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Choses vues entendues sues
11 novembre 2016

Trump, latinos et préjugés

Dans ses discours en dessous de la ceinture qui font honte de la part d un homme, d un responsable et du chef, à présent de l exécutif de la "première" puissance du monde qui plongent le monde dans l inconnu, il a été question de manière obsessionnelle des latinos. L'Amérique a peur, peur d'elle-même et de ce qu'elle devient; certes elle a changé et rapidement. Mais n'est-ce pas le cas des autres pays? C'est clair pour les pays d'Europe. La peur et la haine sont mauvaises conseillères. Le repli sur soi qu'on observe un peu partout traduit de vieilles craintes. Problème de l'altérité. Ce qui ne me ressemble pas m'inquiète, m"interpelle, me déstabilise. L autre m accule à l examen de mes choix, de mes options, voire du sens que je donne à ma vie...

Mais les sages nous enseignent que la différence, loin de m' altérer , élargit mon horizon, me contraint à la mise en question de moi-même...

Mais ne tombons pas pour autant dans l'angélisme; le racisme, pour faire bref, est universel. On est toujours l'étranger de quelqu'un et au sein des nations, l'étranger c est le compatriote d'une autre région, d'une autre ville. Sans doute, peur et haine (le couple infernal) sont-ils un legs très archaïque; on fuit l'inconnu, alors on n a pas chance de le rencontrer, d échanger avec lui pour le connaître et, du coup, les fantasmes de prospérer et les craintes de se développer sur le terreau de l'ignorance.
Kant a écrit un petit livre sur la psychologie des peuples assez amusant (rare chez ce penseur austère); lui aussi colporte des préjugés. Voltaire lui-même nous donne un échantillonnage édifiant de ses propres préjugés dans son "Dictionnaire philosophique".

Les latinos, donc, une des cibles préférées du nouveau locataire de la Maison Blanche (que de cibles au fait, entre les femmes, les clandestins, les Noirs, les homos, que sais-je encore?)
Au fait Trump tu viens d'où, toi? Et ta jeune femme sexy? 

Les latinos; je crois avoir pas mal parcouru cette planète et traversé bien des milieux et j en conclus que partout il y a des bons et des méchants. 


Il se trouve que j ai un jeune homme de ménage mexicain, un latino, un de ceux qui font peur à l Amérique profonde, (soi disant) représentée par le richissime homme d'affaires (quel type d affaires au fait?). Ce jeune homme est un perle rare. Compétent chez moi, il a du se battre pour venir étudier en France et sauter une année; il est en Master 2 d écologie et sélectionné parmi 205 candidats: il fait partie des quinze étudiants choisis. De plus des qualités humaines et une sensibilité hors du commun, avec un courage qui force le respect: étudier, trouver un job, de quoi se loger, dans une ville dure et froide. Il a longuement préparé son voyage en France car ce pays est un des meilleurs au monde dans ce domaine; le jeune homme a étudié conjointement Droit et Biologie; il compte travailler à lUNESCO. Un modèle d'homme mu par de vraies valeurs...

Il m a dit que le peso avait fortement dévissé face au dollar. Cela promet ...

C est un garçon attachant, qui parle avec son coeur; de lui-même, il s est proposé pour me tenir compagnie pour la fin de l'année.

J ai eu la chance de visiter le Mexique; avant de partir on m' avait averti. Attention à la violence; "ils ont tous des revolvers". Je n' ai rien vu de tel. Les sites archéologiques, témoins d une haute civilisation, sont impressionnants. Les gens sont vivants, chaleureux, fiers de leur passé. Superbe ville coloniale d Oaxaca...Ruines Aztèques dans une dense végétation...

Bien sûr le médias redonnent à satiété les images de Ciudad Juarez (à chacun sa part de frisson). Les criminels existent et la violence et la corruption. Mais qu'en est-il aux usa? en Europe?

L'Allemagne des penseurs et des poètes a donné Hitler. La criminalité d Etat, en cette époque, point si lointaine, a fait des dizaines de millions de morts avec l assentiment de la majorité du peuple. Les Juifs et les tziganes, "au nom de la race", promis à la destruction (oh! j oubliais: par mansuétude, le maître de l'Allemagne avait projeté la construction d un petit musée consacré à Linz en Autriche à un peuple enfin disparu, les Juifs)

J ai visité le Brésil et du côté de Manaos et lors d un petit circuit dans la forêt amazonienne j ai été impressionné par l intelligence pratique d' un jeune guide "indigène".

L'Amérique nous montre un visage hideux et grimaçant et l'avenir s assombrit encore.

Alors que j apprends le décès de ce grand poète chanteur canadien, Leonard Cohen, comment ne pas, avec lui, céder à la mélancolie.

Il est toujours triste de voir un pays qu' on aimait sombrer dans ce populisme qui, telle une immense tache brune, tend à recouvrir peu à peu la planète.

Quel paradoxe! A l heure des réseaux sociaux et de la communication instantanée, des menaces sur la biodiversité partout, les hommes régressent au temps du clan, de la tribu, de l'ethnie. L impuissance à réformer génère les boucs émissaires, commode issue à la déresponsabilisation. La coopération, impérative à l'heure des menaces sur l environnement fait place partout à la compétition cultivée dès l école. 

L'Histoire se répète, une fois encore l amnésie collective sort gagnante et la perspective glaçante du retour des années trente se précise.

 

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