La philosophie et moi

Vaste sujet ou objet plutôt!

Pour moi la découverte en classe de Terminale littéraire (cette filière est dévalorisée aujourd'hui, considérée comme un dépotoir alors que, jadis, c'était une filière noble où même les futurs étudiants en médecine s'engageaient, ne serait-ce qu'à cause de l'étude des langues anciennes) de la Philosophie a été une révélation, au sens religieux du terme; d'autres disciplines m'ont laissé indifférent, d'autres intéressé, la philosophie m'a passionné. Je sentais qu'il y avait là quelque chose de radicalement autre, pas tant des contenus pour se bourrer le crâne mais une interrogation sur le sens de la vie et de ma vie, alors qu' à l'adolescence la capacité de réfléchir est stimulée par l'énigme du sexe, du corps, du sens. Nous avons eu la chance d'avoir un enseignant passionné, engagé, faisant corps avec son discours pour mieux dire. 

Ce cours était plus qu'un cours, une leçon de vie...C'est dire que je fus enthousiasmé par tant de découvertes venues d'un coup. Il est vrai que depuis longtemps j'étais comme M.Jourdain, philosophe sans le savoir et très tôt je me suis posé les questions qui font mal parce que, chez moi, rien n 'est allé de soi...

J'eus de bons résultats en toute logique et j'ai gardé cette fibre au point que jusqu'à aujourd'hui je suis tout excité à la perspective de suivre des cours. Ainsi hier j'ai poursuivi l'assistance au cours "magnétique" de Lavis sur le bouddhisme au miroir de la pensée de notre temps. Le conférencier nous a montré avec brio les contresens que l'on pouvait faire ne se contentant de traduire les textes fondamentaux (la traduction en elle-même pose de difficiles problèmes). Hier, Husserl, Lévinas et la phénoménologie étaient convoqués pour comprendre des écrits de 25 siècles s'adressant à des cultures étrangères à la notre. 

La notion de "il y a" fut disséquée. Le Bouddha était d'abord celui qui veille plus que celui qui est éveillé. Veille au sens de ni endormi ni focalisé celui qui est dans le "c'est ainsi". Lévinas a développé de longues pages sur l'insomnie. On ne fait rien, on est là et les choses sont là, il y a coprésence sans qualités. Un rappel très dense nous a été proposé de la phénoménologie et de ses analyses très fines de la conscience. La conscience c est le dedans et corrélativement le dehors; il n peut y avoir de dehors atonome de nous et immanence et transcendance sont deux mots qui reviennent au même car l'objet n'existe que pour une co,science même absent car  s'il est absent c est qu il peut être présent. Voir quleque chose c est l'habiter et être habité par elle...Le mode c est moi et chaque moi peut en dire autant.

Le Bouddha est une homme qui s'est réalisé parce qu il a réalisé le monde, rendu réel et rednat réel. ni tendu vers le monde ni absent du monde mais veillant comme une lampe veilleuse. Comme un être qui veille sur nous. D'où la bienveillance. Je suis présent pour les autres sur lesquels je veille (une mère veille sur son enfant) avec compassion, responsabilité...

Je n'ai pas la subtilité de Lavis qui du reste reconnaît la difficulté des textes de la phénoménologie. Au passage il critique Descartes et sa séparation ontologique d'avec le monde, son solipsisme "désespérant".

La conscience seule n a pas de sens sans le monde qu'elle connaît (naît avec)...

Me voilà loin de mes soucis et de mon anxiété actuels.

Justement une page du site médical de ce jour traitait du sentiment d'abandon où je me reconnaîs. On conseillait de s'adresser à une spécialiste ce que je fais. Il semble qu'il y ait à la base un sentiment de dévalorisation de soi que l'autre vient réduire. Mais je sais tout çà...

Et pourtant...

Une foi de plus c'est l écoute d un enseignement qui me fait évader de mon tourment. Comme un élargissement de la conscience mais le problème est que cela ne dure que le temps du cours. Moi avec moi et le tourment reprend.

Avez-vous une solution?

Ou est-ce que je ressens la déréliction de la condition humaine, celle de tous, avec trop d'acuité?