Sur la nature humaine et sur le mal

Je ne sais si je me répète mais tant pis ce blog sert à çà...aussi: décharger ce qu'on a sur le coeur (sur le ventre), dans la tête suremcombrée de scories de nos jours.
J'ose espérer que mon propos ira au delà de ces scories et m'aidera à voir un peu plus clair. Le thème étant: la nature humaine est-elle bonne ou mauvaise (oui je sais que çà fait sujet de philo pour Terminales et que ça peut paraître manichéen.

Mais c est la question que je me suis posée, certes confusément, très tôt dans ma vie, dès l' âge de cinq ans dans la détresse d'un enfant trop sensible. Voici: je me promenais avec mes parents avenue de Paris à Tunis; je tenais un beau ballon gonflable comme on n'en fait plus et il y avait grand vent ce jour-là et ce qui pouvait arriver se produisit; un grand coup de vent m'arracha des mains le ballon -rouge je crois- à mon grand désarroi; il roula sur la chaussée aux rares voitures; une traction avant Citroën comme on n'en fait plus, roulait à vive allure et stoppa net; un homme en descendit tranquillement, prit mon ballon et remonta dans sa voiture et redémarra.

Je venais, avec ce qui peut paraître peu de choses, de faire connaissance avec la méchanceté de l Homme.

Ce "vol", ce "viol", cette décision arbitraire, ce trauma pour un petit enfant relevant à peine d'une très grave maladie, cet arrachement imprévisible, cet acte inaugural me disait la hideur de l homme et me faisait éprouver pour la première fois dans ma chair et dans mon âme cette face d ombre qui habite l'espèce à laquelle j'appartiens.
Par la suite les autres manifestations du mal se sont manifestées comme déjà préinscrites dans cet évènement inaugural.

Depuis la question que je me pose sans cesse: pourquoi le mal? d'où vient le mal? Jusqu'à quand le mal. Quel sens le mal?

A l'heure actuelle nous sommes gâtés de ce point de vue, entre la renaissance des partis extrêmistes qui prospèrent sur ce terreau et la criminalité internationale, souvent d'autant plus redoutable qu'elle sait se faire discrète, les guerres civiles et internationales, les attentats, enfin (c est peut-être le plus lourd de conséquences) le saccage raisonné, systématique, irrésistible, suicidaire de notre mère la Terre.

Deux thèses sont en présence; celle de Rousseau et des rousseauistes selon lesquels l Homme est bon de nature et c est la société qui le corrompt et celle des pessimsites à la Freud pour qui la haine est plus ancienne dans notre évolution ontogénétique que l amour.

Je discutais récemment avec un ami avocat: pour lui l homme est un être foncièrement mauvais et il sait de quoi il parle de par sa profession (d'abord il fut avocat commis d office pour des affaires de délinquance) et de par ses origines; un juif d'origine polonaise (en Pologne rappelons-le après la guerre sur deux millions et demi de Juifs il en était resté quelque 30 à 40 000. Au lendemain de cette guerre, des Juifs survivants ont voulu retrouver leur foyer. Un pogrom monstrueux eut  lieu à Lidice. Sans fin ni trêve..

Au nom de l honnêteté intellectuelle, une minorité de citoyens polonais a sauve des Juifs.

Pourquoi cette haine?

Il faudrait des pages et des pages voire des bibliothèques entières ...pour ne pas épuiser un sujet torturant pour un esprit qui s efforce d être rationnel.

On peut répondre que c est ainsi, que c est inscrit dans nos gènes pour faire moderne, que ce mal est une manière pour l homme moyen de répondre au mal qu on lui fait, quitte à se "tromper" de cible (le bouc émissaire), comme pour rétablir un équilibre. On sait que dans les guerres les soldats rendus fous furieux par la mort d un camarade se livrent à de terribles représailles dans un cycle sans fin. Parfois une population en massacre une autre (Tutsi et Huttus). 

La Mal est de partout et de toujours, de tous et de chacun.

L'idéaliste (souvent de gauche: tous les hommes sont frères) versus le réaliste (de droite; l homme est foncièrement mauvais; il convient de brider sa méchanceté en instaurant un régime autoritaire)...

Je suis un idéaliste depuis toujours sinon comment expliquer ma détresse lors de l épisode du ballon? un idéaliste constamment déçu et qui se creuse les méninges pour essayer de comprendre cette mal(adie) de l homme ...Les femmes ne sont pas en reste; il n est pas possible de se rassurer de ce côté (cf les chiennes des camps).

Rousseau contre Voltaire. Leibniz contre Hobbes. 

Les grands textes, sacrés ou non, de l Humanité bruissent de carnages, de pillages, de violence.

"Seul contre tous" le Bouddha défend sa vision d un Homme porteur d une bonté originelle, d un joyau au fond de lui...

L empereur Ashoka, meurtier de masse dans ces époques reculées, se convertit au bouddhisme et changea sa vie et fit le Bien.

Mathieu Ricard nous dit que faire le Bien nous fait du bien, nous apaise, nous améliore.

Il semble que d'après la "doctrine" le mal proviendrait d une méconnaissance et d'un malentendu. 

L homme est mauvais de ne pas oser se lancer dans l aventure de la quête de sa nature-de-bouddha. Au fond de lui brille le soleil de la compassion.

Je me pose la question finale provisoirement:  c est donc bien que le mal est présent puisque c est suite à une longue ascèse qu il est possiblement extirpé?

Prenant un peu de hauteur et si le mal était une manière de nommer  certaines choses qui nous font mal parce que nous avons une idée du bien au fond de nous?

En reprenant la vision de Leibniz le mal est considéré comme tel depuis notre point de vue d homme et non d un point de vue plus global où mal et bien s équilbreraient dans une négation réciproque. Jeu à somme nulle dans un système cosmique.

Où on rejoint par un autre bout l'idéalisme qui croit opposé au réalisme qui voit.