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Choses vues entendues sues
21 octobre 2016

L espace

Soyons honnêtes ou essayons de l être. Je suis aujourd'hui un peu préoccupé et de ce fait je ne trouvais pas de sujet à aborder mais c est peut-être un peu infantile mais je me suis lancé un petit défi, celui de rédiger quelque chose chaque matin, ne serait-ce qu à titre de gymnastique mentale.

J ai parlé hier de mon rapport au temps et tout naturellement je voudrais aborder mon rapport à l espace. Il est du reste significatif que nous ne laissons pas seulement notre signature au bas des documents officiels (pour combien de temps encore justement?); nous la laissons avec notre manière d occuper l espace et selon moi cela va plus loin que la simple approche behavioriste, celle de nos comportements abordés de l extérieur; Midal parle de ce problème bien mieux que moi, avec tout son outillage conceptuel.

J ai d abord envie de dire  que le temps se conjugue constamment avec l espace pour le vivant (cf les remarquables travaux de ce penseur passionnant-passionné qu' est Francis Hallé).

J ai une manière de marcher, de m asseoir, de me lever, de tenir un marteau, une fourchette, de bouger comme disent bien les jeunes, etc.

L espace m est offert pour ainsi dire gratuitement. A moi de l occuper, de m y mouvoir, de l apppréhender, de m en emparer, de le fuir, de le conquérir, de m en abstraire, d ele reconsrtruire etc

J ai pris conscience assez tôt d' une forte contradiction dans mon rapport à l espace, rapport de mon corps-esprit à l espace.

En effet, d une part, j ai une légère agoraphobie; des crises de panique pourraient se déclencher si je me trouve dans un lieu trop vaste, mais pas n importe lequel, un lieu trop vaste dans l espace urbain et un lieu déserté...J insiste sur l aspect "urbain": curieusement j ai toujours vécu dans les villes mais il n empêche...

La ville désertée, je l éprouve comme le lieu possible de ma perte (faute d autre mot) de la perte du lien (au sens de ce lien originel, prototype de tous les liens à venir) donc d une mort possible, soudaine, sans recours ni secours. Me vient à l esprit la sourde anxiété qui s empare de moi à l idée de l espace occupé par des usines à l ancienne. Comme une dureté qui fait mal (mâle), étrangère au foyer, vaguement déprimogène.

Deus exemples: à Rome, je me promenais, un été, Via Cavour, au coeur de la nui, avec un ami: personne dans cette grande et noble artère. J' eus un début de panique au point que je priais cet ami de changer d intinéraire!

A New York, ailleurs, j' ai pu éprouver ce sentiment d urgence à fuir...

A contrario, les immensités occupées par la nature, je m y sens mieux. La nature renvoie à ma nature comme si le contact avec ma nature (cela évoque le" quel visage avais- tu avant de naitre?") était rétabli, un contact plus immédiat, plus fiable, plus vrai...

La contradiction est là: les grandes villes sont la manifestation la plus forte de la rupture avec la nature; désertes elles sont nues et se montrent dans leur essence d artefact (oubli de l être?) qui me rend comme étranger à ce que je suis (et à ce que j étais aux origines, celles de mon moi, celles de l espèce, d'après Jung inscrites au coeur de la psyché collective). La ville concrétise ("concrete" égale béton en anglais) la pure raison; c est comme si elle mutilait ma part affective, ma sensibilité.

L espace, on en a une conscience confuse à la naissance puis son image devient de plus en plus claire puis à mesure que nous en faisons l expérience AVEC les autres, il sera pour nous le lieu de notre liberté ou celui de notre aliénation ou les deux.

De toutes façons, le sage nous souffle de l apprivoiser, comme nous.

Nous sommes des êtres complexes et fragiles et "la vie mode d emploi" (Pérec) est à comprendre comme un long et difficile apprentissage, qu il  sagisse du temps et de l espace et de nos relations pas si évidentes avec ces deux coordonnées s imposant à nous. 

"Etre, c est être situé" (Merleau-Ponty)

 

 

 

 

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