La religion

Il ya longtemps que je voulais en parler. La religion mais c'est tellement difficile, complexe, conflictuel.
Enfin j'ose farnchir le pas au nom de la vérité que je dois à moi-même et au nom de celle que je dois à mes très rares et fidèles visiteurs; au fait que devient mon fidèle ami québecois qui ne vient plus depuis des mois?
Je pense à lui, à sa bonté et à son magnifique pays; nous habitions mes parents et moi rue Champlain ( Champlain, fondateur de Québec), notre ultime logement, très lumineux, spacieux, donnant sur la lagune de Tunis au loin et la splendide avenue Mohammed V avec cette mignonne petite église orthodoxe russe toute blanche, récemment inaugurée à l'époque....
Autre motif, ce blog est encore une voie de connaissance de soi au moment où passe vite ce temps si précieux à nous êtres humains qui vivons comme dit Pindare l'espace de l'ombre d 'un rêve...
La religion...
J'ai été élevé dans le judaïsme dans sa version dite "sépharade" c'est-à-dire d'origine hispanique: l'hébreu qui y est parlé dans les temples est influencé par les intonations arabes.
On sait que les Rois catholiques ont expulsé l'importante communauté juive d'Espagne en 1492, année cruciale dans l'histoire de l'Occident puisque la même année Christophe Colomb devait découvrir l'Amérique; d'aucuns assurent que Colomb serait d'origine juive ou marane (les maranes sont des juifs cachant leurs origines sous des apparences chrétiennes)
Je garde de ce judaïsme un souvenir, disons mitigé. Autant la fête de Souccoth ou "des cabanes" en souvenir du soutien divin lors de l'Exode avec un rappel de l'antique civilisation rurale, Pourim, fête des enfants, en souvenir de la délivrance du massacre planifié par Haman le brutal Perse (eh oui, déjà la menace, maintenant iranienne!), Hanoukka rappelant l'édification du second temple: très poétique cérémonie où ma grand-mère allumait chaque soir une bougie de la Menorah, le chandelier à sept branches (Exode chap.25); autant toutes ces célébrations devaient réjouir mon âme d'enfant, autant l'austère Kippour avec son jeûne de 25 heures était pénible, compliqué, contraignant; les gens pieux passant toute la journée à la synagogue, en prière.
Dieu alors effaçait l'ardoise des pêchés des hommes; avec mon père, revêtus du châle de prières ou taleth, j'attendais avec impatience que retentisse enfin le son du choffar ou corne de bêlier (une profonde mélancolie se dégageait de ce son aigrelet) annonçant la fin de ce jour et le  succulent repas que les femmes préparaient.
Mais pour moi encore, la religion c'était suite à la mort de ma tante les prières de fin du mois et celles de fin d'année réunissant les endeuillés.
Enfin je fis ma bar mitzvah qu'on appelait sur le modèle chrétien "communion" en Tunisie vers mes 13 ans, alors j'étais considéré comme appartenant à la communauté des adultes; hélas je tombai malade avant la fête ( à mon avis mon inconscient se rebiffait; ma timidité habituelle) et pour le coup la fête fut retardée et moins grandiose que prévu.
Mais j'allais oublier la terrible circoncision de mon frère; un matin le circonconciseur s'est présenté muni d'un haut fauteuil et procéda à cet acte cruel, disons-le. Insupportable, ces cris du bébé. La circoncision étant l'acte signant l'entrée dans la communauté juive du petit enfant. Chez les musulmans elle a lieu vers 6-7 ans.
Sinon, nous étions une famille déjà "assimilée" et pas de cacherout intégral avec ses règles alimentaires très strictes; on mangeait du porc sans problème, ce qui n'était pas le cas des juifs pieux.
A ce propos, il faut savoir que les orthodoxes sont tenus d'obéir à 613 commandements dont la plupart sont des interdits. Yahweh manifestant ainsi son amour pour un peuple souvent indocile, idolâtre, hédoniste.
