élevés mais il a affiché rous ses diplômes en guise de garantie.
Des salons de coiffure "sauvages" ont poussé comme des champignons à des prix cassés. Résultat: mon coiffeur a du ouvrir son salon tous les jours sur des horaires très larges etc etc
Mon exemple le prouve; je ne pense pas être un fossile et pourtant ce monde du chaos, sans règles ni éthique, me fait peur.

Plus fondamentalement, ce mariage "réussi" de la technologie (je peux le faire, alors je le fais) et du libéralisme qui détruit toutes les règles et toutes les limites détruit les bases mêmes de notre culture.

Cela va plus loin, cette technologie qui échappe à ses créateurs tel le Golem de Prague, que le rejet de la lecture et plus largement la déconcentration de nos contemporains, bombardés de solliciatations, à ne plus pouvoir suivre (suivre et non précéder) et à ne plus distinguer le bon du mauvais.

Cela ouvre un abime que le philosophe Heidegger avait stigmatisé et théorisé avant les autres.

La technologie, pour lui, nous éloigne de notre humanité, dans sa richesse, sa puissance d imaginer, sa réalité (on dit de plus en plus "virtuel" qui pour moi signifie pauvreté des échanges, superficialité, indifférence)

Heidegger parle d oubli de l être et nous renvoie sans cesse à ce qui nous constitue: notre essentielle fragilité, nos limites, notre impuissance. Cela on ne veut plus le voir, on s enivre de technique comme on oublie ses soucis en buvant. On oublie et on se détruit en même temps...

Par là et je le ressens dans mon corps et mon esprit, la technologie est un puissant facteur d aliénation et de déshumanisation.

Comme tant de créatures que la science-fiction nous montre dans leur vrai visage: des artefacts qui se vengent de leurs savants-géniteurs fous en les dévorant.

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