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Choses vues entendues sues
9 février 2017

Une pause

Une pause dans mon tourment; avant-hier malgré des ennuis pratiques, le récital de piano à l'Institut Goethe de Paris avec ma copine germaniste m'a fait oublier mes tracas ; de même ai-je bien agi hier soir en me rendant à une séance de méditation collective animée par MIdal qui ouvre un centre à Montréal. Beaucoup de monde, plus que je prévoyais étant donné le froid humide persistant et la morosité ambiante qui enferme les gens chez eux. J ai pris mon courage à deux mains car je m'étais endormi après avoir continué la correction de copies et me suis rendu dans  le 14me arr, boboïsé. Beaucoup de monde, des jeunes et des femmes pour la majorité. Je me suis assis sur une chaise n'osant me mettre en tailleur au centre de la salle.
Midal, toujours en forme (comment fait-il, entre deux conférences, des livres qui paraissent en jet continu, des voyages ici et là, ses activités éditoriales, l'organisation de ses enseignements. Il a d'abord évoqué son enfance difficile, sa scolarité des plus moyennes, le non-dit pesant des siens sur la Shoah et la méditation qui l'a tiré de ses difficultés existentielles.

Le thème général de la soirée était: "foutez-vous la paix"...Dans le sens que, à notre époque, selon lui, de nombreuses pressions pèsent sur les gens (je regrette qu'il ne pense qu'aux personnes actives; et les autres? Il est vrai que les pressions pèsent aussi sur ces personnes; il FAUT être actif, se soigner, être au courant, se cultiver, manger cinq fruits et légumes / jour, etc). Ces pressions sont d'autant plus pernicieuses qu'inconscientes, intériorisées, automatisées, intégrées comme "normales et naturelles. Cf la Fatigue d'être soi.

Séance de méditation sans consignes particulières ensuite puis questions de la salle et réponses. J ai moi-même posé une question: pourquoi cette locution argotique? Midal a répondu qu elle s'est imposée à lui.

Il est à noter aussi en relation avec une question que, bien entendu, si on a un travail précis à effectuer on est bien obligé de le faire...Mais au préalable il est préférable de préparer le terrain en quelque sorte en se débarrassant des normes puissantes qui sévissent dans nos sociétés de la performance. En sport, Midal a mentionné le tennisman, Federer qui a compris cette importance de se foutre la paix, de se laisser aller ...

Cela peut déconcerter, cette absence de consignes, de recommadations, de "recettes" pour aller mieux. Mais au fond qu y a-t-il au delà de cet "aller mieux"?

Il est remarquable que Midal évolue constamment dans son enseignement en suivant les changements rapides de la société; à des questions que les gens se posent par exemple sur leurs enfants, une forte dépression, etc Midal a souligné en quoi les normes, les évaluations, les comparaisons qui sévissent actuellement sont une violence faite aux individus et font le lit du mal-être actuel. De manière réaliste il a pointé que ce "foutez-vous la paix" dans la méditation et hors d'elle était une base sur laquelle par après on pouvait répondre aux exigences obligées (il faut bien gagner sa vie) de la société marchande mais dans un esprit libre.
Il est possible que des gnes en quête de sensationnel, de résultats (le culte du rendement, de l'efficacité à tout prix etc), voire d'un exotique merveilleux (le bouddhisme, les effets "miraculeux") aient été déçus mais Midal adroitement comme pour prévenir les déceptions (c'est trop simple tout çà, trop clair; il se moque de nous...) a reparlé des retraites et de séminaires où on creuse les fondements de la pratique. 

Sans doute y a-t-il un fondement dans ce "foutez-vous la paix"? La société est de plus en plus exigeante et demande toujours plus. Les magazines, internet, résonnent de conseils, recommandations sur la sexualité, la beauté, la vie saine, etc.  Les élèves sont soumis à des injonctions  souvent contradictoires. Je ne sais si j'ai déjà parlé d un élève à qui le prof de français avait changé à la dernière minute les consignes de l'oral...

A mon avis, le problème le plus grave est la non-conscience de cette dictature molle (elle l'est de moins en moins du reste) qui peu à peu envahit les consciences; de manière involontaire, nous consentons. Un exemple personnel: l amie dont je parlais, prof retraitée me bombarde de questions sur les expos qu il faut avoir vus, les voyages qu il convient d avoir effectués , les films qu il est nécessaire d avoir visionnés. Une sorte de surmoi culturel auquel sacrifier pour être dans la course. Cela m est égal car je me contente de livres, d émissions de télé rares et de mes cours.

Je me suis en revanche reconnu dans ce passage de la causerie où Midal a pointé notre difficulté à accepter tel ou tel aspect de notre être sur le mode de la comparaison incessante et le plus souvent en notre défaveur. J aurais voulu être aussi intelligent, aussi beau, aussi jeune qu un tel  etc. Ou autre version: je ne suis pas à ma place ici, trop pauvre, trop riche, trop beau, trop laid, trop ceci pas assez cela. Midal a insisté sur ce nécessaire et vital droit que l'on se donne à être. Ce qui rejoint la formule sartrienne du sentiment d être de trop. Exister c est  d'abord s'autoriser à exister tel qu on est et qu on nait, avec ses limites. Accepter. Et dans cettte acceptation authentique l on reconnait la voie moyenne du bouddhisme. Quelque part la vérité de son être c est ici et maintenant, pas ailleurs, pas autrement, pas avant, pas après. Simple oui mais plus profond et efficace que çà en a l air.

Et quelque part ce discours culpabilisant est celui de la société actuelle sans repères ou plutôt insidieusement normalisatrice et homogénéisante donc avec d autres repères, ceux du commerce, de la gestion, du politiquement, esthétiquement, moralement correct; ces repère eux mêmes dictés par la mode à nouveau le big business sans frontières aux expertes autoproclamés. Chaque secteur de la vie est pris en charge par le ON omniprésent diffusé orchestré sans fin par les médias et les leaders d opinion du jour.

Le paradoxe est alors le suivant: pour être vraiment moi-même je me dois d être comme les autres et sitôt que je suis comme les autres un changement siurvient ( c'est l injonction sans fin mais avec finalité du commerce) et je dois de nouveau suivre le changement jusqu'à plus soif.

La comparaison obligée est diktat et le pire des dictateurs est en nous...

Héontontimorouménos bourreau de soi-même titre d une pièce de Plaute sauf erreur. C est plus vrai que jamais mais beaucoupplus grave et subtil. Souffrir, dit-elle (paraphrase de Duras) ou dit-il.

La méditation ou l'attitude de méditation serait alors uen prise de conscience de la servitude volontaire.

La pire.

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