Un trou

Oui un trou...Je ne sais quoi dire ce matin; un peu le fameux vertige de la page blanche des écrivains. Parfois du reste, ce vertige de la page blanche pourrait durer une vie; je pense aux écrivains rentrés...Comment faire? Eh bien, ne pas faire; mais voilà je me suis donné un petit challenge: rédiger tous les jours ce blog. On a les défis qu'on peut, n'est-ce pas? 
Du coup, m'interrogerai-je sur ce qui bloque dans ce blog? Pourquoi ce vide? Je ne vois pas dé réticence ni de résistance au sens des analystes mais rien, rien à dire. Est-ce si sûr? Selon la pensée indienne, l'esprit est tel un singe sautillant de branche en branche, inlassablement. Mon esprit si je l'interroge est soucieux et dans le ressassement de la perte encore et toujours...

Je lisais avant de me lever le livre que mon amie m'a offert, de Boris Cyrulnik, l'invnteur de la notion de "résilience" qui, paraît-il, n'est pas de lui. J ai déjà dit ici  ce que je pensais de ce concept qui n'explique rien, à la manière des scolastiques; l'opium fait dormir à cause de sa vertu dormitive. les gens supportent les épreuves de la vie parce qu ils sont en capacité de le faire....Bravo! Il y a une marge entre un concept descriptif et un concept explicatif ( tel en philosophie de l'histoire "la lutte des classes" ou en phénoménologie la "sérialité" à la limte de l'explication et de la description: par exemple les gens dans une file d'attente: sérialité, pas de contacts donc indifférence etc).

Je tiens mon sujet. Cyrulnik dont je respecte et admire l'aventure personnelle, maintes fois contée, rescapé des camps de la mort, adolescent seul à Paris devant trouver la ressource en lui de faire face à l'adeversité extrême. A cette aune, je ne vaux pas grand chose car je me noie dans un verre de porto.

Cependant  j essaye de comprendre pourquoi cet auteur ne m'inspire pas: déjà au plan physique à mon avis ça joue aussi dans nos antipathies et sympathies même en relation avec le monde intelllectuel. Cet auteur prolifique mais peu inspirant (pour moi!) a un côté scientifique de laboratoire, froid malgré son sourire, passablement sévère (on a déjà vu chez moi ce critère d'évaluation axé sur la polarité "chaud" et "froid"). Il se trouve que nombre de ses oeuvres se plaisent à comparer les comportements humains à ceux des animaux. Pourquoi pas, mais j avoue que ce réductionnisme systématique n'a pas mes faveurs. Entre la subtilité d'un Sibony et la lourdeur scientiste et in fin peu inspirante de Cyrulnik, je n'ai pas d hésitation. Malgré son hermétisme, Sibony vous ouvre l'esprit, éveille votre esprit critique, stimule, libère des préjugés. Ce jongleur de la pensée, analyste, mathématicien et talmudiste, jongle avec les signifiants, rapproche les éléments du réel, dégage du sens qui nous fait dire: c'est bien çà en effet. Je n ai pas le temps d'aller plus loin mais Sibony avec ce don de l intelligence regarde les choses avec cette agilité et cette nouveauté constante qui découvre des liens là où on ne voyait rien. Une définition de l'intelligence pourrait être: nous débarrasser de nos points aveugles. On en a tous, Sibony compris. Comme on dit souvent, on se sent plus intelligent en écoutant de tels êtres. Ce sont de perpétuels découvreurs, non des gestionnaires du savoir. 

Pour comprendre l'effet Sibony, je prendrai un exemple trivial; il m'arrive de faire soudain attention à un détail d'architecture de mon quartier jusque là invisible. Du coup j en éprouve une impression de plaisir. Je suis reporté au moment inaugural de l'enfance exploratrice, l âge où les élements du réel se bousculent dans notre psyché et c est un euréka continu que l enfant devrait proclamer. Sibony est comme les enfants que nous avons tous été: des découvreurs encore indemnes des clichés et des redites...Avec de surcroît, l outillage conceptuel et linguistique de l'adulte...