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Choses vues entendues sues
23 juin 2018

Humanité, humanisme et transhumanisme

Je me suis rendu hier à un colloque ouvert au public organisé par le Grand Orient de France. Le thème en était le transhumanisme.

Je n étais pas très en forme; je venais d être atteint de plein fouet par une "mauvaise nouvelle": le jeune étudiant qui m aidait pour le ménage m annonce à deux heures du matin par sms que dorénavant je ne devais plus compter sur lui; il avait trouvé un job dans un restaurant; ce même étudiant m avait promis pourtant de m aider à monter une petite bibliothèque dont j ai un vif besoin.

Une fois encore: imprévisibilité du temps, des êtres et des choses. Rien ne laissait prévoir cette volte-face. Chacun pour soi encore et toujours (certes j en ai discuté avec mon frère lors de notre visite à notre mère dans son "habitation" collective qui  n'incite pas à l optimisme). Mon frère à juste titre a pointé le conflit de générations, au delà de la qualité faciale des rapports intergénérationnels. Plus que jamais ne serait-ce que de manière subliminale, ces jeunes du 21me siècle nous perçoivent, nous les anciens comme des privilégiés et bien entendu ne "voient" pas toute la part sombre qui nous échoit.
Je le sais bien; on ne peut pas attendre de personnes qui ont "l'avenir devant eux" de compatir à ceux dont ils attendent la fin inconsciemment (Shakespeare a de très belles pages à ce sujet; les jeunes attendent notre mort pour occuper enfin notre place d autant que notre temps est  plus injuste pour cette classe d âge: cf le taux de chômage des jeunes ici et ailleurs).

Revenons au colloque. De nouveau j ai du affronter une mauvaise sonorisation (je n'ai pu saisir que des bribes de certains conférenciers; un seul savait parler devant un micro). J avoue ne pas comprendre comment cette époque de haute technologie ne sait toujours pas faire avec ce problème. De mon temps, soit le conférencier parlait devant un micro et c était audible soit il parlait sans et la voix portait.

Le transhumanisme donc: j ai compris que ce courant venu des usa défendait une vision de l homme modifié, amélioré, promis à une très longue vie voire pour les plus optimistes ou les plus fous à l immortalité (rien que çà). Ce courant né dans la Slicon Valley bénéficie de puissants soutiens financiers, se reconnait comme matérialiste, athée, ultra-libéral et curieusement proche de certaines hérésies chrétiennes (Marcion dans l Antiquité) où le corps est perçu comme mauvais.

Toutefois Platon qui méprisait le corps admettait par sa dialectique ascendante qu il fallait en passer par le sensible pour atteindre le pur royaume des Idées.

Cette "idéologie" fait frémir avec cette vision de l homme (est-ce encore l homme?) connecté, reconfoguré par les nano et bio technologies.

Au delà des aspects politiques et économiques (on perçoit mieux d où viennent les théoriciens de ce mouvement) il est clair qu il incarne profondément une époque anti-humaniste dans la mesure où contrairement aux valeurs de l héritage grec de l Occident c est une néocréature-artefact qui nous est promise. Sans compter que "l hypercorps" enfanté par une technologie emballée sera d abord à la portée des plus riches dans les pays les plus riches (dimension ultra-libérale maintenant universelle)

L illimitation de notre condition de mortels d où toute éthique de la mesure est écartée nous est présentée comme un objectif urgent et désirable.

Il n y aura plus de limite que celle que la technologie à son stade d évolution aura atteint. Course sans fin au double sens du mot...

Les apprentis-sorciers jouent avec le feu non comme les forgerons des sociétés traditionnelles qui étaient les artistes d un feu créateur mais comme des enfants jouant sans conscience du danger avec une boite d allumettes.

La perte de repères se conjugue avec la perte du sens de notre finitude.

On veut toujours plus, toujours mieux, toujours plus vite, toujours plus performant dans l oubli de ce qui constitue notre humanité savoir notre faiblesse et notre fragilité, le coeur de notre condition. 

Nous ne sommes pas des robots à réparer et à améliorer mais des êtres vivants dont la fragilité face à l univers est garante et de l éthique qui nous transcende et de cette humilité constitutive de notre dignité et de notre ouverture à l autre notre prochain...

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