Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Choses vues entendues sues
1 janvier 2020

Bonne année quand même!

Pourquoi nier? J'avoue que çà m'horrpile un peu ces souhaits souvent de convention, surtout en cette époque si fausse: la post-vérité, les fake news, la comm, sont bien des mots de ce temps.
Non, je ne dirai pas que c'était mieux avant; c'était différent; certains étaient heureux, d'autre pas et la grande roue de la chance tourne, tourne, une fois pour les uns, une fois pour les autres...
Mais je ne dirai rien du discours vide de l'exécutif, ce que j'avais prévu.


Pour ma part, petite diversion avec le mexicain, toujours fixé sur l'argent; il est bien de son temps mais il n'est pas "bête", ce jeune homme, c'est clair. Nous sommes allés au "Café du Commerce" où je l'ai invité; ce garçon expansif comme bon nombre de latinos était sous le choc de la mort toute récente de son oncle très fortuné, un vrai père pour lui.
Il aurait tant voulu assister aux obsèques de cet homme, mort subitement à 78 ans; 200 personnes assistaient à la cérémonie...Il m'a dit avoir abondamment pleurer, ce qui est une bonne chose (quand je pense que pour ma mère on comptait 15 personnes au maximum; et alors?).
Je pense lui avoir fait du bien et pour moi çà compte...On s'est retrouvés, moi hispanisant et ayant perdu la même année ma mère et lui déplorant cet oncle qui l'aimait, seul dans cette ville si froid, comme moi.

Chez moi, il m'a parlé de son pays, gangrené par les narcos; les frères de son oncle, resté "propre" sont des trafiquants; le pays a radicalement changé depuis les années 90. Le Mexique actuel n est pas l'aimable pays que j'ai connu; actuellement, la corruption règne à grande échelle et certaines zones sont "déconseillées" aux voyageurs.
La situation d'autres pays d'Amérique latine n est pas meilleure: Brésil, Venezuela, Colombie; pour la petite histoire il faut savoir que de nombreux juifs, citoyens de ces pays demandent la nationalité espagnole ou s'apprêtent à quitter ce splendide continent.

Soyons clairs: les trafiquants de drogue dure latinos approvisionnent le marché étatsunien, ce qui en dit long sur l'état moral de ce grand pays aussi. 

Les premières infos de Culture ne sont guère encourageantes...

Par auto-suggestion et suggestion (je ne voudrais pas être dupe): "Bonne année 2020!", même si pour la nième fois les choses ne changeront pas, parce que les hommes ne changent pas.

Pour ma part, j'ai intégré la solitude et le délaissement, enfin je crois...

Comme dit mon frère; à Paris (dans les grandes métropoles) c'est banal. C'est banal, pour toi, pas pour moi! Tu le dis et tu l'acceptes. Sans broncher. Pour moi ce ne sera jamis banal, jamais normal, je suis désolé.

Je vous fais une petite confidence: je passe tous le matins devant une chapelle intégrée à un vaste complexe de bâtiments de cure ou post-cure pour personnes en fauteuil roulant appartenant à un ordre religieux.

Je dois dire que çà me fait du bien de passer devant l'église, surtout quand elle est éclairée; çà m'aide même de loin.
La vie est si dure, si éprouvante, si cruelle même, que pour moi ces édifices religieux me parlent d'un autre monde, possible, ailleurs, loin, loin de ce monde dévasté...

Oui, çà me parle et dans mon enfance si lointaine rendue plus lointaine encore par la mort de ma mère, je passais avec une sorte d'appréhension devant la grande cathédrale de Tunis et devant la grande synagogue; une sorte de "terreur" questionnante me saisissait alors que je ne comprenais pas bien; il y avait donc autre chose, de mystérieux, d'étrange, de solennel, d'à part.
L'énigme de la religion me paraissait à la fois poser la question essentielle de ma présence sur cette terre que je n'avais pas chosie et y répondre. 
La Mort ennemie qui m'a tant fait souffrir avec la maladie avait à voir, me semblait-il, avec ces pratiques, ces "cérémonies secrètes", ces rituels, ces intedits.

Le jour de ma bar mitzva, je devais avec mon père répéter, avant la cérémonie, la lecture du texte sacré; j'étais fortement ému et fus étonné de ma propre émotion.
Je ne comprenais pas pourquoi moi-même; peut-être ressentais-je dans les profondeurs de mon être cet autre monde qui, comme dit Lacan, est celui du Réel, dans son sens à lui.
Le Réel, c'est le Tout-Autre, ce que l'humain pressent dehors ou dedans mais dont ni la langue ni la raison ne peuvent rendre compte.
Le Réel! quel paradoxe que ce mot si trompeur!
Le Réel: le Maître, très inspiré par la phénoménologie de Husserl et Heidegger signifiait-il par là l'énigme indéchiffrable à jamais de notre Etre qui nous traverse, un peu comme si nous découvrions tels des nouveau-nés la violence du monde qui sera le nôtre et que la vie durant on tenterait d'apprivoiser, de nommer, d'arraisonner...

Pascal, à sa manière, sublime, avait ressenti ce Réel et tenté de l'explorer avec toutes les facettes de son impressionnant génie: scientifique, mystique, littéraire, philosophique, gestionnaire, technique...
Pascal, un "grand souffrant" comme un des maîtres de la littérature italienne, Giacomo Léopardi, un autre "grand souffrant", et Franz Kafka, mort si jeune, juif tchèque, brisé par son père, crachant le sang, génie des lettres allemandes, prophète de l'Absurde qui nous étreint et nous étrangle en ce terrifiant 21ème siècle.

Ou la vie redeviendra une chose vivante, et non morte, ou bien ce monde deviendra une prison de désespérés et peut-être même un désert.

Giacomo Leopardi

"Fragment sur le suicide"

in "l'art d'être fragile" d'Alessandro d'Avenia, professeur de lettres, écrivain et scénariste.

Cet ouvrage est un succès planétaire où l'auteur analyse avec finesse le malaise adolescent qui est aussi le nôtre...en plus fort, en plus vrai, en plus éloquent...

 

 

 

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Choses vues entendues sues
Publicité
Archives
Derniers commentaires
Visiteurs
Depuis la création 20 256
Publicité