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Choses vues entendues sues
16 avril 2019

Notre-Dame de Paris et le malheur français

Comme tout un chacun, entre la digestion de mes ennuis de dimanche, ma petite remontée de moral suite à un cours pourtant intense à Vanves, j'apprends vite la nouvelle sur mon smartphone, nécessairement, inévitablement; nous sommes à une époque où il est impossible d'échapper au bombardement d images, si fort, si permanent, si dramatique que hélas il en résulte une neutralistion des images par les images et une banalisation, forcément, sans parler des mécanismes psychologiques de défense du Moi mis en branle, équivalent des anticorps de l organisme.

Mais ici on est dans une impression d "irréel", et l incrédulité l emporte alors. Non, non, ce n'est pas possible; le monument célèbre et familier depuis...toujours, comme une vieille et grande dame qui veille sur nous, les Parisiens,à l'égal de Ste Geneviève, notre sainte patronne (nous avons bien besoin de cette bienveillance dans un époque terrible...)

J ai suivi en état d hypnose les images de cet incendie monstrueux;, immaîtrisable; M.Trump merci pour votre sincère affliction mais réfléchissez un peu avnat de vous substituer aux spécialistes.

La rage, la peine, le sentiment  d'impuissance m ont habité tour à tour.

C était vrai, ce n était pas encore des images de synthèse dont cette époque est friande.

Je ne suis pas chrétien mais comme tous j ai été saisi par l'épouvante et la tristesse.

Mais je ne peux m empêcher d'inscrire ce désastre dans la longue série noire des incendies sans précédent sur tout le territoire: pauvres soldats du feu, soumis à rude épreuve. Pourquoi tant d incendies et maintenant? Mais ce pays n'est-il pas livré aux démons de son passé honni? La violence nes'incruste-t-elle pas partout?
On tue, on viole, on détruit, on agresse, on jette en pâture à la meute un adolescent insouciant, une femme, une élue, que sais-je; il n y a plus de limites. Le pays semble un avion sans pilote ou un bateau ivre...
En France, le pays de Voltaire, des droits de l Homme, de la Révolution qui n a pas que  détruit; je rappelle que certes parmi les scènes de destruction on a pris des mesures décisives en faveur de deux religions minoritaires, le Protestantisme (dois-je rappeler la fuite de 200.000 huguenots suite à la révocation de l édit de Nantes par Louis 14 impulsant les terribles dragonnades?) et le Judaïsme; c'est un humaniste de grand talent, élève des Jésuites,l Abbé Grégoire qui a largement inspiré le décret du 27 septembre 1791 en faveur des Juifs ( à ce sujet excellent article de Wikipédia sur cet homme des Lumières exemplaire). 

En France dont l état moral m'inquiète fortement; la parole de la haine, de la bêtise, de l ignorance se déchaîne sur les réseaux dits "sociaux". Et la parole précède souvent l acte.
Je me ramasse et je puise.

Je ne reconnais plus ce pays. Franchement à mon âge j ai de plus en plus envie de le fuir; après tout j ai été contraint mon pays natal, le plus dur à vivre; pourquoi pas la France de la haine?

Retour à N.-D.: je dois à la vérité de dire que je fus davantage ébranlé et durablement par la barbarie à l oeuvre lors de la destruction des tours-jumelles du WTC à N Y pour des raisons biographique: avec un ami je me suis hissé jusqu au dernier étage d une des deux tours, moi qui crains le vertige; au large de N Y la masse des buildings de Manhattan dans le bateau-navette de Staten Island, j eus conscience de la "monstruosité" des tours. 

N.-D. de Paris en feu , bien sûr c est un symbole d une exceptionnelle densité sémantique; pour les chrétiens on remarquera la coïncidence avec les fêtes de Pâques, pour les Parisiens c est un haut lieu chargé d histoire, pour les touristes c est "le" monument; signal de la ville qui ne sombre jamais. 

Pour moi et d'autres N.-D., c est aussi  Victor Hugo, le géant des Lettres françaises, le premier écrivain qui m'a ému aux larmes avec ses "Misérables" et qui évoque ma mère ("Demain dès l'aube"...) et le suprebe ouvrage consacré à l édifice de légende où les alchimistes lisent dans la pierre une leçon exceptionnelle.

Victor Hugo, romancier, dramaturge, dessinateur, militant, reporter, poète,Victor Hugo au coeur innombrable..."Une force qui va" disait-il de lui. A juste titre!
J ai été bouleversé davantage par l Arc de Triomphe souillé; j ai ressenti de la souffrance devant un sacrilège; non, on ne peut s attaquer à ce symbole des victoires de Napoléon, à ce lieu unique dans la topographie parisienne, qui abrite la flamme du souvenir, et qui pour moi évoque les funérailles du grand homme; tout Paris s était rassemblé pour suivre le convoi funèbre de l immortel; un voile immense tout noir recouvrait l édifice de la mémoire nationale; le catafalque de l auteur de la "légende des siècles" fut exposé sous l'arche.

Victor Hugo à nouveau associé à cet incendie.

Que de symboles d'autant plus douloureux pour nous tous qu ils surviennent dans un moment de crise exceptionnelle.
Je note la coïncidence du moment de l événement avec le discours qui devait être insignifiant je le présume de celui qui s est prétendu Maître des horloges: le temps est le vainqueur de tous et Jupiter; le nôtre est de carton.

Ce "hasard" (qui m interroge) aurait été pour C.-G. Jung, le disciple hétérodoxe de Freud, fils de pasteur inspiré, un objet de méditation et d'inspiration.

Je fais le pari que pour le Sage de Bollingen l incendie de la cathédrale est un signe lourd de sens, un fait illustrant la synchronicité, concept qu il a forgé: une coïncidence où la psyché collective d un peuple trouve son expression dans le monde phénoménal.

On permettra que je traduise; la France a mal à son âme et je ne redirai pas les statistiques de l 'horreur.

La cathédrale brûle le 15 avril 2019 alors que Paris n a pas brûlé et bien heureusement durant l Occupation comme il était envisagé par l Occupant nazi.

Le nabot a été empêché de parler dans le vide.

Les mânes de Victor Hugo se sont-elles exprimées en ses lieux et place?

Le drame de Paris suivant d autres drames nous met face à ce que le philosophe Rudolf Otto appelle le "numineux", ce sentiment qui vous ébranle jusqu aux tréfonds de l être, proche de celui du sacré.

Dans un époque d incroyance générale "çà" parle cet incendie, et Hugo notre Maître à tous nous parle, Hugo qui faisait aussi tourner les tables.

Apocalypse de Jean, vous dis-je!

 

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