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Choses vues entendues sues
23 novembre 2016

La difficulté du lien

Je me répète souvent et j' en ai conscience; une fois de plus c'est du lien social et de sa difficulté en ce début de siècle tout particulièrement dans cette ville que je parlerai...Je précise d'emblée (ou je rappelle pour mes visiteurs éventuels) que je ne suis pas natif de cette ville. D'où sans doute ce sentiment vif qui s'accroît, l âge aidant? En outre, ici depuis les années 60, j'observais déjà la réserve, pour être aimable des gens, des voisins, par exemple; j ai encore à l'oreille ce que me disait ma tante chez laquelle j étais hébergé dans un appartement minuscule au second étage d'un petit immeuble ancien et charmant dans le quartier Rhin et Danube, dans le 19ème arrt (Buttes Chaumont, superbe parc aux allées accidentées pas trop loin): "ici c est bonjour-bonsoir". Voisins peu nombreux pourtant, certains aux patronymes italiens, vieilles personnes et quelques familles. Mais à l'époque j'étais plus jeune, tout à ma découverte et les priorités étient tout autres. Ce qui me choquait surtout, c'était les poinçonneurs du métro passant leur temps à valider les tickets. Pour moi comble de l'aliénation. J ai l impression de parler de temps archéologiques tant le monde a furieusement changé.

Mais ce qui n'a pas changé, c' est la froideur de cette population, encore plus forte, y compris les habitants étrangers qui "s'adaptent"; je ne me suis jamais adapté.

Existe-t-il une ville au monde où vous pouvez rester un demi-siècle dans le même immeuble sans établir des contacts qui iraient au delà de "bonjour-bonsoir-merci"? 

Un simple exemple: hier je suivais le cours hebdomadaire de philo et le cours s' est animé sur la fin; le professeur disait son inquiétude face à la probable élection de Fillion, chantre de l'ultralibéralisme (500.000 fonctionnaires à la porte....); et moi d échanger avec ma voisine de cours sur l état de l' enseignement en France. Désastre national et général; j' en sais quelque chose... Il a été mis fin par mon interlocutrice à l échange avec un "aimable" bien au revoir Monsieur. A croire que tout le monde ici a des choses à faire, plus urgentes, plus agréables, plus utiles que l'échange entre deux personnes...Je me suis interrogé sur les motivations de la réserve des habitants de cette ville de pierre (les monuments et les habitants que j assimile à la pierre). Si je regarde les choses "positivement" je me dis que ces personnes pensent qu'échanger, c est risquer d' indisposer, de s' imposer, d' empiéter sur le quant-à-soi, sur la vie privée, sur la liberté (liberté, liberté chérie..). Négativement, j y sens, venu d' une ville et d un ayas où les rapports étaient simples, spontanés, vrais, une méfiance, une peur, un égocentrisme maintenant potentialisés par les techniques de non-communication actuelles.

Je peux multiplier les exemples: à quoi bon? qu'on ne me dise pas qu en province c est mieux; j ai des exemples du contraire.

Comment est-ce dans les pays nordiques, réputés froids, en Grande-Breatgne où, paraît-il, les gens respectent la "privacy", aux USA?

Je ne comprends pas: ici on a l'impression que si par "miracle" on vous fait entrer chez un voisin (encore heureux que vous l ayez croisé...) vous pénétrez dans le Saint des Saints. Espace sacré...et dédié à ses euls occupants. Je na ia rassurez-vous commis aucun sacrilège sauf par néxessité (lorsque je donne mes cours bien obligé de "m'accueillir")

Je sais bien; on peut répondre: vous n'êtes pas contents, partez. J' y ai pensé, mais maintenant c est trop tard; on a vu le coût psychologique d un simple déménagement dans le même quartier.

J essaye de comprendre, de faire marcher mon empathie; j espère en avoir un peu...Il me semble que l autre est perçu comme facteur de désordre, cause possible d ennuis, d "embêtements". Je me demande si l orgueil ne joue pas un rôle d'origine historique...

L autre n'est pas le possible porteur de valeurs, un "alter ego", une possibilité d enrichissement. Non, c est une gêne, celui qui va détruire ma solitude (solitude à une personne, à deux ou à n personnes). A titre de contre-exemple, j ai observé que les méditerreanéens sont perçues comme trop bruyants, indiscrets, tapageurs, voire mal élevés. Mal élevés...Je me permets de croire que la chaleur des méditerranéens témoigne de plus de coeur et d' humanité. Certes, ils ont les défauts de leurs qualités (si toutefois on leur en reconnaît) mais le sentiment concret, vivant, expressif, on ne le voit pas ici. On me répondra que les gens ont du coeur; cf les dons, les restaus du coeur et autres oeuvres caritatives. On aime peut-être les gens mais comme abstraction (l humanité), à bonne distance, surtout à bonne distance.

Sartre: "l'enfer ce st les autres"...Tout un programme...

Mon père était étonné de ce fait; un de ses collègues venait de s'achter un pavillon en banlieue et pour ce collègue, le premier des avantages: il était loin de tout.

Je ne comprends pas, décidément...

A la radio, il était question d' un film japonais, cette fois, qui m' avait bouleversé en son temps: "la balade de Narayama" d'Ozu. Histoire de vieux parents rendant visite après longtemps a leurs enfants à Tokyo; on leur a vite comprendre qu ils étaient indésirables...Qu en est-il au Japon? Serait-ce pareil qu ici?

Chaque peuple a, dit-on, ses codes; je n' ai toujours pas "décodé" je veux dire en profondeur. Quelles sont les causes de cette mise à distance universelle? Ce formalisme  de tous et de chacun, que cache-t-il, que montre-t-il? que dit-il?

Je ne suis rien face à une société asociale et je n'y peux rien.

Il n y a pas trente-six solutions. La solution négative mais absolue: le suicide ou une solution plus "négociée" mais ardue: la réforme de soi (autrement dit l' adaptation) qui va avac l acceptation de la solitude chronique ...

Par honnêteté intellectuelle et morale, je compte reprendre ce thème récurrent en analysant cette fois ce qui se passe de mon côté pour être si affecté par la distance relationnelle, sociale, affective -que lors de mes nombreux voyages je n ai retrouvé nulle part- (je ne pense pas fantasmer: les étrangers de passage confirment) de ceux parmi lesquels je suis contraint de vivre...

 

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