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Choses vues entendues sues
1 février 2021

Lundi pluvieux et triste et angoissé

Je ne sais pas si vous, rares visiteurs, êtes comme moi, au delà de la France, pays de puissance moyenne (ce n'est pas moi qui le dis mais un ancien Président de la République) mais il me tarde d'en finir avec la déferlante des informations anxiogènes.
Et ce, à tous les niveaux: international (c'est çà aussi la mondialisation, on est au courant de tout, y compris d'un putsch dans une île perdue du Pacifique sud), national (à chaque jour son lot: aujourd'hui hausse de l'électricité; déjà ma facture est salée), individuel: solitude qui est le lot commun de ce temps, plus pour moi l'attente inquiète des résultats médicaux.
Comme si je n'en avais pas assez de tous mes soucis. Juste maintenant ces problèmes. Ils ne pouvaient tomber plus mal. Du coup, hier je me suis blotti chez moi comme et contre moi pour éviter magiquement les atteintes mauvaises. De plus - c'est nouveau - j'avais du mal à lire et (enfin) ma télé en panne le même jour que ma visite chez le généraliste.
Je plains sincèrement les jeunes avec ce covid qui bloque toute perspective, casse tout projet, interdit tout déplacement, censure les contacts; les dégâts sont considérables. Les études ont montré depuis longtemps que le contact au sens propre et au sens figuré a une valeur psychobiologique fondatrice. Quand l'enfant vient au monde on le met entre les mains rassurantes de la mère et de plus en plus du père.
Mais covid ou pas, cette époque est marquée par la montée en puissance de l'individu seul et livré à lui-même, livré à ses seules forces ou plutôt à ses seules faiblesses. Libéralisme oblige. L'homme est un être social et sociable (eh oui même moi; seul compte le face à face du consommateur avec les firmes glacées déterritorialisées) qui a besoin de se relier (en jouant sur le verbe: relier c'est se lier et se relier comme on dit d'une reliure) et d'exprimer son amour et son affection; le capitalisme mondialisé détruit tout lien, avec l'autre et avec la planète. L'individu est vidé de sa substance, dépossédé de lui-même, réduit à une machine à consommer et à produire et à sourire au volant d'une voiture inutile, en attendant l'armée des robots qui va évacuer les derniers travailleurs.
Le langage lui-même perd son sens et les mots renvoient au vide; les mots ont été cannibalisés par la pub. "C'est Shell que j'aime". La pensée est celle du "on" (Heidegger)
La scène du monde se réduit à des potentats imbus d'eux-mêmes pour qui ne compte que leur personne qui sonne creux (personne égale sonner à travers; préfixe "per", à travers) et à des mannequins, nous, téléguidés par le marketing ou la comm politique.
Toutes les structures qui font sens et lien ont explosé: familles, partis, églises, syndicats.
Un vide sidéral nous entoure, nous enferme et nous traverse. 
La pensée n'est plus qu'un écho, celui des slogans et l'action n'est plus qu un lot d'addictions commandé par des firmes géantes dont le Profit est le seul mobile. Vous êtes un ensemble de codes, de numéros, de sigles. Rien, rien ni personne.
Il y a déjà un siècle, Ionesco et le théatre dit "de l'absurde" ont clamé (pour rien) la violence de cette époque. Les gens ne se parlent plus et communiquent avec des chaises; le prof tue son élève etc.
Mais alors c'était fiction, source de comique et quasi-réalité; nous y sommes, cher Ionesco!
Le Marché a tout cannibalisé: création (marché de l'Art), désacralisé (rien ne compte plus que l'Argent sans frontières et le calcul égoïste), néantisé la réalité. Et on "progresse", merci GAFA: bientôt ou déjà "la réalité augmentée" et Zoom et ses vignettes d'ombres.
Un souvenir me vient: une revue allemande en langue française, une image en traits gras, un paysage d'Apocalypse, des arbres snas feuilles, des pierres dans un champ vide, aucun oiseau. 1 million d'espèces soit disaprues soit en voie de l'être...
Après tout nous sommes les enfants d'Auschwitz et Hiroshima.
Cette image de ces petits enfants d'un camp de la mort me hante: ils découvrent leur avant-bras avec leur numéro tatoué. Et des religieuses les accompagnet, où, dans les chambres à gaz?
Oui le nazisme et son jumeau le communisme avaient déjà frayé le chemin...Tout se compte, tout s'évalue, tout se quantifie. Eichmann et tous ses comparses: no gulity, no coupables. Le fonctionnaire n'a de compte à rendre à personne et surtout pas à sa conscience; il n'en a plus. Il suffit de savoir aligner des chiffres.
Camus vivait à une époque où on savait encore se révolter; c'est fini tout çà.
L'aliénation capitaliste fait de nous des êtres(?) sans âme, interchangeables, sans projet, sans passé et sans futur...

Et 

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