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Choses vues entendues sues
15 avril 2017

La philosophie aide-t-elle en temps de détresse?

C est la question que je voudrais aborder ce jour. On nous dit (les enquêtes) que les français sont malheureux collectivement mais heureux individuellement; je suis peut-être bouché mais je ne comprends pas... en ce qui me concerne le bonheur est une idée seulement une idée ou un idéal ou un état disparu ou un état éphémère , comme un jour de ciel clair avec de grosses nuées au loin.

J'ai abordé dans ce blog qui m'est un ami silencieux ce que pouvaient m'apporter dans cet isolement presque absolu, l'art, la méditation, la culture...
Aujourd'hui j aimerais aborder l apport éventuel de la philosophie. Il se trouve que j ai découvert cette étrange discipline en Terminale puis en hypokhâgne; j aimais cette matière qui posait les "questions de toujours", celles en tout cas que je me pose depuis mes dix ans, suite aux traumas majeurs de ce début de vie. Questions que d'ordinaire des parents disponibles abordent avec leurs enfants; ce ne fut pas mon cas. Je n'ai pas eu la chance d'un Sartre ou d un Bernhardt au grand-père attentif et formateur... Je devais tout seul plonger dans ces questions du "pourquoi" et en particulier "pourquoi la mort" "pourquoi la souffrance". Un souvenir me revient là: dans le tramway à Tunis une jeune femme seule pleurait, pleurait et je ne comprenais pas, interdit et peiné...Je rappelle que dans ce pays et à cette époque, les deuils étaient "interminables" et les démonstrations de la douleur impressionnantes. Curieux ce sentiment de deuil qui a imprégné mes jeunes années comme une entêtante odeur de tabac imprègne vos vêtements; que de souvenirs funèbres: une cérémonie à la grande synagogue de Tunis, impressionnante, en mémoire d enfants morts dans une catastrophe aérienne, la double mort accidentelle d un couple fraîchement marié (j avais assisté peu avant à leur mariage très chic à l hôtel Majestic), les récits funèbres de mort insoutenable de ma grand-mère maternelle toujours très en verve à ce sujet, la mort accidentelle d un élève alors que j étais dans le primaire, etc.

La mort, énigme suprême de la vie, source de douleur infinie pour les survivants condamnés à l impuissance.

On peut imaginer l impact sur un  jeune esprit sensible et livré à lui-même...

La philosophie donc: je fus conquis d emblée par l ouverture que donnent à un jeune homme les analyses des grands auteurs: Pascal, Descartes, Bergson m'ont enthousiasmé et ému.

Bien mais on reproche souvent aux philosophes de poser des questions insolubles du type lien de l âme et du corps ou de débattre contradictoirement sue les mêmes thèmes. Certes mais a minima çà nous fait réfléchir, regarder différemment, nous distancer, nous enrichir et nous apprendre à analyser plus finement, plus lucidement, en compagnie des plus garnds esprits. C est déjà beaucoup.

J ai été condamné à philosopher pour paraphraser Sartre. Aujourd'hui encore je suis des cours de philo, l un sur l existentialisme sartrien, un peu répétitif (mais pourquoi pas? c est souvent ardu) et d autres sur le bouddhisme dans l éclairage de la phénoménologie et de Heidegger (je découvre ainsi ce penseur de notre temps de régression majeur via les enregistrements de Midal). Pour ce dernier, notre époque est terrifiante (il parle notamment des vagues de suicides froids dans les grandes firmes anonymes) car l Homme est instrumentalisé, réifié, formaté par la toute-puissante technique. Il dit notamment que la science actuelle ne pense pas, au sens où jamais elle ne pose les questions; penser c est questionner et s'étonner au prix d un inconfort certes mais libérateur. Les choses sont mieux dites par Midal; mais je sens trop bien la déshumanisation actuelle et la dictature douce que nous subissons sans même nous en apercevoir (quid de la démocratie, de l'éducation, de la morale à l heure, simple exemple, où on vous vide dans les 48 heures; et on trouve çà normal?!)

L'économisme triomphant et le néoscientisme et le technologisme qui va avec, nous anesthésie et nous chante une berceuse et encore pas pour tous (un sdf tous les cent mètres à Paris).

En bibliothèqu, j ai lu hier un livre entier de Gérard Edelmann sur le cerveau; j avoue ne pas avoir tout compris mais j ai fait effort d comprendre (ce n est pas le meilleur ouvrage d Edelmann; je lui préfère l'ancien "la mémoire et le cerveau" sauf erreur).

Que conclure?


Difficile tant le sujet est vaste et les thèmes pluriels. 

La philosophie, c est clair, ne m aide pas à vivre mais me contraint à penser à la hauteur des formidables défis de ce temps d apocalypse (je crois que le mot n est pas trop fort pas seulement à cause des terribles attentats). 

Lorsque je lis un penseur, je fais effort pour le comprendre, le plus souvent mais on n'a rien sans rien ("ce que tu veux faire tien, conquiers-le" Goethe) et je me sens comment dire bien d'avoir fait cet effort et d avoir surmonté un défi...

C'est peu mais c est beaucoup...

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