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Choses vues entendues sues
21 septembre 2018

Identité...identité...

Un des effets majeurs de la mondialisation que nous subissons est sans conteste le nouveau problème de l'identité aux multiples visages; c est le cas de le dire.

Cependant, je pense que ce problème qui se pose de manière très aiguë de nos jours n'est pas nouveau en tous cas, radicalement nouveau. Pensons à la Grèce antique: Athènes en lutte avec Sparte, les Hellènes considérant avec orgueil les étrangers comme des barbares (ceux qui bredouillent).

De manière plus fondamentale, au plan des familles, il y a "nous" et il y a "eux"; très tôt se constitue ce sentiment d'appartenance; je mentionne souvent la Bible avec ces longues généalogies; chacun est fils de...s inscrit dans telle lignée remontant à une ancêtre commun. Mais je me pose la question: pourquoi ce besoin dans la Bible de mentionner la chaîne des générations?

De nos jours avec l'afflux de nouveaux visages en peu d'années en France et ailleurs le paysage humain s est radicalement transformé. Comment vivez-vous cela? On sait que le milieu impacte notre psyché, sauf à vivre dans une bulle, sauf à se sentir d'abord homme à la manière de Térence "rien d humain n est étranger de moi"

Un "sage" tel Montaigne, lui-même d'ascendance juive-portugaise, considérait l Autre avec une curiosité universaliste; cf ses pages fameuses sur le cannibalisme.

Ce qui me donne l occasion de traiter ce difficile sujet?

La récente polémique soulevée par Eric Zemmour sur un plateau de télé à propos d une participante à une émission, une jeune noire au prénom étranger, sénégalais. De manière pas particulièrement aimable il reproche à cette présentatrice de porter un prénom étranger en France; selon lui elle aurait pu et du s'appeler autrement, Corinne par exemple (?).

Je pense qu il faut se mettre un peu à la place de cette jeune femme. Le nom, le prénom sont des éléments constitutifs, tôt assimilés de notre être, même, notons-le au passage si se développe notons-le au passage la mode des pseudos sur les réseaux sociaux...

Maïs les choses vont beaucoup plus loin. Zemmour a des positions clairement conservatrices; après tout c est son droit le plus strict et d'autre part les personnes d origine  (1re ou seconde ou troisième génération) ont du mal, même parfaitement "intégrées" avec cette fameuse identité. Moi-même en sais quelque chose, qui suis natif de Tunis. Je ne me suis jamais senti chez moi ici. Et je ne pense pas être un cas isolé. Mais l Histoire en a décidé autrement...

Je donnerai un second exemple; le jeune mexicain tri-diplômé que j ai employé pour m aider dans les tâches ménagères est revenu de son pays où il a occupé un emploi dans la société Véolia (très bien payé 800 € ce qui correspond ici à 3000 €!) aime beaucoup la France où il espère rester...Discutant avec lui, je lui fais observer que son français pour un homme si doué était assez médiocre sans compter un accent encore perceptible, je l ai dit sans aucune malveillance car ce garçon est gentil même si sa notion du temps n est pas la mienne; il me réplique en gros: c est mon identité.

Et voilà le problème!

La multiplication des échanges, la facilité des voyages, plus la crise économique metttent au premier plan la question.

A mon avis, pour être soi-même il faut se sentir vraiment chez soi et pour se sentir chez soi...il convient de se sentir accepté et non toléré (la visibilité des noirs ne facilite pas les choses, on le voit encore après des siècles aux Etats-Unis). 

La France va mal parce qu elle ne se reconnaît plus.Je prendrai pour me faire comprendre la métaphore du miroir; imaginez un instant que dans la glace vous découvrez un jour un autre visage que la vôtre. Je crois que c est un bon test.

Que faire?

La réponse n est guère aisée...

Je pense que l identité va avec le sentiment du Moi dont Lacan a montré qu il se construisait au moment du stade dit justement du miroir dans les premiers mois de la vie: l enfant reconnaît son reflet dans le miroir: je est moi, pas ma mère.

Or ce sentiment du Moi difficile à acquérir, laborieux, semé d embûches, va déterminer le destin psychologique du futur adulte avec les remaniements de l adolescence. Soit ce sentiment est solide et l acceptation de l Autre plus facile ou l ouverture (je ne risque rien à ce contact) soit ce sentiment est peu assuré et présente des failles et les choses deviennent plus compliquées. D une part je suis mal dans ma peau (est-elle mienne, cette peau) et l Autre vient me rappeler par sa présence cette propriété incertaine ( l Autre me renvoie mon altérité à moi, mon étrangeté). Soit ce sentiment est plus clair et le Moi plus souple et fluide, soit encore pour de raisons philosophiques je me sens proche de l autre (amis tout le monde n est pas philosophe!) soit encore je surcompense un puissant malise originaire en affirmant "virilement" mon identité. Et c est  alors l adoption de positions radicales faussement sécurisantes car superficielles.

Cela étant j ai bien conscience d effleurer un problème très complexe et de le réduire à la seule dimension psychologique... mais je fais avec ce que j ai.

Pour autant et pour le moment je conclus:  j'aurais tendance à penser que ce monde bouleversé secoue les identités ne serait-ce que par le changement permanent qu il induit.

Etre soi c est se sentir chez soi et se sentir chez soi c est habiter son lieu de vie (habiter est le fréquentatif d'avoir habere en latin).

Ainsi je renverrais dos à dos et Eric Zemmour et la jeune noire qu il a blessée...

On n'est pas sorti de l'auberge c est le cas de le dire, auberge espagnole tant qu à faire!

 

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