Les "vieux", la mort, la vie, la technologie

Visite rituelle du vendredi auprès de ma mère avec chevillée en moi cette appréhension: comment vais-je la retrouver? dans quel état? A l'entrée dans la salle, cel paraissait mal parti, ma mère esquissant son geste de rejet si pénible pour moi; et quelque chose s'est priduit: une soignate s'étant approché d'elle, ma mère d'esquisser un sourire et de plus ou moins communiquer avec mon frère et moi; du coup nous sommes restés à parler, observer, échanger avec de rares visiteurs (les personnes très âgées n'attirent pas les foules en cette période de jeunisme et du paraitre (cf l'hystérie cannoise)...
Nous avons parlé, mon frère et moi de tous ces pauvres zombies: comment peuvent-ils rester, immobiles (et immobilisés), mutiques, figés? Ques ressentent-ils? A quoi pensent-ils? etc

Du coup, nous-mêmes prenant de l'âge, moi avec beaucoup de douleur, mon frère avec "détachement", la discussion a roulé sur la vie, son sens et son sens à une époque de technologie proliférante qui nous transforme tous en "clients-esclaves" du marketing international et de l'argent-roi. Comment lutter? comment résister aux sirènes de la technologie? Mon frère m'a montré fièrement son dernier smartphone équipé de l'application Périqcope, permettant d'échanger sms, paroles et clips avec des gens du monde entier; toujours le même phénomène se produit; au début enthousiasme pour ces avancées extraordinaires puis saturation à la mesure des innovations prenant l'allure d'une déferlante.
On voit bien le formatage des esprits, l'aliénation, l'obéissance volontaire aux diktats des multinationales plus ce culte des apparences, des images, de la pseudo starification jouant sur un narcissisisme facile; bien etendu comme l'ombre accompagne la lumière, la dégradation continue du ien social, l'indifférence à l'autre, la solitude ravageuse. Comment les gens ne comprennent-ils pas encore que le prix à payer est lourd, incalculable: suicides, toxicomanies, inculture, désocialisation, asservissement à l'argent?

L'image endort, assomme, abrutit, leurre, enferme dans un narcissisme de mort, prépare des lendemains d'une violence extrême. L'Homme ancien se meurt et il prend le chemin de la robotisation; il se dévitalise, s'infantilise et se mutile.
La civilisation du mouchoir à jeter deveint celle de l'ami à jeter; l'homme peu à peu et sûrement perde le respect de lui-même; les zombies de la maison de retraite de ma mère: l'image de nous-mêmes déjà...