On se souvient de l'adoration du veau d'or qui devait ulcérer Moïse, la plus grande figure du judaïsme élevé en Egypte avec le garnd ancêtre Abraham d'Ur en Chaldée, l'actuel Irak; le film impressionnant de Cecil B. De Mille (les 10 commandements) donne une version exacte des faits bibliques avec les grands moyens d'Hollywood.
Voilà pour le judaïsme de mon enfance avec le souvenir aussi d'un rabbin d'esprit étroit qui me donna des cours d'hébreu ancien pour me préparer à la "communion". Je devais apprendre par coeur des prières surtout.
Pas très excitant; heureusement je devais m'abonner à un magazine reçu de New York (le rêve) bourré d'informations sur le judaïsme.
Voilà pour le judaïsme donc; depuis des années je ne pratique plus même la plus grande des solennités: le Jour de Kippour ou Grand Pardon; j'essaye d'être moral au mieux de mes possibilités. Je ne suis qu'un être ordinaire et Dieu est grand!
Pour le décès d ema mère, inhumée dans le "carré juif" de Pantin parisien aux côtés de son mari (note ironique; couple tout sauf vraiment "heureux") j'ai fait appel à Delphine Horvilleur, rabbin(e) de la branche dite réformée mais cette femme est surbookée et je dus moi-même réciter le Kaddish en version française que je devais me procurer sur internet.
Moment très douloureux devant le cercueil de ma pauvre mère encore ouvert avec mon frère. Cette prière consiste en la sanctification du nom divin à partir des visions du Prophète Ezechiel; il semble qu'il y ait des points communs de cette courte prière avec le Notre Père chrétien.
Mais mon "judaîsme" actuel se limite à m'intéresser au sort du petit état d'Israël et à cultiver la mémoire de la barbarie nazie. Les livres sur Hitler et le nazisme font nombre. Je ne comprends toujours pas...
Autrement sur un plan plus général je me sens très concerné par la Religion et les religions en général (plusieurs ouvrages encyclopédiques sur les religions en témoignent). 
Mon appartenance à la maçonnerie et à sa spiritualié ouverte en témoignent aussi. Ma récente "conversion" au bouddhisme montre aussi, je le crois, mon attention au phénomène religieux. Mais Bouddha lui dans sa volonté de réalisme interogé par ses fidèles sur l'existence de Dieu ne répondait pas, ce qui est encore une réponse...
Je crois profondément que "l'Homme ne vit pas que de pain".
J'ai une fibre religieuse au sens général du terme. Il y a autre chose que notre monde matériel, autre chose que certains êtres perçoivent, mystiques de toute origine mais pas que...
Je ressens depuis toujours un attrait jamais démenti pour les religions d'ailleurs (encore que le concept de "religion" soit purement occidental.)
Je pense que dans toute croyance il y a des choses admirables qui nous parlent et nous élèvent: Psaumes de David, Bhagavad Ghita, Dhammapada, Upanishads, Grant Sahib, Coran.
Je crois aussi qu'il existe des phénomènes "surnaturels" et des entités que les yeux du coeur seuls peuvent voir (St Ex).
Je crois que l'athéisme pur et dur est une fermeture d'esprit sectaire in fine, dictée par la seule raison.
Or d'une part nous sommes aussi des êtres de sentiment et d'intuition, et d'autre part des phénomènes inexplicables se produisent ici ou là.
Au plan philosophique, je fais mienne la vision d'Emmanuel Kant. Pour le maître de Koenigsberg, la Raison est la faculté maîtresse de l'humain certes, mais il postule d'autres réalités inaccessibles à la simple raison: Dieu, l'Au delà, l'immortalité de l'âme.
Voilà où j'en suis de ma réflexion permanente sur ce profond mystère de notre existence et de ce monde et de nous dans ce monde.
La science ne peut en rendre compte et la philosophie inspirante mais souvent desséchante. 
Certains vivent leur vie sans y penser et pas moi , surtout pas moi, qui ai tant souffert et si jeune.

 Credo quia absurdum disait synthétiquement Tertullien
Je crois parce que c'est absurde...

Rien à ajouter.