Unhappy birthday

Hier premier cours de l année avec un de mes élèves de l an dernier qui m'a "réclamé" cette année; j'ai dit combien cette activité était importante pour moi comme dérivatif de cette tristesse insondable qui me noie; à quoi bon reprendre la litanie des causes d autant que la pensée causaliste me semble limitée, schématique et grossière; pour le coup c est l épistémologie bouddhiste qui me parait plus propre à dire la complexité du monde; il n y a pas des causes mais une infinité de causes donc aucune cause; de éléments du Réel se conditonnent mutuellement avec proaction, rétroaction, interaction; l être humain agit sous l emprise de son passé, du passé en général, du passé de ses parents et au delà; sous l emprise de son horizon temporel; on n est pas le même à 25 ans et à 70 ans...

Fait un petit tour de nuit à Paris; que cette ville dite "Lumière" m a paru triste, avec ses soldats, ses policiers, de petits groupes de touristes hantant les environs de l Hôtel de Ville...On circulait avec aisance c est dire (oui je me suis payé un taxi, une fois n est pas coutume); quel marasme en moi et hors de moi! 

Je me demande si a pu jouer préconsciemment le souvenir de l évènement inaugural de ce siècle des horreurs, savoir les attentats de New York; je ne suis pas un inconditionnel des américains (on ne fait pas dans la dentelle lors des guerres) et la géopolitique peut expliquer cette destruction.

Mais rien ne peut justifier cette monstruosité, elle-même pourvoyeuse de conflits à venir. Le 11 septembre m a marqué au point que cette date de l épouvante est un repère pour moi; mon père est décédé un an après la chute des Twin Towers. Et  la mort entraine la mort dans un cycle sans fin.

Tristesse donc entretenue comme un foyer qui ne manque pas de combustibles avec une riche actualité sinistre; il parait que des dizaines d attentats sont déjoués tous les jours ici. L absurde, la bêtise, la folie sont le seuls acteurs de l Histoire; j écoutais le psychanalyste tunisien Fathi Ben Slama; il a la même opinion au sujet de l Islamisme; C est sur fond de sécularisation croissante que s est développé le terrorisme contemporain; marque de l impuissance; faute de réformer, on détruit...

Il y aurait toute une réflexion à mener sur cette tragique impuissance des religions à se réformer; la pulsion mortifère ne mène à rien qu à se propager, à se répandre, à se démultiplier; l historien Peschanski a émis lui aussi l opinion selon laquelle le 11 septembre 2001 était le prodrome de notre désastre actuel.

Va-t-on, au delà des apparences, vers la fin des religions? Je ne sais pas trop; j observe que ce riche patrimoine culturel de l Humanité est perverti, dévoyé, caricaturé, instrumentalisé. Mon père justement disait que si la religion devenait pourvoyeuse de mort, autant qu elle disparaisse...Son père, homme de foi, ouvert au progrès était constamment plongé dans ses livres de prières...

Quant à moi, au petit moi, il est comme tout un chacun, il essaye de "se sauver". J aurais volontiers une position kantienne; il y a ce que la raison bien circonscrite peut appréhender et tout ce qui est au delà de ses capacités; l immense mystère du monde, de l infini, de la mort, de la vie, de Dieu...(Qu est-ce que Dieu?)

La Raison ne peut pas tout; alors ce sont les forces obscures qui sommeillent dans l homme qui se déchaînent, le faisant régresser et remonter sa longue évolution depuis les origines.

L Homme redevient l animal dénaturé de Vercors: 11 septembre 2001, répétition sans fin de la barbarie au cours de l Histoire, après la Seconde Guerre mondiale et après la Première...etc...

Qui sauvera le monde de sa fin?

Nous avons tous les moyens de le détruire et nous avec, mais ausssi les moyens de le pacifier et de nous pacifier, mais le voulons-nous vraiment?

La Terre continuera sa course dans les espaces infinis comme un vaisseau désert;  c est à présent plus qu'une hypothèse...

La mort est au jour d aujourd'hui plus attirante que la vie...