Le grand Charles

Je suis allé chez le généraliste hier non sans appréhension; quand il s'agit de santé il y a un moment où on ne peur ni ne doit reculer (que n'ai-je le courage de ma mère?). Le praticien toujours de bonne humeur ( c'est presque vital dans ce métier) évait pris d el embonpoint; étonnant pour un spécialiste de la nutrition mais "cordonnier est le plus mal chaussé"). Il va falloir que je fasse une échographie; le médecin ne semblait pas inquiet.
Mais pour moi la grande et bien triste nouvelle était celle de la mort du "grand Charles" (il y avait pour moi deux grand Charles: De Gaulle et Aznavour).
Un artiste exceptionnel nous a quittés, petit par la taille mais grand par l immense poésie de ses oeuvres innombrables.

On l'a appelé le Sinatra français (curieux sa gestuelle qui évoque fortement son confrère américain!). Aznavour l humaniste, l homme de conviction; Enrico Macias disait sur un plateau qu il remplissait de sa "présence" les plateaux les plus vastes. Avec ses centaines de chansons qui ont scandé ma vie, comment ne pas évoquer à travers sa personnalité et son oeuvre engagée le peuple arménien si proche du Juif par le calvaire qu il a subi; un juriste juif a forgé la notion de "génocide" pour nommer "l'innommable".

Arménie: que de souvenirs s éveillent en moi au prononcé de ton nom. Première nation christianisée au monde et Pays déchiré, entre deux ogres, le russe et le turc.

Mon circuit dans le Caucase avait fait étape à Erevan, l antique Ani. Magnifique cité, aux nombreux édifices modernes de pierre du pays et en provine lacs et petites églises à l élégance sobre " à la romane"; surtout je n oublie pas le formidable concert "officiel" aux cent participants, musiciens et chanteurs. Et cette voix de bronze du soliste qui résonne encore en moi; un mini-séisme accompagna cette prestation.

Mais le point culminant du bref séjour: la visite du monument aux martyrs du génocide: un million et demi de morts. L architecte de génie avait pris soin d édifier son mémorial circulaire au somment d'une éminence comme pour nous faire ressentir la souffrance indicible de ce peuple;  le public devait comprendre (un peu) avec son corps...Tout en haut une musique d un compositeur, Katchatourian, je crois...

Et là-bas, au loin le sommet enneigé du Mont Ararat, le symbole de l Arménie, sa terre promise, mais en territoire turc. Mont Ararat où l arche de Noë se serait échouée.

Un poète ne meurt jamais...