L essentielle imprévisibilité de la vie

A mesure que passe, inexorable le temps, je me rends compte, surtout en cette époque sombre, que l imprévisible domine dans nos vies, dans la mienne en particulier; il reste difficile de faire la part des choses. D'autant que selon les jours, les mois, les années la part respective du prévisible et de l imprévisible varie.

Qu on en juge hier fut la dernière séance du séminaire extraordinaire sur les stances de Vasubandhu par Alexis Lavis. Cet homme jeune surdiplômé jonglant avec les langues et les textes, virtuose dans l exégèse de textes sans lui obscurs par leur côté elliptique, me fait l effet d un météore de la pensée. Comment peut-on être aussi doué? Mystère des inégalités humaines; tragique aussi et je suis bien placé pour le savoir avec mes élèves, entre celui qui ne comprend pas mes questions (rare!) et celle qui a une mémoire photographique comme Tesla, le génie polyvalent que l on redécouvre. Je n ai pas cette chance; après tout le cerveau est, aussi, un organe comme un autre avec sa circuiterie hypercomplexe, la vitesse des opérations qui  s'y déroulent, etc Mais je pense que d autres facteurs entrent en jeu: la volonté, la vitalité, la motivation, le soutien intelligent de l entourage, l exemplarité des proches etc. De plus ne pas oublier le rôle souvent décisif de l' affectivité. IL importe de se sentir aimé ou admiré ou mis en confiance par ses parents. Equation complexe!

La séance d hier relève du prévisible; en revanche le "retour" du mexicain fut une surprise; sur sa demande pressante je l ai reçu ne voulant pas cultiver la rancune. En pleurs il m annonça que son meilleur ami était hospitalisé en Finlande où il est astrophysicien suite à un HIV positif; de plus Allam m annonça que pour gagner de l argent il a loué son corps (!): cette pratique désolante que j ai souvent évoqué témoigne de la misère étudiante, de la crise économique persistante, de la dislocation des familles et de la banalisation du sexe.

Curieusement je en fus pas plus touché que çà; je pense que les stress que m a fait subir ce jeune homme dont on sent le fort égocentrisme masqué sous des dehors affectifs y est pour quelque chose. Pas un mot d excuse, pas un mot sur la manière dont je parais à son absence. L époque est décidément dure (au Mexique paraît-il on séquestre les gens dans la ba,lieue de Mexico d où il est originaire.

Mais bon prince je l ai écouté, lui ai donné des conseils et invité dans un lieu à la mode, un glacier aussi cher que médiocre.

Mais soyons lucides; j y ai trouvé mon compte aussi. Je me sens toujours aussi seul et oublié de tous.

La vie est dure et continuera à l être ici je le présume. Comme beaucoup de gens ici je ne donne pas cher de la nouvelle présidence et m attends après une "période de grâce" de six mois environ à une aggravation de la situation dans ce pays et dans la mienne en particulier, les retraité semblant visés au premier chef (pourquoi? J ai travaillé sans discontinuer depuis l âge de 23 ans et continue après l'âge de la retraite et je vie très sobrement déjà)

Ma "prophétie" s avèrera-t-elle une prévision? Ou des évènements imprévus (et graves puisque c est le climat de cette terrible époque ) viendront-ils bousculer mes anticipations?